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L' éducation de la conscience

On se plaint beaucoup au temps actuel du manque de caractères! Je crois que pour y remédier nous avons à nous rappeler toujours que "la force de caractère" est en grande partie une "force de conscience" et que l'éducation de cette conscience commence avec la vie.

Au début, nous ne pourrons guère que la faire sentir à nos enfants et bien peu l'expliquer, cette conscience: image de Dieu d'après laquelle nous avons été formés, ternie, à demi effacée par le péché, voix de Dieu en nous ou organe de perception de la voix de Dieu en nous, selon que nous l'envisageons diversement ! Mes enfants se la représentent, eux, comme "la petite voix" et souvent ils demandent à Dieu dans leur prière du soir de la leur faire bien entendre. Mais bientôt, à eux comme à nous, elle apparaîtra tantôt comme la voix impérative qui nous rappelle au devoir, tantôt comme le murmure doux et subtil de la présence de Dieu dans nos coeurs. Avec nous ils comprendront qu'elle ne nous condamne pas seulement... qu'elle nous dirige, qu'elle est la boussole de nos vies.

"La conscience de l'enfant, lisais-je l'autre jour, se réveille souvent dans l'homme... les caractères entaillés sur le jeune arbre se lisent encore sur son écorce durcie ..." Quel encouragement et quel garde à vous !

Il faut avec elle les mêmes soins qu'avec la plante; la chaleur de l'amour la fait croître, l'épanouit; les rigueurs, la sévérité excessive la glacent, l'atrophient. Mais s'il lui faut du soleil, il lui faut en plus de la culture. Et il me semble que le plus grand désir de nos coeurs devrait être, en matière d' éducation tout spécialement (qu'il s'agisse de nous-mêmes ou de nos enfants) de faire revivre cette plante délicate, de restaurer dans sa pureté primitive cette empreinte divine.

Dès les premières pages de la Bible nous voyons les appels de Dieu adressés à la conscience de l'homme dans le but de la réveiller.

Dans le jardin d'Eden (Genèse III,10) remarquez cette série de questions: "Où es-tu ? Qui t'a appris que tu étais nu ? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ? Pourquoi as-tu fait cela ?" Et plus loin, dans les champs arrosés du sang d'Abel, à Caïn dont le visage est abattu: "Où est ton frère ? Qu'as-tu fait ?" Dieu eut pû jeter à la face de l'homme le péché qu'il lui avait vu commettre alors qu'il se croyait seul; Dieu préfère à cela faire appel à la conscience, à l'être intérieur par une question directe afin de le faire se juger lui-même et se jugeant lui-même accepter le châtiment ! Plutôt que de l'accabler, Dieu respecte si fort la personnalité humaine qu'il lui donne en quelque sorte l'occasion de justifier ses actes ou du moins de les expliquer.

Plus loin encore (1), par la bouche de Nathan: appel à la conscience de David adultère !

Dieu, dans son amour, veut ranimer en lui le sens de la justice d'abord, pour qu'il mesure lui-même de combien il y a failli et qu'il en accepte la rétribution! Aussi ne voyons-nous pas David "subissant" la peine de sa faute, mais humilié s'y "soumettant" pleinement, et en relisant le psaume XXXII nous sentons à quelle intensité et en même temps à quelle délicatesse de conscience il arrive :

"Mes os se consumaient tant que je me suis tû.
Je gémissais toute la journée;
Car ta main s'appesantissait sur moi nuit et jour.
Ma vigueur n'était plus que sécheresse comme celle de l'été.
Je t'ai fait connaître mon péché, je n'ai pas caché mon iniquité;
J'ai dit : J'avouerai mes transgressions à l'Eternel !
Et tu as effacé la peine de mon péché."

Et que d'exemples semblables ne pourrions-nous pas rechercher ensemble ?

Dans la Nouvelle Alliance, Jésus pratique-t-il l'éducation de la conscience ?

Sans cesse, en tout lieu, en toute occasion propice ! Ecoutez-le plutôt: "Lorsque vous priez (2), lorsque vous jeûnez, quand vous jugez, quand vous faites l'aumône (sousentendu comme vous l'avez fait mainte fois et comme vous n'auriez pas dû le faire) alors que votre Père vous voyait dans le secret, quand vous hésitez à pardonner, quand vous convoitez, quand vous vous mettez en colère, quand vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quand vous vous apprêtez à condamner sans miséricorde la femme adultère !" (3) autant de rappels au souvenir des fautes commises, de retours au passé au profit de l'avenir, autant d'appels à la conscience qu' Il somme de se prononcer! De même quand Il dit à ses disciples sur la route de Capernaüm: "De quoi raisonniez-vous en chemin ?" (4) ou, après avoir calmé les vagues du lac de Galilée: "Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n'avez-vous point de foi ?" (5), quand Il leur ferme la bouche en une autre heure solennelle alors qu'ils étaient étonnés de n'avoir pu guérir l'enfant épileptique en leur disant (6): "Cette espèce de démon ne sort que par la prière !" quand Il reprend les Sadducéens, chuchotant sur son droit de pardonner les péchés (7), quand Il parle aux pharisiens hypocrites de l'intérieur du plat qu'ils négligent de nettoyer aussi bien que l'extérieur(8): autant de moyens encore, employés par Jésus, pour redresser les consciences, les élever à la hauteur non de ce que la tradition, les usages, le monde exigent, mais de ce que Dieu réclame.

