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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Homo Zapiens: souvenirs et avenir

Ma maman travaillait. Mais il y avait ma grand-mère. Une grand-maman comme on en rêve - confiture, petits plats, chaussettes en laine tricotées et contes de fées. Elle prenait souvent le temps de jouer avec moi: fabriquer des couronnes en feuilles de chêne assemblées avec des aiguilles de pin, coudre des habits de poupée dans les chutes de tissu après la confection de mes robes, piler des morceaux de briques pour faire le paprika nécessaire à ma cuisine imaginaire. «Investir» une activité avec l’enfant lui confère un attrait tout particulier. Partager le plaisir de jouer, donner l’impulsion initiale et se retirer discrètement - quel beau cadeau de la part de l’adulte!
Cependant, ma grand-mère ne faisait pas que jouer avec moi. Elle avait des tas d’occupations de grande personne dont j’essayais de la détourner en lui disant parfois:
- Grand-mère, je m’ennuie.
- Moi, je ne m’ennuie jamais, rétorquait-elle, je trouve toujours quelque chose à faire ou à penser. Finalement, t’ennuyer ou pas, cela ne dépend que de toi-même.
Ce dialogue immuable, que nous avons eu maintes fois, m’a appris à ne pas avoir peur des moments creux, à aimer aussi la solitude, à me contenter parfois de ma seule et unique compagnie, à ne pas attendre que les choses intéressantes ou agréables viennent d’ailleurs, mais à les débusquer ou les créer par moi-même.
Quel pouvoir! J’en mesure aujourd’hui l’importance.
Depuis j’ai grandi et le temps s’est accéléré. Je n’ai plus l’occasion de m’ennuyer et cela m’ennuie. Mes propres enfants ont rarement la chance de se confronter à l’ennui. Ils font partie de la génération d’Homo Zapiens, qu’on a presque vu naître munie d’agendas pleins de rendez-vous les uns plus éducatifs que les autres! Dans un souci permanent de bien faire et d’aller toujours plus vite, on multiplie les centres d’intérêt et on fait se succéder les changements d’activités à une cadence soutenue.
Posséder tient lieu d’inventer, on survole sans forcément assimiler. Face à une telle abondance, il y a de quoi perdre la tête. Il faut 15 Barbies et la collection complète des Pokémons dans l’espoir de pouvoir s’amuser, jusqu’à ce que la prochainevague en vogue balaie tout et provoque une ruée sur les Harry Potter. Aujourd’hui, même les passions individuelles des petits semblent orchestrées par les gourous du marketing. Dans un tel contexte, il est peu probable que l’on saura jouer avec un bâton et trois bouts de ficelle. Dommage!
Ce que nos enfants ont gagné en ouverture, ne le perdent-ils pas en profondeur?
Je me console en pensant que c’est peut-être une façon efficace de les préparer à la vie réelle, trépidante comme elle est, où il est laissé peu de place à l’approfondissement et à la contemplation. Etre multitâches, pouvoir faire face à une avalanche d’informations et de sollicitations, soutenir sans broncher un rythme décousu des plus fous… L’époque veut cela. Mais jusqu’où?









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ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève