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Correspondance. Les jeux de cartes.

I.

Cette question ayant été posée, je suis d'autant plus heureuse de pouvoir y répondre que depuis longtemps je désirais l'aborder. Notre chère petite feuille doit s'occuper de tous les dangers que courent nos enfants, et les jeux de cartes et de hasard en constituent certainement un bien réel.

Il doit rester bien entendu que ceci est un témoignage personnel et qu'aucun esprit de critique ou de jugement vis-à-vis de celles d'entre nous qui n'ont peut-être pas encore étudié cette question et qui trouvent qu'il n'y a aucun mal à avoir des cartes à jouer dans leurs maisons, ne m'anime en écrivant ces lignes. Je vous engage vivement à lire la brochure de M. le pasteur Gounelle (1) sur les jeux de hasard; elle est plus forte que tout ce que je pourrais vous dire, mais à la mère qui nous adresse cette question je répondrai comme mère: "à mon avis, point de cartes dans la maison !" En elles-mêmes naturellement ces pauvres cartes ne sont pas mauvaises pas plus que tout autre jeu, le vin ou telle autre chose, mais c'est l'abus qu'on en fait qui constitue un danger.

Vous savez, chères amies, que les cartes sont la cause de la ruine morale de milliers de jeunes gens et que la passion du jeu entraine à leur perte des êtres doués, généreux, mais qui une fois possédés par ce démon (nous pouvons bien l'appeler ainsi) oublient tout, affections de famille, devoirs de citoyens, même l'honneur quoiqu'on soit convenu d'appeler ces dettes-là des dettes d'honneur !

J'ai connu un homme exceptionnellement doué, grand artiste, noble, genéreux, dévoué aux siens, mais voilà que cette passion du jeu le saisit; - ni les larmes d'une mère vénérée, ni le désespoir d'une femme aimée, ni la pensée de ses petits enfants ne pouvait le retenir, malgré ses bonnes résolutions cette passion le saisissait et l'entraînait de nouveau. Cela alla ainsi un certain temps puis vint la ruine extérieure, ruine morale ! Le malheureux succombait d'une attaque laissant femme et enfants dans la misère, ces derniers élevés par charité !

Ceci est un tableau vrai en tous points et il n'est pas unique. La passion du jeu sévit plus que vous ne le pensez, ne semant que ruines sur son passage. Dans bien des milieux, l'idée du vin, des femmes (et lesquelles !) et du jeu sont inséparables. Voyez plutôt ces jeunes gens ! les voilà attablés, le vin ou la bière coulent à flots; que tiennent-ils dans leurs mains ? ce sont des cartes, ces cartes qu'on trouve si innocentes ! Les yeux enfiévrés, excités, ils jouent, ils ont tout oublié, le travail, le service qui les attend (si ce sont des officiers), la promesse faite peut-être à une mère, à une fiancée. Entraînés par leur passion leurs poches se vident, ils jouent leur dernier écu, leurs bijoux, souvent ils tombent entre les griffes d'un usurier - ruines, ruines !

Vous me direz peut-être que chez nous en Suisse le jeu n'a pas pris de pareilles proportions ; je veux bien le croire, mais je sais qu'il en est ainsi dans bien des endroits et nous ne pouvons pas prévoir où nos enfants seront appelés à vivre un jour. En Angleterre le jeu, les paris ont fait des progrès si effrayants que la presse s'en émeut, en France le pari-mutuel est devenu un danger public; en Allemagne, en Russie et ailleurs des milliers de jeunes gens se ruinent au jeu, c'est une marée montante ! . . . Notre Suisse en serait-elle indemne? Ne voyons-nous pas les jeux de hasard augmenter et s'étaler et ne savons-nous pas que là où l'on joue aux petits chevaux, les cartes, le baccarat, etc., ne sont pas bien loin ? Méfions-nous des tombolas, des jeux de hasard du toute espèce, c'est une porte ouverte dans une direction qui peut aboutir à la misère et au déshonneur.

En face de ces faits que ferons-nous, femmes, mères chrétiennes ? ne mettrons-nous pas en garde nos enfants ? ne prêcherons-nous pas d'exemple ?

Combien d'entre vous, connaissant les ravages que fait l'alcoolisme, ont banni le vin ou les liqueurs de leurs tables; il leur en a peut-être un peu coûté de le faire, mais le cri de détresse de la femme abandonnée, de l'enfant livré à la misère ou au déshonneur est parvenu jusqu'à vous, une immense pitié a envahi votre coeur et c'est avec joie que pour donner l'exemple, vous vous êtes privées de ce qui constitue un danger non pour vous-mêmes, mais pour des frères, des soeurs inconnues ! D'autres d'entre vous en renonçant au vin ont voulu mettre à l'abri leurs garçons, ils l'ont banni de leurs demeures pour ne pas leur en donner l'habitude, pour leur en donner le dégoût, leur prouver qu'ils pouvaient être forts et heureux sans boissons alcooliques. Ne ferons-nous pas de même en ce qui concerne les cartes ? Votre fils n'y ayant jamais joué, ne les connaissant même pas, ne sera-t-il pas plus fort au moment de la tentation, car nous ne pouvons savoir dans quels milieux les circonstances peuvent l'amener, et ne se souviendra-t-il pas alors que dans cette maison paternelle à laquelle il pense avec tant d'amour il n'a jamais vu de cartes?

