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(Sans titre)
Comment faire pour cultiver chez nos enfants cette fleur rare et précieuse de l'humilité? Beaucoup de parents, sans en avoir conscience, agissent comme s'ils cherchaient à la détruire. Ils admirent naïvement leurs enfants, cherchent à les faire valoir, citent leurs bons mots devant eux, comme cette maman de ma connaissance qui racontait complaisamment des traits d'esprit de sa fillette. Celle-ci écoutait de toutes ses oreilles. A un moment même, trouvant la mémoire de sa mère en défaut, elle la tira par la manche et lui dit tout bas: «j'ai encore dit ça!» Et la mère s'empressa docilement de réparer son omission. Plus tard ce sont les succès scolaires auxquels on attachera une importance exagérée, jugeant le travail de l'enfant non d'après l'effort accompli mais d'après les notes où le rang qu'il a obtenus. Comment s'étonner après cela si les élèves se préoccupent avant tout d'avoir de bons chiffres?
A l'autre extrême, un trop grand nombre de parents s'imaginent rendre service à leurs enfants en les rabaissant à leurs propres yeux. C'est une grave erreur. Humilier quelqu'un, ce n'est pas le rendre humble, bien au contraire. Il n'y a pas de plus sûr moyen d'exaspérer l'amour-propre d'un enfant que de lui adresser, devant témoin surtout, des observations mortifiantes. Il faut éviter aussi de lui donner en exemple tel camarade mieux doué ou plus vertueux que lui. Le résultat le plus clair serait de le lui faire prendre en grippe.
Le meilleur moyen de développer l'humilité chez nos enfants c'est de leur en donner l'exemple. Il y a des enfants qui ont une grande difficulté à reconnaître leurs torts. Ils se couperaient la langue plutôt que de demander pardon. Vouloir l'exiger d'eux serait peine perdue. Mais le jour où, nous étant rendus coupables vis-à-vis d'eux d'une faute quelconque, nous la reconnaîtrons loyalement et humblement, il y a bien des chances pour qu'ils rentrent en eux-mêmes et fassent des réflexions salutaires.
Un des sentiments les plus propres à engendrer l'humilité, c'est l'admiration. Donnons à nos enfants, le plus souvent possible, l'occasion d'admirer. Mettons-les en présence de nobles exemples, propres à stimuler en eux les ambitions saintes. Lisons avec eux de belles biographies, celles d'un Livingstone, d'un Abraham Lincoln, d'un Pascal, d'une Mme de Pressensé, d'une Florence Nightingale, d'un Pasteur, de ces grands géants de l'ordre moral auprès de qui nous nous sentons si petits et qui, tous, à des degrés divers, ont été des humbles. Surtout, mettons-nous avec eux à l'école du Maître doux et humble de cÅ“ur, de Celui qui s'est fait pauvre pour nous, afin que, par sa pauvreté, nous fussions rendus riches.
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