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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Qu'apporter à nos enfants malades?

La santé est chose si précieuse et si belle, qu'il nous faut tendre de toutes nos forces à la conserver ou à la conquérir, pour nous et pour nos enfants. Ayons l'ambition d'avoir des enfants bien portants; employons-nous à leur procurer une belle santé - hygiène, vie réglée, nourriture saine, substantielle, grand air, exercice, sports, etc. - mais si, après leur avoir donné tout cela, nous nous trouvons en face d'un de nos chéris, terrassé par une maladie longue, dangereuse, que faire? Comment envisager cette maladie qui, traîtreusement, vient assaillir un enfant en pleine santé, vient immobiliser ses petites jambes alertes et vives? Que va devenir l'enfant brusquement arraché à tout ce qui a fait sa vie jusqu'alors: école, camaraderie, grand air, courses et mouvement? - et nous savons jusqu'à quel point le mouvement est le rythme de la vie de l'enfant. Il devra se créer une vie en dehors de l'espace et du mouvement et faire l'apprentissage d'une existence entièrement différente de celle qu'il a vécue jusqu'alors.

Quelle attitude allons-nous prendre en face de cette maladie?

Tout d'abord, nous ferons tout pour lutter contre elle. Nous projetterons sur elle toutes les lumières de la science. Avoir subitement un malade dans la maison est une grande perturbation. Nous nous efforcerons donc de très bien organiser et de strictement observer les soins physiques et médicaux; que cela se fasse aussi naturellement que la toilette des enfants bien portants, sans que l'on en parle. Faisons disparaître soigneusement de la chambre tout ce qui rappelle la maladie. Que l'on ne voie nulle part des remèdes ou des objets de pansement, que toute la place soit laissée aux fleurs, aux livres et aux jeux.

Ne faisons pas peser sur le malade notre accablement, nos inquiétudes; même si le souci qu'il nous cause est pour nous une obsession, gardons-nous de le lui laisser voir. Soyons assez observatrices pour nous rendre compte de son état sans avoir besoin de lui demander sans cesse comment il se sent. Je dirai même: ayons beaucoup de compréhension, mais plaignons-le le moins possible. L'attitude que nous prenons, nous les mères, devant cette maladie qui nous atteint en plein cÅ“ur aura une répercussion sur le petit malade. Il s'agit de le porter, de le soulever. Parlons-lui le moins possible de sa maladie. Trouvons-lui, par contre, assez d'intérêts et de compensations pour qu'il ne pense pas trop à ce qui lui manque et ne prenne pas une mentalité de malade qui s'écoute et se replie sur soi-même.

N'acceptons pas non plus qu'il se glisse en nous un sentiment d'amertume qui devient si lourd et si pénible pour tous, pour l'enfant malade et pour son entourage. De même que nous ouvrons toutes grandes les fenêtres pour emplir sa chambre d'air pur et de soleil, répandons autour de lui de la gaîté, de l'optimisme. Il nous faut apprendre avec lui à avoir, malgré tout, une attitude de joie et de reconnaissance. C'est si bon, au cours d'une longue maladie, de récapituler ensemble toutes les grandes et les petites joies qui viennent illuminer la vie du malade, si triste en apparence.

Vus du dehors, quoi de plus terne que les vitraux d'une cathédrale, - vus du dedans, lorsque les rayons du soleil passent au travers, quel embrasement!

La maladie peut hâter beaucoup le développement du caractère d'un enfant, faire surgir de lui toute une floraison de qualités insoupçonnées, comme elle peut aussi lui être néfaste, ne l'oublions pas. Nous continuerons son éducation sans perdre de vue le moment où il se rétablira. Bien que l'enfant soit malade, il a besoin de discipline et de fermeté. L'attitude prise dès le début de la maladie est très importante. Souvent, on gâte un enfant parce qu'il est souffrant et on le laisse devenir tyrannique et égoïste parce qu'on a pitié de lui.

Je sais une gentille fillette qui est devenue insupportable pendant une grave maladie qui a duré trois ans. Aujourd'hui, elle est guérie, mais elle a conservé l'attitude égoïste et despotique qu'elle a prise au cours de cette maladie. Combien la joie de la guérison en est voilée!

Ne laissons pas fausser notre point de vue éducatif par le fait qu'un enfant est malade. Voici un petit garçon de cinq ans trop gâté par ses parents. Ceux-ci viennent de loin le visiter régulièrement à l'hôpital où il se trouve depuis un an. Ils ne manquent pas de lui apporter chaque fois sucreries et jouets. Le petit homme s'en empare comme d'un dû, sans être abordé par le moindre sentiment de gratitude envers ses parents, dont la présence a elle seule devrait être une joie pour lui.

Sachons développer le cÅ“ur de nos petits malades, et leur apprendre à être reconnaissants de ce que l'on fait pour eux. Quoi de plus touchant que les attentions et les égards qu'ils peuvent avoir pour ceux qui les entourent?

Une fillette, malade depuis des années, très active et incapable de sortir de son lit, était extrêmement facile à soigner, malgré sa complète dépendance. Comme nous nous en étonnions un jour, elle nous dit avoir pris l'habitude de ne demander un service qu'au moment où quelqun entrait dans la chambre ou s'apprêtait à en sortir, et pouvait, sans dérangement, lui apporter ce qu'elle désirait. Elle attendait souvent des heures… Elle accueillait, avec une imperturbable bonne humeur les services que toute la maisonnée lui demandait. Elle était devenue d'une incroyable ingéniosité et ne se laissait rebuter par aucune réparation, si saugrenue fût-elle . Elle était à la fois relieur, cordier, mécanicien, électricien, répétitrice ou, réparateur attitré d'instruments de musique.

