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La conscience et l'individu

Voyez un petit enfant: il regarde, il écoute, il palpe, il s'agite, il attire à lui ou il repousse: puis finalement il rit ou il pleure. C'est toute sa vie. Comme celle d'un animal, elle se réduit à la sensation, et deux gestes en battent le rythme: la fuite de la douleur, la recherche du plaisir.

Avec le temps une lueur de raison s'éveille; du flot des sensations, la pensée émerge, frêle d'abord, vague, pâle, fugitive; puis peu à peu plus consistante, saisissant des rapports plus délicats, ébauchant des idées générales, les confrontant au gré de ses caprices. C'est déjà, chez l'enfant, un rudiment de logique qui opère; mais c'est la fantaisie encore qui en noue les fils, jusqu'au jour ou une lumière brille qui donne à certaines choses une couleur nouvelle, qui fixe son attention, qui lui plisse le front, qui le fait, pour un moment, sérieux et grave, réfléchi. A l'intime de son être, une parole étrange se murmure, qu'il a repoussée peut être tout d'abord, mais qui revient, qui insiste, qui s'impose, qu'il écoute enfin, qu'il ne peut plus ne pas entendre: «fais ceci, dit la voix mystérieuse, même si c'est désagréable; évite cela, même si c'est un plaisir».

C'est la voix de la conscience.

Et ce jour là, dans l'enfant, la bête est dépassée, l'homme commence.

A mesure que les parents ou les éducateurs constatent qu'en lui la conscience parle et se fait obéir, ils modifient leur attitude à son égard: ils contraignent de moins en moins; ils commandent, ils exhortent, ils conseillent, ils lui font voir ce qui se doit ou ce qui convient ou ce qui est préférable; ils le «raisonnent», ce qui veut dire qu'ils ne le dressent plus comme un simple animal; peu à peu et de plus en plus, ils le traitent en homme.

Voilà donc un premier fait. L'homme se dégage de la bête et commence sa vie proprement humaine le jour où il prend pour guide sa conscience…

Si l'homme bon est celui qui se soumet à la conscience, il va de soi que les meilleurs seront ceux qui lui obéissent le mieux, qui en respectent non seulement les ordres mais les moindres conseils, les moindre suggestions. Et de fait, il y a un homme dont on a dit qu'il fut parfait. C'est celui qui a pu dire de lui-même: «Qui me convaincra de péché? qui me prouvera que dans aucune circonstance de ma vie, j'ai manqué à ma conscience? …» Ses ennemis, comme ses amis, à mesure qu'ils l'étudient davantage, sentent leurs préventions tomber et leur admiration grandir devant cet assemblage harmonieux de tous les charmes et de toutes les noblesses, où ils saluent l'idéal réalisé de toute perfection humaine.

Au-dessous de celui-là, on en a vu, de temps à autre, passer à travers l'histoire, des hommes devant lesquels… tous les fronts s'inclinent; dans lesquels on reconnaît, sans hésitation, les plus purs, les plus hauts, les plus admirables exemplaires de l'humanité. Ce ne sont jamais des jouisseurs, des égoïstes; ce ne sont pas toujours des heureux (ou du moins ils ne passent pas pour tels)… tous ont eu cette marque: ils ont obéi, magnifiquement, aux ordres et aux moindres suggestions de leur conscience. Et c'est devant cette beauté que les fronts s'inclinent; c'est en elle seule qu'on reconnaît le secret de la perfection humaine.

Les hommes parfaits sont rares. Chez les animaux la perfection est la règle… la nature achève l'animal.

Elle n'achève pas l'homme; elle l'ébauche. Quand elle veut produire un homme elle fait un animal; elle y ajoute avec la raison, la liberté, et elle dit à la liberté: achève.

Mais la liberté achève plus ou moins, ou même, au lieu d'achever, elle déforme. La liberté choisit et au lieu de choisir selon la loi, qui conserve et perfectionne, elle peut choisir à contre-sens et déchoir…

La conscience n'exécute pas elle ordonne. Elle ne déclanche pas l'acte, c'est à la volonté d'agir, et, même après l'ordre reçu, la liberté lui reste de refuser. Mais la conscience a prescrit une route à suivre, elle a fait connaître ce qu'il faut faire…

L'homme ne doit pas se demander, en face d'une action possible, s'il y a du plaisir ou de la douleur, mais du bien ou du mal; si la conscience l'autorise, la conseille, l'impose ou la repousse. Son métier n'est pas de sentir, de jouir ou de souffrir, mais de penser juste et d'agir droit, de choisir un but digne de lui et des moyens dignes de ce but, ce qui est la seule façon d'être raisonnable…

Les sens dans l'homme sont des inférieurs: ils ne doivent pas commander, des fonctionnaires : ils doivent servir ; moyennant quoi, ils ont droit à un traitement équitable, et à rien de plus.









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