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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Nous avons lu

L'enfant multiple, Andrée Chedid, Editions Flammarion, 242 pages, S.Fr. 21.-.
Ce roman évoque la vie d'un enfant orphelin, au Liban d'abord, à Paris ensuite où il est envoyé pour vivre dans un milieu moins troublé. Il échappe à sa famille d'accueil, un oncle, une tante blanchisseurs pour devenir t'ami d'un forain. L'enfant a deux idoles: Charlie Chaplin et son grand-père: humour, finesse, joie de vivre malgré la tristesse. Ce court récit, très bien écrit, touche par son côté fantasque, drôle, poétique, tendre et authentique. M.E

Extrait de L'enfant Multiple (p. 107)

…Lorsqu'il sentait son public avec lui, applaudissant et riant de ses loufoqueries, Omar-Jo changeait brusquement de répertoire. D'abord, il faisait taire la musique; ses pitreries se fracassaient contre un mur invisible. Ensuite, il laissait un silence opaque planer au-dessus des spectateurs.
D'un seul geste, il arrachait alors les rubans ou les feuillages qui dissimulaient son moignon. Puis, il présentait celui-ci au public, dans toute sa crudité.
Il ôtait son faux nez. En se frottant avec un pan de sa chemise, il se débarbouillait de son maquillage. Sa face apparaissait d'une pâleur extrême; enfoncés dans leurs orbites, ses yeux étaient d'un noir infini.
Il s'était également dépouillé de ses déguisements qui s'entassaient à ses pieds. Il les piétina avant de grimper sur leurs dépouilles comme sur un monticule, d'où il se remit à parler.

Ce furent d'autres paroles.
Elles s'élevaient du tréfonds, extirpant Omar-Jo de l'ambiance qu'il avait lui-même créée. Oubliant ses jongleries, il laissait monter cette voix du dedans. Cette voix âpre, cette voix nue qui, pour l'instant, recouvrait toutes ses autres voix.
L'enfant multiple n'était plus là pour divertir. Il était là aussi pour évoquer d'autres images. Toutes ces douloureuses images qui peuplent le monde.

Mené par sa voix, Omar-Jo évoque sa ville récemment quittée. Elle s'insinue dans ses muscles, s'infiltre dans les battements du coeur, freine le voyage du sang. Il la voit, il la touche, cette cité lointaine, aller, venir, respirer! Celle-ci, déjà sienne, déjà tendrement aimée.

Ici, les arbres escortent les avenues, entourent les places. De robustes bâtiments font revivre les siècles disparus, d'autres préfigurent l'avenir. Une population diversifiée flâne ou se hâte. Malgré problèmes et soucis, ils vivent en paix. En paix !

Là-bas, les îlots en ruine se multiplient, des arbres déracinés pourrissent au fond de crevasses, les murs sont criblés de balles, les voitures éclatent, les immeubles s'écroulent. D'un côté comme de l'autre de cette cité en miettes, on brade les humains. Omar-Jo se déchaîne, ses paroles flambent. Omar-Jo ne joue plus. Il contemple le monde, et ce qu'il en sait déjà! Ses appels s'amplifient. il ne parle pas seulement pour les siens. Tous les malheurs de la terre se ruent sur ce Manège.
Tout s'est immobilisé. Les chevaux ont terminé leur ronde. Le public écoute, pétrifié.
Maxime, perplexe, n'ose pas faire taire l'étrange enfant.

Après ces cris d'angoisse, il ne reste d'autre issue que de renouer
avec la vie.
Omar-Jo ressort de sa poche son vieil harmonica et, retrouvant son souffle, il en tire, une fois de plus, des sons mélodiques et vivaces.
Lentement, le Manège se remet à tournoyer.
Ne sachant plus si elle vient de plonger dans l'actualité la plus cruelle; ou si elle n'a fait qu'assister à une pantomime, la foule applaudit (…)

(…) -A ton âge, d'où tiens-tu ces choses? demande Maxime, plus tard, dans la soirée.
- Un jour, je te raconterai.
- Tu parles parfois comme un enfant, parfois comme un adulte. Quant es-tu toi-même, Omar-Jo ?
- Chaque fois.









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