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De l'occupation
Les enfants toujours occupés, et qui, à chaque instant, trouvent à satisfaire leur instinct d'activité, donnent lieu à un moins grand nombre de plaintes que les autres. Une foule de ces mauvaises manières, qui deviennent peu à peu un mal positif, ont eu leur cause dans l'oisiveté et l'ennui. Il est des enfants, presque abandonnés, qui cependant n'ont pas eu besoin d'être repris, du moment où l'on a su diriger convenablement leur activité. Le chef-d'oeuvre de l' éducateur, c'est de trouver une occupation proportionnée à chaque âge. Si l'on procure aux enfants un travail de corps et d'esprit en rapport avec leurs forces, on les mettra, presque à coup sûr, à l'abri de la tentation de mal faire. On déjoue même de mauvais projets formés d'avance, en assignant à propos un but à l'activité des enfants; à moins cependant qu'on ne les force alors à une occupation répugnante ou qui les fatigue par sa trop longue durée. Leurs jeux même finissent par les lasser. Toutefois nous aimons beaucoup à les voir persévérer avec suite dans des occupations bonnes ou utiles. Mais elles doivent être de leur choix, et l'éducateur ne doit pas prescrire le temps qu'ils doivent y employer. Les occupations favorites, qui remplissent toute l'âme, et qui demandent beaucoup de travaux secondaires, produisent un excellent effet. De ce nombre sont les collections d'objets de toute espèce, surtout celles de produits de la nature. Il ne faut pas craindre de voir les enfants les plus jeunes, en faire à l'imitation de leurs aînés. Cela est également bon et pour les uns et pour les autres: les jeunes gens apprennent ainsi à aimer la maison; ils ne cherchent pas au dehors ce qu'ils peuvent trouver tout près d'eux, l'esprit pratique a de quoi s'exercer, les jours et les années s'écoulent ainsi entre le travail et le plaisir. Mettre les enfants en train, les diriger, les aider; voilà des soins inséparables de la surveillance qu'ils exigent, et celle-ci manquerait totalement son but, si elle cherchait à arrêter court leur libre activité.
Les enfants abandonnés à eux-mêmes, ne savent pas à la longue s'occuper utilement; ceux qui sont seuls s'ennuient vite, et se sentent mal à leur aise. Chez ceux qui vivent sans surveillance avec d'autres enfants, non seulement se développent de mauvaises manières, mais en outre leurs penchants prennent de fâcheuses directions. Les enfants aiment naturellement à être dirigés; mais ils entendent s'amuser à leur guise, et non à celle de leur instituteur. Celui-ci peut leur conseiller, leur proposer, mais non leur ordonner les récréations, c'est aux enfants à les choisir. Une surveillance exercée dans un bon esprit est inappréciable. Il faut abandonner davantage à eux-mêmes les élèves d'un âge plus avancé.
Si les parents voulaient comprendre à quel mal ils exposent leurs enfants en ne cherchant qu'à s'en débarrasser, si les éducateurs se représentaient les suites funestes que peut produire leur absence: ils seraient plus scrupuleux sur ce point. Il ne suffit pas à la conscience d'un instituteur délicat, de pouvoir se dire que, dans son absence, il ne s'est point commis d'excès. Compte-t-on pour rien les pensées inutiles, les égarements de l'âme, dans lesquels l'ennui fait tomber ? Oublie-t-on tout ce que la compagnie d'un seul enfant mal élevé peut faire de tort à ceux qui sont avec lui.
Les jeux où se mêle l'idée du gain, et avant tout les Jeux de cartes, devraient être complètement interdits aux enfants: ils dégénèrent en une passion aveugle, qui dessèche le coeur, et qui les empêche de trouver du plaisir à une récréation ordinaire. Nous sommes persuadés que les éducateurs sont trop pénétrés de l'importance et de la sainteté de leurs occupations, pour donner eux-mêmes à leurs élèves l'exemple du mal. Quant aux parents, ils feront bien de ne pas conduire leurs enfants dans les sociétés où des parties de cartes sont le but de la réunion. Les jeux que nous recommandons, sont ceux qui exercent et le corps et les facultés de l'âme.
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