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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURLes caramels de Tante Blanche Il y a longtemps, le jour de mes fiançailles, j’avais été initiée aux caramels de Tante Blanche, la marraine de mon futur mari. Elle m’en avait en effet apporté un grand cornet et, avec la gaieté et le charme qui la caractérisaient, elle m’avait embrassée avec passion, tellement contente de me voir entrer dans sa famille… Ces caramels absolument délicieux, blancs, épais, qui fondent dans la bouche, étaient sa spécialité. Depuis ce jour, faire des caramels d’après la recette de Tante Blanche est devenu une tradition de Noël dans notre famille. Année après année, le même petit jeu recommence. C’est-à-dire une sorte de trac qui me prend quelques jours avant Noël, une sorte de bataille intérieure avec moi-même, car je n’ai pas très envie de les faire! Il faut dire que cette recette prend au moins deux heures, qu’il faut rester debout pour remuer la masse et que ce n’est pas toujours facile de les réussir. Quelquefois il sont trop mous ou alors trop durs! Parfois, à l’approche de Noël, j’annonçais d’un ton autoritaire: «Cette année, je renonce à faire des caramels!». J’entendais alors inlassablement des petites voix qui me disaient: «Ah! non maman, pas de Noël sans caramels!». Alors certains de mes enfants m’aidaient à les remuer et à les battre à froid quand ils deviennent crémeux. D’autres attendaient patiemment de lécher et de racler la casserole. Maintenant, les enfants sont partis et je continue à en faire. Quelle joie le jour de Noël de pouvoir distribuer des petits paquets et d’en garnir la table! La veille de Noël j’ai beaucoup hésité: trouver ces deux heures était difficile et je me sentais trop fatiguée. J'avais plein d’excuses du genre «il faudrait casser ces traditions, les autres peuvent aussi en faire, je n’ai qu’à en acheter, etc.» Eh! bien, malgré tout, je les ai faits, ces sacrés caramels et ils sont réussis! Je n’avais personne pour m’aider, cette fois, et mon mari m’a retrouvée épuisée, tard le soir, essayant de vider la grande casserole sans me brûler et il m’a grondée… Je n’étais pas raisonnable, tout juste s’il ne m’a pas dit que j’étais trop vieille pour faire «ce genre d’exercice»! Je n’ai même pas réagi, car il ne peut pas comprendre. J’ai passé deux heures avec Tante Blanche, les souvenirs, son sourire, sa joie de vivre. Et puis, les traditions sont importantes pour moi. Arrêter, ce serait mourir un peu… |
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