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Dur apprentissage
La rapidité d’apprentissage varie beaucoup d’un enfant à l’autre. Ceci s’applique particulièrement pour la lecture. Alors que certains enfants apprennent à déchiffrer pratiquement seuls et savent lire à cinq ans, pour d’autres de nombreuses heures de travail et de concentration sont nécessaires afin d’apprendre à maîtriser les lettres, puis les mots et enfin les phrases.
Les enfants qui éprouvent des difficultés ont un grand besoin d’aide et de soutien.
Toutes ces lettres qu’il faut reconnaître, qui se lisent, mais ne se prononcent pas toujours, qui se groupent par deux ou trois pour former des sons, qui suivent des règles pleines d’exceptions, rendent cet apprentissage particulièrement ardu. Lorsqu’on ajoute un peu de dyslexie aux difficultés ci-dessus, l’exercice peut être ressenti comme insurmontable. Pour cet enfant, comment distinguer le «p» du «q», le «d» du «b» et le «p» du «b» alors qu’il confond la gauche et la droite, l’avant et l’arrière? Il est déjà laborieux de lire les lettres dans le bon ordre, puis de les déchiffrer l’une après l’autre, de les regrouper en syllabes pour enfin découvrir le mot. Le sens de la phrase est complexe à comprendre lorsque chaque mot est déchiffré après une lutte acharnée.
Les séances de lecture deviennent rapidement des tests de maîtrise de soi. Comment rester zen quand après une demi-heure d’exercice, «un» est lu «nu», comment ne pas désespérer lorsque les meilleurs de la classe lisent un livre entier avec plaisir, alors que l’apprenti lecteur plus lent se bagarre longuement pour quelques lignes?
J’ai pratiqué plusieurs astuces pour aider mes enfants en difficulté: une petite fenêtre découpée dans un papier permet d’isoler les mots ou la ligne et aide ainsi à ne pas se perdre dans cette forêt de lettres. Il cache aussi ce qui reste à lire qui semble encore tellement long!
Relire un passage entier à l’enfant lui permet d’en comprendre le sens, car la lecture d’un mot aura fait oublier le précédent et aura rendu la phrase incompréhensible. Lorsque les textes se sont allongés, j’en ai lu quelques lignes pour leur redonner courage, et encore, vers l’âge de 12 à 13 ans, lorsqu’il faut lire les premiers romans et que les 30 pages de devoirs semblent tellement interminables, il m’est arrivé de lire un ou deux chapitres à haute voix. En avançant plus rapidement, à deux, avec une explication pour les passages compliqués, cette corvée devient presque un plaisir.
Une autre aide précieuse pour rester plus patiente a été le tricot, car j’avais les mains occupées, tout en pouvant suivre et soutenir les efforts de décryptage, et l’enfant voyait progresser simultanément son pull et sa maîtrise de la lecture.
Les problèmes liés à la dyslexie furent pris en charge par un spécialiste qui, en quelques mois, sut redresser les lettres et les mettre dans le bon ordre, non seulement en ce qui concerne la lecture, mais aussi l’écriture.
Mais malgré tous ces efforts, la lecture n’est pas devenue, pour mes enfants, ce plaisir qui permet une évasion facile de l’esprit. L’apprentissage douloureux est probablement encore trop proche, ou l’effort toujours trop grand. Les livres scolaires sont lus par devoir et non par plaisir, bien qu’ils révèlent parfois un certain intérêt. J’ai toujours espéré inoculer le virus de la lecture à mes enfants, car grâce aux livres on ne s’ennuie jamais. Cela peut encore venir et j’espère vivement que l’avenir me donnera raison.
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