
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Jeux vidéo: Qui s'y frotte s'y pique
Oubliés les trains électriques de grand-papa, finies les courses de Formule 1 avec papa sur mini-circuits en chambre. Les gosses d'aujourd'hui ne jurent que par les jeux vidéo: action, sport, stratégie ou aventure. Ce sont les mots-clés d'un nouveau monde où les jeunes s'enferment pour des mois. En y tolérant parfois leurs parents.
Ils ne sortent plus, ils ne mangent plus, ils ne dorment plus, ils jouent
ou ils râlent
Ils râlent s'ils n'ont pas obtenu pour Noël la console de jeux vidéo tant espérée. Ou ils jouent -sans discontinuer- parce qu'ils ont reçu ce gadget informatisé tant attendu. Ou mieux encore, pour les plus gâtés qui l'avaient depuis des mois déjà, parce qu'ils ont enfin acquis la dernière cassette de jeu à la mode dont tout le monde parle.
Et ils jouent, et ils jouent et ils jouent. Ils se battent à l'épée sous les traits de Trojan le valeureux chevalier, évitent la Troisième Guerre mondiale à coups de missiles aux commandes de leur F14 de l'US Air Force ou escaladent des châteaux forts pour délivrer de pauvres princesses enchaînées. Qui trouvera le premier l'astuce pour supprimer le dragon à cinq têtes? Qui découvrira les clés cachées pour franchir les portes des palais inaccessibles ou des souterrains camouflés? Qui repérera le labyrinthe qui conduit à la potion magique indispensable pour s'aventurer dans un nouveau monde?
Ils sont à genoux, les mômes, à genoux sur le tapis, devant la TV et s'acharnent sur leur bouton «A», leur bouton «B» et leurs manettes plus ou moins élaborées pour sauver leurs «dernières vies». Ils gesticulent, s'énervent, sautent en même temps que leur héros cathodique, qui évite projectiles et coups mortels. Et ils tuent l'ennemi ou succombent sous ses assauts répétés.
Différents types de jeux
Quelle que soit la marque de la console de base, les jeux se classent en divers genres. La «série action» vous garantit lutte, combat, tuerie, car, hélas, elle privilégie la violence sous tous ses aspects.
La «série sport» permet - avec des graphismes plus ou moins impressionnants - de courir les Grands Prix motocyclistes ou automobiles, de rejouer la World Cup Italia 90, de pratiquer tennis, golf, hockey sur glace, basket-ball ou même baseball; ça vaut amplement le baby-foot d'antan, le croquet, le minibillard ou tout autre jeu d'adresse, y compris le yoyo et le bilboquet.
Mais, outre les catégories stratégiques et éducatives, c'est la «série aventure» à laquelle on ne résiste pas: le joueur part vers l'inconnu entre science-fiction, horreur et conte de fées. Mieux que le meilleur des livres puisqu'il y a l'image. Mieux que la plus géniale des BD puisqu'il y a le son. Et surtout l'obligation de résoudre énigme sur énigme pour progresser; et ce besoin croissant de s'accrocher pour franchir l'étape suivante.
Exemple d'un jeu
Entrez dans «Wizard and Warriors» par exemple. Il vous faudra facilement trois ou quatre soirées pour découvrir qu'on quitte la forêt en grimpant à travers les arbres, puis localiser et atteindre l'entrée du tronc qui permet d'accéder aux souterrains. Quelques journées de patience ne seront pas de trop pour maîtriser les fantômes et araignées géantes qui surgissent à chaque étape. Enfin des semaines ou des mois vous amèneront au pied du château. Ne restera alors
qu'à l'escalader avant d'y pénétrer pour affronter squelettes, têtes de morts et monstres en tous genres. Un ou deux week-ends à plein temps n'y suffiront sans doute pas. Sauf si vous êtes pratiquant acharné et de longue date des jeux vidéo.
Le plaisir de se surpasser
Pourquoi le jeu vidéo provoque-t-il aujourd'hui une véritable passion chez les enfants de huit à quatorze ans? Que porte-t-il en lui qui peut amener tant de jeunes à s'y réfugier dès le moindre temps libre (en moyenne une heure par jour, le minimum étant d'une heure par semaine et le maximum de huit heures par jour, pendant les vacances)?
Le jeu vidéo est l'occasion d'un défi permanent entre l'intelligence, la sagacité, la pugnacité de l'enfant et la complexité des situations que la machine met en oeuvre. Il propose à l'enfant un condensé de situations inédites devant lesquelles il va tenter de mettre en Å“uvre ses capacités intellectuelles récemment acquises: pensée binaire, capacité d'abstraction, projection et déduction, construction de raisonnements complexes. Ainsi, pour réussir, il faut au minimum habileté, clair-voyance, esprit de déduction, curiosité, courage et
patience, patience, patience.
Même le plus passionné des joueurs ne s'identifie jamais au héros du jeu. Quand ils avouent rêver de leur jeu, les plus «allumés» ne font pas des rêves de gloire où, habillés d'armure, ils éliminent à coup de laser monstres et autres avatars. Ils rêvent plus simplement de tactiques, méthodes, trucs pour résoudre telle ou telle situation dont ils n'ont pas trouvé la solution.
Il y a les copains qui, eux aussi, sont engagés dans la même aventure, eux aussi ont leur jeu. On échange infos, trucs. Le jeu vidéo, c'est aussi une solidarité entre les enfants qui, loin d'être confinés dans un égoïsme forcené, se téléphonent, se rencontrent, s'échangent les informations.
Bien sûr, il n'est pas la panacée, notamment quand il entre en concurrence avec le travail scolaire. Comme toute passion, il est nécessaire de la juguler pour éviter l'obnubilation ou la fatigue. Et c'est bien la tâche des parents: de partager les passions de leurs enfants, mais aussi de les limiter à un temps raisonnable.
|
|
|