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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURLes Jouets Quiconque se reporte à sa première enfance, se souviendra de la place importante que les jeux y ont occupée; il se rappellera le temps où, en vrai garçon qu'il était, il se livrait corps et âme à ses amusements et où des accidents, tels qu'un jouet cassé et une partie dérangée, faisaient époque dans sa vie. La douleur d'une petite fille qui verse des larmes sur sa poupée perdue ou brisée est une douleur réelle et profonde, et cela s'explique, si l'on songe que l'enfant rattache à ses jouets des idées et des sentiments qui sont pour lui des réalités vivantes et qui durent aussi longtemps qu'il s'en sert. Le choix des jouets que l'on donne aux enfants n'est pas indifférent. Voulez-vous apporter dans l'esprit de votre enfant le trouble de la confusion et de la dissipation, désirez-vous lui faire connaître de bonne heure ce malaise intérieur qui nous rend irrésolus et hésitants dans nos entreprises, voulez-vous produire en lui une satiété et une maturité précoces avec leur conséquence inévitable de mécontentement et d'humeur chagrine, voulez-vous en un mot jeter dans sa vie les germes d'une multitude de défauts et d'habitudes irrégulières ? Vous n'avez qu'à le combler des jouets les plus divers, de telle sorte qu'il ne sache lequel prendre, lequel laisser. Il est alors semblable à un étudiant placé devant une bibliothèque dont les rayons sont chargés de livres et qui ne sait sur lequel il fixera son choix. Il en prend un et, tandis qu'il le feuillette et le parcourt des yeux l'idée lui vient qu'il ferait mieux d'en lire un autre plus intéressant encore. Le temps s'écoule et l'étudiant finit par devenir un homme inconstant et distrait, incapable de poursuivre un but dans la vie. Les cadeaux de fin d'année, dont l'usage est partout répandu de nos jours dans les familles aisées, ont dépassé depuis longtemps la mesure permise et exercent par ce fait une influence nuisible au point de vue d'une saine éducation; aussi conjurons-nous tous les parents et instituteurs de protester par la parole et par l'exemple contre un pareil abus, car, au milieu de cette abondance d'objets divers, les pauvres enfants ne peuvent concentrer leur attention et leur joie sur aucun d'eux. De même que l'on voit les mamans, les tantes et les cousines employer les dernières semaines de l'année à courir de magasin en magasin pour acheter des étrennes, on voit aussi les enfants, devant l'arbre de Noël, courir de cadeau en cadeau, sans savoir où donner de la tête; ils sont naturellement obligés de répandre leur joie sur chacun des objets qui leur sont offerts, bien que leur petit coeur ne soit capable de prendre un réel plaisir qu'à un petit nombre d'objets ou même à un seul. Un excès de cette nature éveille la convoitise dans le coeur de l'enfant. Je n'oublierai jamais que, étant tombé malade à l'âge de six ans, je reçus en cadeau, le jour de la Saint-Nicolas, et uniquement à l'occasion de cette maladie, quelques crayons d'ardoise dans un étui de couleur. Ce présent me procura une telle joie que j' en fus presque instantanément guéri. A ce point de vue, la pauvreté est un avantage. N'est-ce pas un fait que des étudiants pauvres sont parvenus avec un seul livre à devancer des condisciples qui disposaient de bibliothèques entières ? Et l'expérience ne démontre-t-elle pas aussi que l'enfant sait fort bien dans ses yeux tirer parti de la pauvreté de ses ressources et se créer des richesses abondantes et variées ? Le petit nombre et la simplicité des jouets ne stimuleront pas seulement, avec le premier éveil de sa pensée, son esprit d'invention, ils fortifieront en lui la fermeté du caractère, le naturel et la simplicité du coeur. Des planchettes et des copeaux de bois ramassés sous le banc d'un charpentier, lui rendront le même service que des bois de construction achetés dans un magasin, et il n'aura nul besoin de ce matériel coûteux pour se construire, lui aussi, sa maison, son église et son univers. |
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