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À qui appartient l'enfant?

"L'enfant n'appartient pas aux parents... A qui appartient l'enfant ? A lui-même. Il est une personne humaine. Si je parlais la langue de ceux qui m'interrompent, je dirais qu'il est une créature de Dieu n'appartenant à aucune créature".

Cette parole, prononcée à la Chambre des députés par M. F. Buisson, a été accueillie, paraît-il, par les protestations violentes du centre et de la droite et par le silence étonné de la gauche.

Une telle affirmation est hardie en effet, et vraiment nouvelle dans ce milieu où trop souvent on prend les mots pour des idées, où trop rarement on sait remonter, à travers l'enchaînement des faits et des conséquences, jusqu' aux principes.

Pour nous, quand nous avons lu cette parole, nous avons tressailli, comme s'il nous arrivait, avec un accent très moderne, un écho des enseignements évangéliques. Nous avons pensé à celui qui fut un enfant soumis et qui cependant revendiquait, à l'âge de douze ans, le droit de s'occuper librement des affaires de son Père; à celui qui plus tard, renversant les notions établies, donnait en exemple les enfants aux grandes personnes et non les grandes personnes aux enfants; à celui enfin qui a proclamé la valeur de l'âme de l'enfant et insisté sur le respect qu'on lui doit. "Celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui eût pendu au cou une meule de moulin et qu'on l'eût jeté au fond de la mer".

Voici l'antique notion, païenne et égoïste, de l'autorité paternelle: L'enfant appartient aux parents. Il est leur propriété, leur chose. Ils ont sur lui des droits avant d'avoir envers lui des devoirs.

Nous connaissons les fruits qu'elle porte.

On considère l'enfant comme un jouet. On s'amuse avec lui, ainsi qu'avec un gentil animal. On pare la petite fille comme une poupée et on la promène avec orgueil. On exhibe le petit garçon qui récite, tel un perroquet bien dressé, la poésie qu'il a déjà récitée cent fois. On raconte, avec un grand luxe de détails, d'explications et d'embellissements, leurs mots, leurs naïvetés, parfois leurs sottises.

On fait de lenfant une idole. On lui passe tous ses caprices. On lui accorde les friandises qu'il demande. Quand il pleure, on s'empresse avec une tendresse alarmée. Quand il dort, tout doit se taire. Il est le centre autour duquel gravite la vie domestique. Ses parents sont ses esclaves; pour autant ils ne respectent pas son âme.

On regarde l'enfant comme un embarras. A grand renfort de criailleries et de reproches plus ou moins justifiés, à coups de taloches plus ou moins méritées, on lui inculque l'amour et la reconnaissance dus aux parents.

On voit dans l'enfant une ressource. Sous le prétexte le plus futile, commission à faire, travail à la maison ou dans les champs, il manquera l'école. Qu'importe son développement intellectuel, moral et même physique. Il faut qu'il gagne le plus tôt possible et qu'il rembourse ce qu'il a coûté.

L'enfant sera un successeur. Quels que soient son tempéramment et ses aptitudes, il suivra la carrière de son père dont il doit avoir, par définition, les goûts, ou telle autre que ses parents choisissent. Il continuera la tradition de la famille, ou la modifiera, à leur gré.

L'enfant devient... Mais à quoi bon poursuivre cette énumération. Si l'enfant est la propriété de ses parents, ils peuvent à l'infini varier à son égard leurs intentions et leurs procédés; ils feront peut-être de lui, par instinct ou par hasard, quelqu'un, d'autant plus que Dieu travaille sans cesse à réparer les dommages causés par la folie humaine.

Leur faute demeure toujours grave, en elle-même et par ses conséquences, d'avoir agi en égoïstes.

Voici maintenant la notion chrétienne et libérale de l'autorité paternelle: L'enfant n'appartient pas aux parents. Il s'appartient à lui-même. Il est une personne humaine, une créature de Dieu. Ses parents ont envers lui des devoirs avant d'avoir sur lui des droits.

Quels devoirs ?

N'insistons pas sur le devoir, en quelque sorte élémentaire et admis en principe par tous, de donner aux enfants la nourriture et le vêtement. Passons également sur le devoir, un peu plus négligé, de surveiller leur instruction et leur tenue. Allons plus profond.

Les parents qui tiennent leur enfant pour une personne humaine, pour une créature de Dieu, ont le devoir de chercher à le bien connaître. Ils doivent s'y prendre de façon que cette âme, loin de se fermer à leur approche, s'ouvre avec confiance et livre ses pensées. La tentation est grande de traiter légèrement, avec un peu de mépris, ces préoccupations enfantines. Il faut pourtant savoir les comprendre. Et on y arrive avec de l'attention et de la bonté. Comme nous nous courbons pour soigner les fleurs de nos jardins, sachons nous baisser aussi vers nos enfants pour les voir de près.

Et puis, forts de leur expérience, le père et la mère ont le devoir de diriger cette jeune plante. Ils la redresseront, mais avec des égards et sans brusquerie. Ils agiront plus par l'influence morale et par l'exemple que par la contrainte. Ils éviteront de multiplier les défenses légales qui font abonder le péché. Ils chercheront moins ce qui leur convient à eux que ce qui convient à leur enfant. Leur discipline tendra non à étouffer les énergies naissantes et à les contrarier, mais plutôt à les aider à se développer librement et à les diriger vers le bien. Il faut sans doute que l'enfant apprenne à obéir, mais en comprenant pourquoi, et qu'ainsi il s'habitue de bonne heure à substituer à l'obéissance légale et extérieure l'obéissance morale et libre.

Sur cette voie, il découvrira que s'il s'appartient, c'est pour se donner à Dieu et aux autres. Il prendra conscience de la place qu'il doit occuper dans la création et dans la société, comme dans la famille. A son tour il se considérera comme une personne humaine et une créature de Dieu.

Pères et mères, ne laissons pas à l'abandon l'âme de nos enfants, au risque de nous préparer pour plus tard d'amers regrets. Agissons à leur égard avec une fermeté tempérée de respect, avec une vigilance qui n'excluera pas la bonté. Prions pour eux; nous aussi pour nous, afin de bien comprendre notre devoir à l'égard de ceux qui nous sont confiés et de le remplir de telle sorte qu'aucun d'eux lne devienne une non-valeur devant Dieu et devant les hommes.









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