Plusieurs de ces coups de sonde restent sans effet, les coeurs parfois se ferment à l'action du maître des consciences qui respecte leur liberté au point de les laisser hésiter ou s'endurcir ! "Maître, que puis-je faire pour avoir la vie éternelle ?" (9) Tu sais les commandements, lui répond Jésus !" - J'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse! - Il te manque encore une chose: Vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres... puis viens et suis-moi. Lorsqu'il entendit ces choses, il devint tout triste; car il était très riche. Venu au Révélateur, pour avoir la révélation, il est renvoyé par Jésus à la loi et à la conscience.

Mais par contre, beaucoup d'âmes insensibles, fermées jusque là, reviennent à la vie à ces mêmes coups de sonde.

L'offre du salut demeure lettre morte pour la femme Samaritaine (10), jusqu'à ce que Jésus ait mis le doigt sur la plaie. "Va, appelle ton mari, et viens ici ... Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète !" Elle est gagnée.

A l'ouïe d'un de ces rappels de Jésus beaucoup d'âmes, après une chute, sortent comme Pierre pour pleurer leur reniement et se relèvent humiliées mais non abattues, défiantes d'elles-mêmes mais fortifiées.

Ces appels à la conscience ne doivent rien avoir de la rigidité d'une âme qui s'érige en juge, ils doivent exhaler comme ceux de Christ beaucoup d'amour, de compassion, de sympathie, de compréhension de toutes les positions, de toutes les tentations.

La conscience ainsi réveillée, redevenue le porte-voix de Dieu, nous apparaît alors comme un puissant garant de la sincérité de notre christianisme. Aucun placage religieux, aucune vaine apparence, aucun sentiment d'emprunt, aucune activité servile, ne sont plus supportables à la conscience réveillée; c'est la richesse du sentiment religieux sans cesse renouvelé, qui fait plus pour la gloire de Dieu que beaucoup de discours; la communication est rétablie avec Dieu et sa voix se fait entendre distincte dans le silence d'une âme devenue indifférente au vain bruit du monde.

Enfin Jésus ne poursuit pas ceux à la conscience desquels Il a parlé; il laisse s'en aller le jeune homme riche; Il appelle, Il place l'avertissement sur la conscience en quelque sorte et laisse faire ! Ne serait-ce pas plus souvent qu'en éducation nous devrions suggérer plutôt qu'imposer, proportionellement à l'âge de nos enfants et de plus en plus ils arrivent à la raison, respectant leur liberté et agissant avec la dignité de Dieu qui jamais ne nous contraint. Laissons aux consciences le temps de parler, d'agir ! C'était à l'instar de Jésus le mode de faire d'un grand prédicateur de réveils qui a amené au salut des centaines d'âmes. Il semait mais ensuite des semailles il ne se tenait pas toujours là, déterrant pour voir pousser la graine.

D'ailleurs plus on fait sentir à l'enfant que l'on compte sur sa conscience, plus on a des motifs positifs d'y compter. Dans la vie de famille, c'est l'inauguration des vrais bons rapports; dans la vie individuelle, la vraie liberté intérieure par l'accord avec soi-même et avec Dieu, la vraie sérénité, la vraie paix, la vraie puissance de décision et d'action.

Mais tels de nos enfants et j'en connais, loin d'avoir une conscience endormie, l'ont timorée ! A ceux-là faisons sentir bien fort que Dieu répare, pardonne, que si les erreurs de conscience sont possibles, l'erreur sincère, aux yeux de Dieu, n'est pas le péché. Les consciences maladives sont à soigner comme les corps qui ne sont pas en santé et il y aurait un danger réel à favoriser la manie du regret.

Autrement l'éducation de la conscience ne peut être envisagée trop sérieusement, ni les éclipses de conscience assez nettement signalées. Ne restons jamais dans les généralités avec les enfants dans ce domaine; habituons-les à mettre de la conscience dans tout, dans leur travail, dans leurs jeux, dans l'emploi du temps et de l'argent, dans leurs rapports avec leurs camarades; habituons-les à ressentir du malaise quand ils ont mal fait; prions pour qu'aux heures critiques la conscience, le coeur de nos enfants, batte, ne fut-ce que pour avoir comme David coupé le pan du manteau de Saül et d'avoir été près de succomber à la tentation (11); habituons-les à éprouver le besoin de demander pardon, de réparer; rendons leurs aveux faciles, par notre affection; allons au-devant d'eux pour qu'ils disent toute la vérité, rendons leur sensible le mensonge des exagérations; prévenons-les que si l'on ne peut tuer la conscience, on peut fort bien s'habituer à ne plus l'entendre; familiarisonsles tellement avec l'idée que Dieu voit tout, que même la vue d'une étoile à travers les branches d'un arbre leur paraisse l'oeil de Dieu, tandis qu'ils entendent sa voix dans leur coeur; et rappelons-nous ensemble que si la paix de la conscience est le bonheur: "Christ s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiant notre conscience des oeuvres mortes afin que nous servions le Dieu vivant" (12). Mme G. F.



(1) Il Samuel XII, 2 à 4. (2) Math. V, VI, VIl. (3) Jean VIII, 7. (4) Marc IX, 34.
(5) Marc IV, 40. (6) Marc IX, 29. (7) Marc II, 8. (8) Math. XXlll, 25, 26.
(9) Luc XVIII, 18 à 23.(10) Jean IV, 6 à 20. (11) Samuel XXIV, 6. (12) Hébreux, IX, 14.









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