On pourra objecter qu'il faudrait, si on prend les choses ainsi, renoncer à tous les jeux; cela me semblerait exagéré et je ne pense pas qu'on puisse affirmer que les jeux de l'oie ou des jeux semblables aient amené la misère et la ruine comme la Dame de pique. Il ne faudrait cependant jamais jouer pour de l'argent; je connais beaucoup d'enfants qui s'amusent très bien sans aucun enjeu; les enjeux risquant facilement de développer l'égoïsme et la cupidité.


(1) Jeux d'argent et Jeux barares


II.

Il me semble que la question posée au sujet des jeux de cartes, dans votre dernier numéro, touche à une question de principe assez générale, qu'on pourrait présenter ainsi: Devons-nous éviter à nos enfants, dans la mesure du possible, tout contact avec tout ce qui pourrait devenir pour eux une occasion de chute ou devons-nous leur faire comprendre que le mal gît essentiellement dans l'usage mauvais d'objets inoffensifs par eux-mêmes ? - Or, des cartes ne sont ni bonnes ni mauvaises en elles-mêmes; j'en ai, pour ma part fait grand usage, pour des patiences dans les convalescences de mes enfants et elles m'ont alors rendu de précieux services ; pourquoi proscrirait-on aussi le beau jeu du whist si propre à développer plusieurs facultés intellectuelles ? - Ce que nos enfants doivent apprendre c'est que l'argent obtenu par des jeux de hasard quels qu'ils soient : jeux de cartes, de petits chevaux, de billard, de loto, de dominos, etc. - est un argent mal acquis et que les compagnies où on les pratique sont de mauvaises compagnies. Je crains que si nous nous attaquons au petit côté de la question, c'est-à-dire aux morceaux de carton peints qui composent un jeu de cartes au lieu de porter tout simplement notre effort sur le côté moral, nous ne donnions beau jeu aux camarades qui, plus tard, pourront tourner en ridicule les "étroitesses" de parents "arriérés".


III.

J'ai remarqué qu'en général, les joueurs de cartes se lassent vite quand l'enjeu fait défaut. Puisque les cartes ont besoin d'un tel stimulant elles ne m'apparaissent donc pas comme dangereuses.

On peut en dire autant de tout autre jeu, des courses, concours, etc...

... Au point de vue de la spiritualité chrétienne, du zèle que chacun peut et doit apporter dans le domaine religieux et social, le jeu - de hasard ou d'adresse peu importe - même sans l'appât du gain, est un terrible dissolvant.

Je connais des athlètes qui sont restés ou devenus des chrétiens authentiques, mais à la condition de consacrer au recueillement, à la prière et à l'étude biblique, un temps proportionné à celui qu'ils accordaient aux jeux et aux exercices où toujours, du reste, la question argent restait étrangère.

Je n'ai pas de cartes chez moi, il n'y en a pas à l'Union chrétienne de jeunes gens, parce que je considère que mes jeunes camarades ont mieux à faire qu'à employer à un tel exercice leurs rares heures de loisir.

Si, dans certaines familles, le désoeuvrement est tel que les jeunes gens en soient réduits à jouer aux cartes, je conseille fortement la sortie du soir en bonne compagnie ou, mieux encore, l'action sociale pour laquelle les jeunes gens sont si admirablement qualifiés.


IV.

Ayant un garçon de 9 ans, j'ai lu avec intérêt la question assez complexe posée par une mère chrétienne. Cette question m'a fait réfléchir; je ne prétends pas la résoudre. Je suppose que cette mère craint de faire usage de son autorité pour interdire une chose qu'elle a, dit-elle, en horreur, et qui pourrait n'être pas coupable en elle-même. Hors de la maison, invité chez des amis, son fils devra-t-il, pour le jeu de cartes, s'éloigner de ses camarades en disant : Cela m'est défendu ? . . . Nous connaissons toutes l'attrait du fruit défendu et les dangers de la casuistique. Il me semble qu'il faut pour cela, comme pour d'autres divertissements, pour l'usage du tabac, etc., élever un mur de séparation entre le mal et nos enfants, mais que ce mur tout extérieur tant qu'ils sont petits, devienne d'année en année un mur établi dans leur propre coeur. Alors le jeune homme habitué à obéir à nue conscience éclairée ne dira pas : "Je ne dois pas faire ceci ou cela", mais: "Je ne puis pas."









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