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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Papa et l’allaitement

Les réactions d’un jeune père français, lecteur de notre journal.
Lorsque nous attendions notre premier enfant, comme tous les parents nous nous sommes posés la question du mode d’alimentation que nous choisirions pour lui. Nous avons opté pour le biberon, suivant les conseils du corps médical de l’époque. Je me résignais à cette solution, tout en la regrettant.
Pour notre deuxième bébé, nous avons à nouveau discuté du sujet pendant la grossesse. J’encourageais ma femme à tenter l’expérience de l’allaitement, mais elle refusait catégoriquement.
A la naissance du troisième, ma femme accepta enfin d’essayer de le nourrir au sein. J’étais fier et heureux de l’avoir convaincue.
Alors que pour les deux premiers enfants, un garçon et une fille, j’avais participé activement à leur alimentation, mon rôle pour l’éducation du troisième pendant les premiers mois, s’est tout à coup limité aux tâches les moins intéressantes. Je me contentais de regarder ma femme et ma fille d’un oeil presque jaloux, attendant avec impatience la fin de la tétée pour pouvoir enfin prendre Eva dans mes bras, la tenir pour son renvoi, la changer, la laver et l’habiller.
Je sentais que ma relation avec ce troisième enfant était très différente de celle que j’avais eue avec les deux premiers. J’avais l’impression que ma fille me regardait comme un étranger, comme si, pour elle, je n’étais rien d’autre qu’un figurant. Je n’étais pas celui qui donnait la nourriture, mais juste un intendant.
C’est à partir de ce moment-là que je me suis rendu compte à quel point le temps des biberons avait été important pour créer des liens de complicité avec le bébé. J’avais maintenant un sentiment de frustration intense de ne pas pouvoir participer plus complètement à l’épanouissement de notre fille. Je guettais donc le moment où j’allais enfin pouvoir lui donner à manger.
Mais ma femme voulait allaiter le plus longtemps possible, jusqu’à la reprise de son travail, c’est-à-dire neuf mois après la naissance. Alors, le jour où nous lui avons donné son premier biberon, j’ai voulu le faire moi-même. Je me souviendrai longtemps du regard de ma fille avec ses yeux interrogateurs qui semblaient me demander: «Mais que fais-tu? Ce n’est pas toi qui me donne à manger habituellement?». Je sentais que je retrouvais enfin ma place de père.
Aujourd’hui mon entourage me fait souvent remarquer que je suis plus attentif à cette petite dernière qu’aux deux autres. Je prends plus de photos d’elle, je suis plus câlin, je joue plus souvent avec elle… Est-ce que inconsciemment, en voulant rattraper un retard, j’aurais tendance à en être plus proche?
C’est une attitude que j’essaie de bannir, car je veux élever mes enfants sans susciter de jalousie entre eux.









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