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Accompagner sa mère en fin de vie
Puisque plusieurs années ont passé, je peux témoigner maintenant de ce temps où ma mère n’était plus au meilleur de sa forme et en fin de vie. Elle n’avait plus totalement ses facultés et toute la famille s’est alors mobilisée pour l’entourer et l’aider à rester chez elle, car c’était son désir le plus cher.
Ses enfants, ses belles-filles, ses petits-enfants jeunes adultes et sa soeur ont contribué à son encadrement. Très vite nous nous sommes aperçus que l’aide que nous pouvions apporter était insuffisante et qu’il fallait composer avec l’aide à domicile, puis le foyer de jour pour deux demi-journées par semaine. Grâce à des contacts réguliers entre tous ceux qui apportaient leur aide il y a eu un mouvement convergent et harmonieux qui a permis à notre mère de se sentir aidée et non étouffée par toutes les personnes qui venaient.
Il y a eu quelques différents qui se sont réglés à chaque fois, car l’intérêt et les besoins de notre mère étaient au centre de la discussion plutôt que la manière de faire. Dans ce qui lui était apporté, il y avait l’expression des particularités de chacun et il nous a semblé aussi important qu’elle reçoive des soins différenciés et que chacun les donne avec sa personnalité. Grâce à cela maman a gardé la possibilité d’être avec chacun de nous dans un lien personnalisé.
Dans cet accompagnement, ce qui nous a coûté (et à moi bien entendu aussi) a été de nous adapter au changement. Nous avions connu une femme dynamique, entreprenante, joyeuse et cela n’était plus. Elle devenait craintive, peu sûre d’elle et parfois en colère car elle sentait qu’elle ne pouvait plus se déplacer sans se perdre. Nous avons dû accepter cette perte de compétences et servir de relais afin de lui permettre d’organiser sa vie autrement.
Elle qui se débrouillait pratiquement seule a eu de la peine à accepter notre aide sans se sentir mal. Finalement elle a admis ses difficultés tout en ne voulant pas qu’elles lui soient trop souvent répétées. C’est elle qui nous demandait si c’était bien que nous soyons à ses côtés et, par une réponse affirmative, elle se tranquillisait et se laissait aider.
Nous avons dû faire le deuil de la personne qu’elle avait été et accepter cette mère devenue dépendante. C'est douloureux pour la famille mais ce que nous percevons difficilement (et nous devons y être attentifs) c’est que pour elle c’est encore plus douloureux car, de temps en temps, elle a conscience de ne plus être à la hauteur. Donc l’estime de soi en prend un méchant coup et la personne qui ne se sent pas acceptée va soit se taire et souffrir, soit s’exprimer par la colère et aussi peut-être par un comportement bizarre. En fait c’est une réaction à la nonacceptation de la maladie. Grâce à une entente familiale et aussi une entente avec les différents intervenants nous avons pu éviter ces écueils. Nous avons partagé nos vécus et, ainsi, notre mère a reçu ce dont elle avait besoin. Elle a souffert de son état mais je crois qu’elle s’est sentie accompagnée dans la fin de sa vie. Elle nous a témoigné de la reconnaissance, de notre côté nous lui avons montré notre amour.
Pour conclure, je dirais qu’il y a un mot-clé: «ensemble», cela me paraît essentiel dans ce dernier parcours avant de se quitter.
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