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Les pourquoi?
Il y a plusieurs types du garçon de quinze ans. En voici un qui est assez répandu. Il a perdu ses grâces enfantines et le surnom de «chérubin» ne lui va plus du tout, eût-il même la tête bouclée. Ses traits ont grossi; sa voix est devenue rude; ses mouvements sont gauches. Il renverse en passant les chaises ou les tables, parce que ses membres n'ont pas acquis leurs proportions définitives et que ses articulations ont besoin de jouer sans cesse. Il s'assied sur un tabouret si lourdement qu'il le démolit. A peine le parquet est-il ciré qu'il y répand de l'eau, voire de l'encre. En mettant ses gants, il tire si fort qu'il les déchire, et il lui arrive plus d'une fois de se lever si brusquement que l'angle de son siège va enfoncer une vitre qui ne semblait menacée par aucun voisinage compromettant. Il est plein du désir de vous rendre service, mais il s'y prend à rebours et complique votre besogne. Le cher maladroit! Ne jetons pas les hauts cris, mais sachons plutôt lui tenir compte de sa bonne volonté nuisible. Pauvre représentant de l'âge ingrat! Il serait déplaisant si notre fils pouvait nous déplaire et si son beau regard d'adolescent et la rougeur qui colore facilement ses joues ne lui créait un charme virginal. Sur son front candide rien de mauvais n'est encore inscrit, et il y a place pour beaucoup de belles et grandes choses.
A quinze ans on est gauche; on peut en outre avoir de légers travers. Non seulement on veut être laissé libre, on prétend encore exiger que tout le monde soit de votre avis. C'est l'âge où l'on regarde volontiers ses sœurs de haut, imbu de l'écrasante supériorité du sexe fort sur le sexe faible; peu s'en faut que cette condescendance professée pour ses sœurs on ne l'étende jusqu'à sa mère. On s'imagine enseigner à ses parents des choses qu'ils sont loin d'ignorer; à tout propos on prétend en remonter à l'un ou à l'autre, et quand on demande des conseils, c'est pour obtenir des éloges plutôt que des directions. La mère a eu des frères, probablement eux aussi ont traversé cette phase; ils ne s'y sont pas arrêtés longtemps; pour le grand garçon comme pour eux cela passera. Réprimant avec douceur un sourire prêt à lui échapper, elle écoute sans discuter des démonstrations qui ne sont pas toutes probantes et considère sans émettre son appréciation, l'étalage d'un savoir qui n'a rien de miraculeux. Les années effaceront ces petits ridicules; n'y attachons pas trop d'importance; le coeur de l'enfant bien-aimé n'a pas changé pour cela, la mère sent qu'elle n'est pas dépossédée
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La mère de famille doit à son fils une sympathie non interrompue et qui s'applique à toute les circonstances, grandes ou petites de sa vie. Elle ne doit pas ignorer les dangers que court l'innocence et réagir sans cesse, par sa manière d'être plutôt que par ses paroles, contre les miasmes pestilentiels du dehors
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Ce qu'on peut sans hésiter conseiller aux mères qui veulent à tout prix conserver à leurs fils la pureté morale, celle du coeur - aussi bien que celle de la vie, c'est de ne jamais repousser de leur part aucune confidence, de quelque nature qu'elle soit; de ne point paraître effarouchées lorsqu'ils s'expriment avec une honnêteté un peu crue; de ne jamais répondre à une question légèrement saugrenue ou même un peu indiscrète, mais naïve au fond, par une fin de non-recevoir. Gardons-nous bien de dire à un enfant questionneur: «Demande-t-on des choses pareilles?N'es-tu pas honteux! Ne me parle jamais de cela.» Mais sans doute, Madame ces choses-là, on désire s'en enquérir loyalement; il n'y a donc nulle honte à interroger sa mère, et, entre tous ceux avec qui on a à faire, c'est précisément à elle qu'il faut s'adresser. La mère est peut-être la seule personne qui sache répondre d'une manière assez complète pour que le jeune garçon soit satistfait, et assez discrète en même temps pour ne pas donner l'éveil à une curiosité malsaine.
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