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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURFumer, pourquoi ? La première bouffée de tabac reste le certificat de passage de la vie d'enfant à la vie d'adulte. Témoin cette déclaration de Marie, dix-sept ans: «J'ai commencé à treize ans avec mes cousines en vacances. Pourquoi ? Parce que c'était interdit, et puis tout le monde fumait, sauf moi ; alors…» Mais derrière cet écran bleu se cache une réalité plus cruelle. On allume sa première cigarette « pour faire comme les copains », mais, les médecins l'ont enfin compris, on « grille » les suivantes pour éloigner ses angoisses. Et les adolescents en pleine crise ont beau parler de cigarette-plaisir, c'est bien souvent d'une cigarette-médicament dont il s'agit. Une véritable drogue Si les adultes sont les champions de la consommation de tranquillisants dans le monde, les enfants se contentent de ce qu'ils ont à portée de la main : la cigarette. Car le tabac est bel est bien un anxiolytique. C'est simple, ça s'achète sans ordonnance et ça console. D'ailleurs, les adolescents ne s'y trompent pas. 71 % d'entre eux avouent fumer « parce que ça calme ». A preuve ce constat de Jean-Sébastien, quinze ans : « L'année dernière, je me suis mis au cigarettes pour faire comme les autres. Au début, j'en prenais une de temps en temps. Maintenant j'ai besoin d'un paquet par jour pour me « sentir bien ». Peut-être que je regretterai d'avoir commencé, mais pour l'heure je ne me pose même pas la question. » A cela la réponse de Marie-Anne : « J'ai commencé à m'arrêter, mais c'est impossible, je ne tiens pas plus de trois jours. C'est l'angoisse, c'est comme un drogue. » Et ce dernier mot n'est pas trop fort. Car, c'est indéniable, la cigarette ouvre la porte à des « fumeries » moins légales. Côté santé Côté santé, c'est après vingt ou trente ans de tabagisme que la facture arrive à échéance. Mais, même si les jeunes fumeurs ne présentent pas de troubles graves, ils ne se portent pas aussi bien que leurs congénères « abstinents ». On l'a en particulier prouvé chez un groupe d'adolescents entraînés à courir. En douze minutes, les non-fumeurs couraient en moyenne trois kilomètres contre deux kilomètres six cents pour les fumeurs. Avant que ces derniers n'aient soufflé leur vingtième bougie, ils ont donc bel et bien perdu quatre cents mètres. Partis en fumée ! Ces « aspirateurs à goudron » sont, en revanche, les champions de la grippe. L'usage du tabac affaiblit leur réponse immunitaire. Une étude menée en Grande-Bretagne a mis en évidence la fréquence de leur absentéisme scolaire. Cercle vicieux: la cigarette favorisant rhume et toux, ils se font très fréquemment «porter malades». Dès lors, leurs résultats scolaires ont tendance à baisser. Anxiété. ..Alors, ils sèchent les cours et courent les sèches ! Certaines filles fument aussi pour maigrir. La première cigarette allant très souvent de pair avec le premier régime. C'est l'attrait de la cigarette coupe-faim. On allume les premières pour s'éloigner du réfrigérateur, les secondes par peur de reprendre des kilos ! Business et publicité Tous les ans et dans le monde entier, deux millions cinq cent mille nouveaux fumeurs -principalement des jeunes et des femmes -sont recrutés par l'industrie du tabac. Il faut bien compenser le nombre considérable des adultes ayant renoncé à la cigarette. En Suisse et en France, la publicité pour le tabac est interdite à la télévision. Mais le sponsoring fait toujours recette : tous les pilotes de course français, a l'exception d'un seul, sont ISSUS de la filière tabac. Et les marques de tabac s'affichent sur des vêtements, des programmes de jazz, de rock, des dépliants de voyage. Ainsi, la publicité sur le tabac a un impact très important chez les jeunes. Des sondages ont montré que les jeunes préfèrent les publicités sur les cigarettes à toutes autres ! Paradoxalement, la publicité glorifie l'image du tabac par la virilité, l'aventure, les loisirs, le sport et le grand air. Mais le jeune qui croit prendre de l'indépendance en fumant devient esclave d'un système mercantile. Exemple des parents Les enfants de fumeurs inhalent passivement de trente à quatre-vingts cigarettes par an. Et ce tabagisme «transmissible» commence avant même la naissance ! Ainsi, ne l'oublions pas, côté tabagisme, le mauvais exemple fait loi. Lors d'une enquête menée dans un hôpital, service des adolescents, on a constaté que tous ceux qui fumaient avaient au moins un parent fumeur. Dès lors, adultes, nous avons une lourde responsabilité. S'arrêter de fumer c'est casser l'usage du tabac auprès de nos enfants. Quelques chiffres en France 66% des adolescents ont déjà fumé au moins une cigarette. 22% fument régulièrement. La plupart entre 1 et 10 cigarettes par jour, 1% plus d'un paquet. En moyenne, ils ont allumé leur première cigarette à quinze ans, certains ont déjà commencé entre dix et treize ans. Ils fument: pour faire comme les amis (49%), par curiosité (76%), pour faire comme leurs parents, frères ou sÅ“urs (17%). Ils continuent de fumer parce que cela les calme (71 %), parce que c'est bon (54%), pour «frimer» (49%), pour lutter contre la timidité (38%). Ils en «allument une»: quand ils sont entre amis (68%), quand ils dépriment (69 %). Lorsqu'ils sont dans une fête, 73% fument davantage. Quelques chiffres en Suisse Le Suisse fume comme un pompier et fait partie des plus grands consommateurs de tabac en Europe (56 rang) avec 2500 cigarettes par an et par habitant, soit 10.000 cigarettes parfumeur (la consommation moyenne d'un fumeur s'élève ainsi à 26 cigarettes par jour). 36% de la population des quinze-dix-neuf ans fument. L'écrasante majorité des nouveaux fumeurs commence à fumer avant dix-neuf ans. Le fumeur dépense chaque année 1200 francs pour l'achat de ses cigarettes, soit au total pour la Suisse, 2 milliards de francs… |
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