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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Formation morale (1)

Je ne puis conclure sans réfuter l'objection majeure qu'on avance presque toujours à l'ouïe de ce que nous réclamons: «Les jeunes filles ne se marient pas toutes! il est cruel de les préparer à la maternité, si ce bonheur doit leur être refusé.» Ce reproche nous a été fait avec âpreté par des femmes célibataires.

Nous croyons cette crainte peu fondée et ce point de vue superficiel. Ce qui est dangereux par dessus tout pour la jeune fille, à cet âge, ce n'est pas le rêve de maternité, ce sont les rêves de plaisir ennivrant et de passion. Ce qui est cruel, c'est de la laisser en proie, sans diversion aucune, aux entraînements d'une ambiance où tout conspire pour exalter la soif de sensations, au moment même où s'éveille le trouble des sens. Les tentations périlleuses, ce ne sont pas celles qui évoquent l'enfant, mais bien celles qui l'oublient - et le font oublier! - Quelle est la place faite à l'enfant, dans la littérature romanesque et dans les feuilletons de journaux? Dans les séductions perverses, l'idée de maternité s'éclipse devant celle de jouissances sans devoirs et sans responsabilités. Telle est l'indifférence des jouisseurs pour l'enfant, qu'ils l'escamotent jusque dans le mariage!… Non, l'amour pour l'enfant n'aggrave pas la crise la plus redoutable de la jeunesse; il pourra même quelquefois l'atténuer en présentant à l'imagination l'aspect sérieux de la vie amoureuse et les graves devoirs dont la nature a voulu l'accompagner. Et si le rêve de maternité ne doit pas se réaliser, la déception ne sera pas sans remède, car l'amour pour les enfants trouve à se satisfaire de bien des manières. Il y a des maternités sans pronom possessif, des maternités d'élection, des maternités de l'âme, qui ne sont pas les moins riches en sollicitudes et en joies. Quantité de vocations peuvent ouvrir la voie à ces maternités «de droit divin», depuis l'humble ministère de la bonne d'enfants, jusqu'à celui de l'institutrice à tous les degrés de l'enseignement, à celui de la diaconnesse, de l'infirmière-visiteuse, ou de l'inspectrice de l'enfance; il y a le service des hôpitaux et des cliniques infantiles, celui des asiles, des orphelinats, des colonies de vacances; la direction de pensionnats d'enfants malades ou bien portants.

Et si la profession choisie n'offre à la jeune fille aucune de ces occasions, la vie peut y suppléer, les relations de proche parenté ou d'amitié, les charges de tutrice ou de marraine, la participation active aux Å“uvres de protection de l'enfance dans toutes leurs variétés.

C'est vers ces maternités électives et vers ces maternités sociales qu'il faut diriger dès l'abord le regard des jeunes filles et non seulement leur regard, mais leur activité. Car, - je veux le souligner ici, - les jeunes ont aujourd'hui une mission qui leur est propre, mission déjà féconde et de vaste portée. C'est dans les groupements de jeunesse, par l'influence des aînés sur les cadets, que s'exerce à cette heure, - j'ose le dire - l'effort le plus efficace d'orientation et de préservation morale de la génération qui nous suit. La plupart des jeunes gens et des jeunes filles qui se tournent à présent résolument vers le bien doivent le premier élan à l'inspiration d'un camp de vacances, d'Union cadette, d'Eclaireurs et d'Eclaireuses, ou d'autres groupements analogues. L'influence des parents, des pasteurs et des instituteurs pâlit - si même elle ne s'éclipse - devant l'ascendant de ces influences jeunes. Quiconque a vu de près les résultats obtenus par un de ces inspirateurs, d'un sexe ou de l'autre, me donnera raison. C'est par eux, c'est par elles que les impulsions décisives se donnent, c'est d'eux et d'elles qu'elles sont reçues le plus volontiers et qu'elles se montrent le plus durables. Aussi voyons-nous avec grande joie les Eclaireuses, notamment, accueillir nos idées d'éducation maternelle avec tant d'intelligence et d'entrain. Instruites par leurs expériences, affermies par les résultats moraux déjà obtenus, en vertu de la discipline et de l'organisation géniale qui est la leur, les Eclaireuses saisissent d'emblée la portée pratique de nos revendications et sont désireuses, sans plus attendre, de les réaliser. Nous fondons sur les Eclaireuses de joyeux espoirs.

En affirmant cette influence prédominante des jeunes sur les jeunes, j'entends parler des garçons aussi bien que des jeunes filles. Et ceci m'amène à un autre reproche qu'on nous fait, celui de négliger les garçons. Nous ne les oublions nullement. La formation des pères nous intéresse tout autant que celle des mères. Seulement, c'est un autre sujet d'études et d'investigations. Les voies à suivre sont autres parce que le point de départ est différent. De toute évidence, le fondement de la morale est le même pour les deux sexes, ainsi que le but ultime à atteindre par l'éducation. Mais les caractères physiologiques et psychologiques de son sexe donnent à l'âme de la femme des tendances spéciales, qu'on ne saurait ignorer. Il serait mal avisé de ne pas cultiver ces aptitudes naturelles autant qu'elles peuvent l'être. Chacun des traits caractéristiques des deux sexes doit être développé pleinement, puisque leur destinée est non de se confondre mais de s'unir, et que le génie propre à chacun d'eux, doit contribuer à la puissance de leur association, soit dans la vie conjugale, soit dans les activités collectives.

Tout ce que nous avons dit de l'éveil de la conscience morale chez les tout petits est vrai des deux sexes. Mais celle qui assiste à cet éveil aussi bien chez le garçon que chez la fillette, c'est la mère ou la femme qui la remplace. Or c'est ce rôle d'éveilleuse qu'il s'agissait aujourd'hui de mettre en lumière, pour démontrer la nécessité d'y être prépare. Le père, assurément, collabore à cette tâche, s'il remplit son devoir, mais son intervention - parfois décisive,est toujours occasionnelle. Il était indiqué de s'occuper en premier lieu de la mère et de sa formation. Une autre année, des «Journées» comme celles-ci pourront aborder, peut-être, la question de la formation paternelle, et rechercher en quoi ces deux tâches éducatives diffèrent et par quoi elles se ressemblent. Ayant en vue ici des innovations concrètes, des initiatives à prendre, nous ne pouvions rester sur le plan des généralités abstraites, le souci de l'application devait nous porter à sérier les questions.

Sans préjudice, donc, de ce qui pourra être proposé encore, en une autre occasion, pour développer chez l'homme, par l'éducation, la conscience des responsabilités paternelles, je me bornerai pour aujourd'hui à conclure: développons rationnellement chez toutes les jeunes filles les aptitudes, naturelles du cÅ“ur féminin pour l'amour de l'enfant et pour son éducation, car ces dons, développés comme ils peuvent l'étre et orientés vers le bien, contiennent des puissances incalculables pour le bonheur des familles, et de cette famille agrandie que doit devenir la société.

Nous ferons un tirage à part de la conférence de Mme Pieczynska et espérons que nos abonnés prendront à cÅ“ur de la répandre.

Nous adresser de suite les commandes. Prix: franco, 25 ct. les 10 exemplaires, 2 fr. – les 100 ex., 6 fr.


(1) Voir les numéros d'août et septembre.









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