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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La saison des mots…

Enfants, nous ne connaissions pratiquement pas de gros mots et ce n'est que tardivement que le mot de Cambronne a fait une timide apparition dans la bouche de mon frère. Le besoin de se dire des horreurs, n'est-ce pas un progrès dans l'escalade de la violence que de verbaliser plutôt que de taper? il était pourtant bien là et nous avions trouvé une solution qui me fait sourire aujourd'hui: Eulalie, Eugène, Eusèbe et autres prénoms remplaçaient ceux choisis par nos parents et nous en cherchions toujours de nouveaux quand ils perdaient leur effet, les voulant aussi laids à nos oreilles que possible.

Avant l'école, nos enfants ont peu usé de vilains mots; puis quelques-uns ont fait leur apparition sans rencontrer de réaction trop vive auprès de leurs parents. Nous les mettions au fait de la signification, sait-on jamais, et disions notre désapprobation en notre présence. Vers douze ans, Laurent me sert, alors que je lui demande un service qui contrevient à son occupation présente: «Va semer ta m…. ailleurs». Ma bouche reste ouverte, pas de réponse possible, je suis suffoquée et ne sais s'il faut répondre vertement ou rire! Je me tais donc, réfléchissant à une réponse possible de ma part. L'occasion se présente quelques semaines plus tard où il me cherche de façon agaçante: je lui renvoie la formule sans trop réfléchir. A son tour, il est estomaqué! La phrase n'est plus jamais revenue.

Avec l'adolescence, le vocabulaire se teinte de façon ordurière et comme la connotation sexuelle me choque, je prends mon calme et exprime très clairement que je ne supporte pas ce vocable.

«Mais Maman, tu n'y comprends rien, ces mots ne veulent absolument pas dire ce que tu crois, c'est courant, tout le monde les emploie.»
Pendant plusieurs semaines, je réagis chaque fois pour finalement renoncer, peut-être lâchement.

Des mois ont passé, ce langage n'est plus employé, le parler est devenu plus correct, du moins en notre présence…mais je sens que le besoin est tombé comme le soufflé qui doit attendre ses hôtes.









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