Donnons des responsabilités, petites et grandes, à nos malades. La vraie tristesse pour eux, le vrai découragement, ce serait de se sentir incapables de rien donner à ceux qui les entourent.

Je pense à telle jeune fille, remarquablement douée, qui a été malade de dix à vingt-huit ans. Au début de sa maladie, son père lui avait confié, d'une manière spéciale, l'éducation d'une petite sÅ“ur. Cette mission était devenue sa principale raison de vivre. Quelques jours avant sa mort, elle se préoccupait des études de sa soeur, s'intéressant à tous les détails de ses examens, au point d'en oublier presque, les grandes souffrances qu'elle traversait elle-même…

Ne perdons pas de vue non plus le développement général de nos petits malades. Il ne faut pas qu'ils aient l'impression d'être distancés par leurs camarades en bonne santé.

Un enfant bien portant peut puiser à trois sources de développement: la maison, l'école et le monde extérieur - j'entends par là tout ce qu'il voit et saisit dans la nature, dans la rue. Où qu'il soit, sans même s'en rendre compte, il voit, il enregistre et il se développe. Malade, la maison seule lui reste. Elle devra suppléer à tout ce dont il est privé et répondre, dans la mesure du possible, à tous ses besoins… Il ne faut pas se désespérer si l'état de santé interdit, pendant un temps, toute espèce de leçon. On est étonné de voir avec quelle facilité un cerveau d'enfant bien reposé peut rattraper à un moment donné le travail qu'il a été empêché de faire pendant des mois. Le plus important est que l'ambiance soit développante. Que le malade entende raconter tous les petits événements auxquels il ne peut pas participer. Que chacun dans la maison prenne l'habitude de venir lui rendre compte de ce qu'il a vu, fait et entendu: incidents de la vie scolaire, récits de courses, conférences, invitations, etc. Beaucoup d'animation, de verve et de gaîté dans ces récits. Tout revivre une seconde fois avec le petit malade. Chacun apprend ainsi à se donner de la peine pour communiquer à autrui ce qu'il a reçu et toute la vie de famille en est enrichie.

Que l'enfant malade ne se sente pas en marge de la vie, qu'au contraire, on continue à l'associer à tout ce qui se passe. Qu'il n'ait pas le sentiment pénible de rester seul sur la berge de la belle rivière où voguent joyeusement ses frères et ses amis, mais qu'il se sente lui-même emporté par le courant. Pour cela, il faut s'ingénier à lui amener les gens du dehors, à lui procurer des amis, à créer autour de lui un joli cercle animé, pour peu que sa santé le permette.

Le programme des journées devrait être très réglé, très méthodique. Beaucoup d'occupations, de jeux et d'intérêts divers. La journée semblera plus courte au petit malade si le programme en est établi d'avance et s'il comporte des occupations variées. Le matin, après la toilette et les soins médicaux, une fois la chambre faite, il pourra profiter de la tranquillité de la maison pour se mettre à ses leçons. La question des jeux et des occupations est de toute importance. Lorsqu'un enfant tombe malade, il n'a parfois aucune idée de ce qu'est un jeu tranquille. Il vaut la peine de consacrer du temps à lui enseigner à jouer à se distraire. Il est bon aussi qu'il prenne l'habitude d'être soigneux, de vérifier le nombre des pièces en rangeant ses jeux. L'institution des jouets du dimanche, que l'on soigne particulièrement, peut avoir de bons résultats. C'est une perspective attrayante qui apporte un petit renouveau dans les intérêts. La couture, la broderie le crochet et le tricotage sont une précieuse ressource. Les garçons même y prennent plaisir. Ma fillette, avant de tomber malade, n'avait jamais tenu une aiguille. Elle est devenue experte dans tous les ouvrages de main: couture, filet, macramé, Richelieu, etc.

N'oublions pas le chant qui apporte tant de joie et de gaîté dans la maison. Que les petits malades chantent, si possible à plusieurs voix, avec leurs frères et sÅ“urs, qu'ils apprennent les paroles par coeur. Qu'ils cherchent à retrouver des mélodies sur une musique à bouche, qu'ils jouent de l'ocarina, du fifre, de la flûte, de la guitare ou de l'accordéon. Nombreux sont les instruments dont on peut jouer tout en étant au lit.

Ne perdons pas courage si la maladie d'un de nos chéris n'est pas vaincue, si même elle se prolonge année après année. Un secours extraordinaire peut être donné. Un secours qui fait qu'en regardant en arrière, à neuf années de maladie d'un de mes enfants, nous retrouvons une suite ininterrompue d'interventions de Dieu, qui mettent dans nos cÅ“urs une immense reconnaissance. Mon expérience a été que la prière personnelle et la prière d'amis chrétiens sont une force très grande qui porte et soulève, même si la guérison tarde.

Ne croyons pas que tout soit perdu si nous avons la douleur d'avoir un de nos enfants atteint par une de ces maladies que nous aurions tant voulu pouvoir éviter. Une puissance transformatrice peut en faire sortir quelque chose de grand et de beau. Le monde n'aurait pas connu quelques-unes de ses plus belles âmes s'il avait été privé de ces grands malades qui ont élevé le niveau de leur génération et dont le rayonnement s'étend bien au-delà de leur temps, à ceux qui, des années peut-être après leur disparition d'ici-bas, vont puiser force et réconfort dans leur exemple. A côté d'eux, nous voyons se dresser la figure de tant de jeunes et de petits malades qui sont le centre chaud et vivant de nos intérieurs. La maladie les a fait monter très haut et ils ont élevé à leur tour ceux qui les entouraient. Nous voudrions déposer en pensée une gerbe de fleurs sur chacun de leurs lits et les remercier de tout ce qu'ils nous ont apporté par leur vaillance.









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