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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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L'esprit de critique

Chacun se croit en droit de faire péniblement sentir aux enfants qu'ils commettent erreur sur erreur, sans réfléchir qu'ils unissent toute la susceptibilité des grandes personnes aux défauts de leur âge.

Un enfant qui ne rencontre que des regards irrités, qu'on reçoit à tout propos avec un reproche, finit bien vite par se réfugier dans un silence morose et une indifférence maussade.

Voyez cet écolier débordant de vie et d'entrain. Il se précipite à la maison le coeur tout plein de quelque petite aventure qu'il est pressé de confier à sa mère. Voici comment il est accueilli :

- Ferme donc la porte, tu la laisses toujours ouverte! et tes souliers! ils sont couverts de boue; on a beau te répéter que tu dois te frotter les pieds, c'est inutile.

- Bon, ta casquette est sur le sopha; à quoi servent les patères, je te prie?

- Henri, mets ton ardoise à sa place!

- Qu'as tu fait, mon pauvre enfant, pour te salir pareillement les mains ?

-Tu vas casser les ressorts de cette chaise, en sautant de la sorte.

- Ciel! comme te voilà coiffé! va brosser tes cheveux.

- Quel garçon! n'a-t-il pas arraché tous les galons de sa blouse!

- Comme tu cries! ta voix nous perce le tympan.

- C'est toi, je pense, Henri, qui as cassé la carafe?

- Je suppose que c'est lui qui a émoussé mon rasoir.

- Henri a écrit ses devoirs sur mon pupitre et a réussi à salir trois feuilles de mon meilleur papier.

Ces remontrances sont trop justes, hélas! un point seul demande examen. Si vous étiez, à votre tour, obligé de subir un assaut de critique pareil à celui qui vient de saluer le pauvre Henri, en profiteriez-vous beaucoup mieux garderiez-vous tout votre calme, toute votre égalité d'humeur? - Certes non... mais vous n'êtes plus des enfants, et les grandes personnes ont des droits qui veulent être respectés. Chacun n'a pas le droit de vous dire ce qu'il pense de vos faits et gestes, et, s'il le tentait, vous lui feriez regretter son imprudence.

Pour rendre à la famille la paix et la sérénité, il faudrait tout d'abord remettre en honneur une vertu chrétienne fort appréciée des auteurs mystiques, et trop oubliée de nos jours: je veux dire le silence. Il n'y a pas de mots assez éloquents, de langue assez forte pour exprimer sa valeur, et, comme le dit un vieux proverbe: la parole est d'argent, mais le silence est d'or.

J'entends bien des voix s'écrier autour de moi: que deviendront nos enfants, nos serviteurs, tout le monde enfin, si nous fermons nos yeux et notre bouche ?

Certes, le mal doit être signalé et corrigé, c'est le devoir des chefs de famille et de tous les vrais amis, mais, si nous nous jugeons impartialement, nous conviendrons que trop souvent l'esprit de critique s'exerce sans qu'il en résulte aucun bien, et sans qu'il ait même la prétention d'en faire. Une sage réprimande adressée à des oreilles attentives est peut-être la plus rare des choses rares dont parle Salomon. Il y a tant de personnes vraiment pieuses qui ne savent mettre aucune charité dans cette office. Qui de nous ne regrette le bois qu'il brûle dans une cheminée mal construite, où la chaleur s'échappe dans le tuyau au lieu de réchauffer la maison, sans réfléchir que nos prières nos chants, nos pratiques pieuses sont autant de religion gaspillée, si les sentiments élevés, purs et charitables, qu'éveillent en nous ces exercices, ne viennent animer notre vie de chaque jour et réchauffer l'atmosphère de nos familles ?

Nous confessons à genoux que nous sommes impropres aux choses célestes; nous déplorons chaque jour, à chaque instant, nos erreurs ; leur souvenir nous obsède, leur poids nous accable. Mais alors pourquoi nous irriter de ce que nos serviteurs et nos enfants négligent les choses de la terre, nous qui convenons que nous avons négligé celles du ciel?

Combien de fois l'esprit de critique a-t-il un but réel? combien de fois est-il autre chose que l'expression de notre mauvaise humeur? Nous voulons passer à d'autres le bât qui nous blesse, le feu nous brûle et nous secouons la cendre et les charbons sur ceux qui nous entourent. Notre mécontentement est comme une pluie froide et serrée de remarques désagréables, ou bien notre mauvaise humeur est un nuage noir, menaçant, que nul vent ne dissipe, ou enfin notre critique mordante ressemble à un orage accompagné de grêle et d'éclairs: toutes ces choses ne sont pas seulement inutiles, ce sont de véritables péchés, plus graves peut-être que beaucoup de crimes punis par les lois sociales.

Vous accumulez sur quelques jours la tâche raisonnable d'un mois, vous abusez de vos forces, vous épuisez votre énergie, et bientôt succède à cette activité fiévreuse un temps de découragement et de lassitude pendant lequel tout vous semble aller de travers.

Les enfants n'ont jamais été si bruyants, le ménage si mal tenu, l'état plus mal gouverné, la société plus dépravée; vous êtes énervés, excités, malades, et vous voyez le monde à travers des lunettes noires.

C'est dans cette fâcheuse disposition d'esprit qu'il faut se garder de juger qui que ce soit, lutter contre le démon de la critique, et nous armer du bouclier du silence ou de ce qui vaut mieux encore, de la prière humble et fervente.









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