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Soirées au port d’attache
Je m’arrête au bord. J’inspire profondément. J’écoute le silence de l’autre côté. Je retiens mon souffle et je me lance…
Immédiatement, la déferlante me submerge. La vague me renverse, m’engloutit et soudain, tout n’est que tumulte assourdissant. J’essaie de ne pas céder à la panique. Je ne recule pas. J’encaisse l’onde de choc. C’est un autre monde. Celui qui donne sens à mon existence.
Cela fait longtemps que cette sensation signe le début de mes soirées. Je la recherche et la redoute à la fois. Mélange de tensions et d’attentes, elle fait partie intégrante de ma vie.
Les premiers instants passés, le calme revient petit à petit. Ça y est, la transition s’amorce, je peux poser mon sac, tenter d’enlever mes chaussures, tout en donnant des bisous à gauche et à droite et en m’efforçant de démêler la cacophonie qui m’assaille.
Comme vous l’avez peut-être compris, peut-être vécu ou peut-être pas, je ne fais pas tous les soirs de la plongée sous-marine dans des eaux inconnues. Mais je n’en ai aucun regret, car le simple fait de rentrer chez moi après une journée de travail me procure des sensations tout aussi exceptionnelles.
Malgré plusieurs années de carrière en tant que maman, je garde une forte propension au rêve. Ainsi, je m’imagine tous les jours sans relâche pouvoir rentrer chez moi sans susciter de séisme, en toute sérénité, apparaissant devant ma marmaille qui m’accueillerait avec joie, mais point trop exubérante, qui m’accorderait le temps nécessaire pour décompresser, avant de me solliciter calmement pour signer un carnet, concocter le repas ou faire un câlin.
Mais comment se laisser aller au doux bercement des câlins, quand l’implacable compte à rebours de la soirée a déjà commencé? La table, le bain, la cuisine, les devoirs… Comment allier un maximum de tendresse à un maximum d’efficacité?
Je navigue à vue dans ma soirée, en essayant de garder le cap. Si je n’y prends pas garde, ce moment tant attendu peut vite virer à l’orage. Le soir, cristallisant les espoirs et la fatigue de tous, rend l’harmonie familiale fragile. Ranger, préparer les habits et le goûter dans les sacs pour demain, chanter les berceuses, refaire le plein de bonheur… Et ainsi, jour après jour, soir après soir, jusqu’à ce que les petits moussaillons de viennent des capitaines à leur tour.
Il est tard. Le tourbillon quotidien est terminé, la maison redevient un havre de paix et sombre dans le sommeil. Demain matin, de nouveau il faudra lever les voiles. Demain soir, de nouveau je m’arrêterai au seuil. Je reprendrai mon souffle avant de plonger… Alors, la mère, sera-t-elle calme ou houleuse?
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