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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Véracité

S'il est nécessaire, dans l'éducation, de dire toujours la vérité, rien ne nous oblige à la dire d'une manière désagréable pour l'enfant. Est-il tout absorbé par son jeu quand sonne l'heure du coucher, point n'est besoin de l'en arracher brusquement. Il est permis, et même de bonne pédagogie, de lui faciliter là transition par ces petits récits d'imagination dans lesquels excellent tant de bonnes éducatrices. «J'entends un petit lit qui t'appelle». On connaît ces thèmes, sur lesquels on peut broder à l'infini des histoires que l'enfance affectionne. Il ne faut pas confondre le mensonge et l'appel à l'imagination, quand celui-ci donne la vérité sous une forme aimable… On ne fait pas aimer la vérité en la présentant toujours sous une forme dure et froide.

L'enfant doit être libre de dire sa vérité dans les jugements qu'il porte.

Les rapports des enfants entre eux et avec les adultes provoquent de nombreux frottements et conflits. Peu enclin de par sa nature à chercher la faute en lui-même, l'enfant en voit toujours la cause chez les autres; et, avec sa promptitude habituelle, il formule son opinion sur ceux-ci. Il est évident que ces jugements sont le plus souvent faux, trop sévères; car s'il est toujours difficile, même pour les adultes, de juger avec équité, l'expérience et le sens psychologique nécessaires font complètement défaut à l'enfant. N'oublions pas, cependant, que celui-ci, en énonçant ses jugements, dit sa vérité, c'est-à-dire la vérité telle qu'il la discerne. Or, dans ces cas, quelle est l'attitude que nous dicte le respect de la vérité?

Nombreux sont ceux qui estiment que les enfants n'ont pas le droit d'avoir des opinions, moins encore d'émettre des jugements, surtout sur leurs parents et leurs maîtres. Cela m'a toujours semblé étrange. La faculté d'observer et de juger ne marque-t-elle pas l'éveil de l'intelligence?

Si l'on voulait défendre aux enfants de juger, on devrait aussi leur défendre d'observer, c'est-à-dire d'avoir des yeux et un cerveau. Du reste, de pareilles défenses sont absolument vaines. On n'étouffe pas les manifestations naturelles de la vie. Les réprimet-on d'un côté, elles se fraieront un chemin de l'autre. La politique d'autruche que suivent certains éducateurs est inconcevable; l'opinion que vous défendez d'énoncer se forme quand même, et elle s'énoncera aussi; car le cÅ“ur a besoin de cette «décharge» et si vous refusez de l'écouter, il reportera sa confiance sur quelque autre et cela à votre désavantage, sinon à son propre détriment.

Laissez donc vos enfants épancher tout leur coeur auprès de vous. Ecoutez leurs critiques, si impitoyables soient-elles, sur leurs camarades, sur leurs maîtres, sur… vous-mêmes.

Le premier avantage d'une telle franchise, c'est que les enfants ne s'éloignent pas de vous. Le deuxième, que vous apprenez à les connaître tels qu'ils sont et non tels qu'ils feignent d'être par respect de votre autorité. Le troisième, que par votre jugement plus mûr et plus clément, vous pouvez influencer le leur. Si l'enfant a tort, il faut le lui dire carrément. Il n'est pas aussi facile de le lui faire avouer; car chez lui, plus encore que chez l'adulte, la passion obscurcit le jugement et même sa vision des faits. Ne lui dites pas à brûle-pourpoint «Tu mens!» C'est lui faire tort. Il ne ment pas, il dit sa vérité.

Mais si les enfants ont raison et, notamment, vis-à-vis d'adultes, à qui leur position confère une autorité morale: maîtres, pasteurs? Faut-il alors, par crainte de désavouer ceux-ci, bâillonner la jeunesse? Jamais! Il n'y a qu'une seule autorité à maintenir, c'est celle de la vérité. Qui la viole, viole la nature morale des enfants, qui l'honore, les élève.

C'est du reste une grande erreur de croire que ce soit nuire à une autorité réelle que de respecter la vérité, même défavorable…

L'autorité des parents n'en souffrira point, au contraire, elle deviendra plus efficace et plus durable, parce que libérée de tout mensonge. Il en est de même des autres éducateurs. Si l'enfant voit leurs défauts, ce qui arrive infailliblement, ne cherchons pas à les cacher… Mais, s'il les juge trop sévèrement, cherchons à éclairer son jugement. Ne le trompons pas par des apparences, mais enseignons-lui, s'il voit une partie de la réalité, à la voir toute entière. Alors son indignation fera souvent place à de la compassion, sa critique à de la compréhension et à un retour sur lui-même.

La vérité est-elle donc la première des vertus? Non, car elle doit être la servante de l'amour.

Il ne faut pas violer la vérité en prétendant servir l'amour, mais il faut, sans jamais la violer, la mettre au service de l'amour.









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