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Extrait d'un rapport sur les cadettes
Pour apprendre à connaître les cadettes, il faut les voir dans une maison de vacances. Là, en vivant avec elles, on peut les observer sous leurs multiples
aspects et faire des expériences qui sont précieuses ensuite. Le travail auprès des cadettes renferme certaines difficultés; par exemple, la confusion qui règne dans la pensée des fillettes. Elles n'ont pas encore appris (à cet âge, 14 à 18 ans) à préciser leur pensée qui est embrouillée et flottante, ce qui est souvent la cause du peu de clarté de leurs explications et de leurs récits. Elles vivent dans un à peu près qui leur suffit, parce qu'elles ne connaissent pas autre chose. Cet état d'esprit rend la tâche de directrice de groupe difficile, car elle doit démêler elle-même l'écheveau si elle veut arriver à comprendre la jeune fille.
Une autre difficulté est la timidité. «Mais, direz-vous, actuellement les jeunes filles ne sont pas timides.» Ne nous y trompons pas. Sous leur allure moderne et leur air «à l'aise» se cache une certaine timidité. Dans la maison de vacances, citée plus haut, les jeunes filles s'amusaient, riaient, racontaient, parlaient avec moi tout à fait librement, mais dès que dans un groupe ou en tête-à-tête, nous abordons un sujet personnel touchant au caractère, la timidité naît et la fillette a de la peine à dire ce qu'elle veut, même si c'est elle qui a provoqué l'entretien. Le grand avantage des maisons de vacances est de dissiper dans une large mesure cette timidité.
Le travail auprès des cadettes est très attachant, car elles sont parfaitement ignorantes des forces qui sont en elles et c'est palpitant de leur révéler des moyens de développement. L'une d'entre elles, par exemple, était stupéfaite d'entendre son chef de section affirmer qu'il est possible de vaincre un accès de mauvaise humeur.
Parmi les observations que j'ai faites, je voudrais en citer encore deux:
1° La nécessité d'employer la méthode affirmative. Si une fillette se met facilement en colère, notre enseignement devra porter non sur le négatif: «ne plus se mettre en colère», mais sur l'affirmatif: «acquérir la douceur». Cette méthode, qui est d'accord avec la pédagogie actuelle, a l'avantage de rendre les victoires possibles pour les petites, de placer un but devant elles, de les pousser à l'action. Tandis que la méthode qui consiste à vouloir supprimer le défaut sans mettre à la place la qualité correspondante, ne réussit pas, parce que le vide laissé par le défaut doit être rempli. Si la qualité ne prend pas la place, c'est le défaut qui réapparaît.
2° Il faut donner aux jeunes à la fois une raison extérieure et intérieure de se corriger et de faire des progrès. Il est absolument inutile de dire à une fillette désobéissante: «C'est mal de désobéir». Je crois que l'enseignement doit porter à la fois sur le fait que la fillette rend la vie difficile aux autres en désobéissant, et sur le fait que lorsqu'elle désobéit, une partie d'elle-même, «la bonne», souffre. En partant de la, on peut lui faire comprendre que la désobéissance est mauvaise pour elle. Cela revient à dire qu'il faut faire appel au «bon moi»qui existe en chacune de nos fillettes, même quand il a l'air d'être submergé par le mauvais moi.
Si la directrice se fâche et gronde, la fillette obéira par crainte; mais, non seulement ses bons sentiments ne seront pas éveillés, mais les mauvais grandiront. Tandis que si elle se donne de la peine pour expliquer un tort, une faute, un progrès à faire; si elle s'applique à faire surgir la bonne volonté, il est bien rare de ne pas arriver à de bons résultats. Le travail consiste donc à découvrir le «bon moi», à l'éveiller et à le dégager de ses entraves afin qu'il puisse grandir, se développer et remporter la victoire sur le «mauvais moi». C'est ce que nous nous efforçons de faire dans le travail auprès des cadettes.
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