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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLe petit geste… «C'est le temps que tu as perdu pour ta rose, qui fait ta rose si importante» * Ce matin, au retour des vacances, j'ai retrouvé mon jardin. Les mauvaises herbes l'avaient envahi. Le soleil avait presque tout jauni… on sentait un cruel manque d'eau. Quelqu'un parla d'un splendide jardin, entretenu par un jardinier, et je sentis une pointe de jalousie. - A chacun son métier, rétorquai-je. Pleine de découragement, il fallait commencer à tout remettre en ordre, tailler, couper, arroser, enlever toutes les mauvaises herbes, mais la première chose fut d'aller voir comment se comportaient mes roses trémières. Presque fanées, il y en avait encore une, rose éclatante, tout en haut de la tige. Elle me souriait de toute sa beauté et elle me disait: - Tu vois, je suis encore là. Je t'ai attendue. La vie continue. N'oublie pas. Déjà malade, il avait absolument voulu m'apporter des plantons de roses trémières qui poussaient dans le gravier de son petit jardin. Il avait fait un grand détour pour aller les chercher et pour me les apporter. - Je savais que vous les aimiez. Il fallait voir ce grand homme, encore jeune, tremblant et fatigué, cherchant le meilleur endroit pour les planter. Ici, c'était trop à l'ombre. Là trop au soleil. Il fallait trouver le BON endroit. Il fut décidé enfin qu'on les planterait au milieu des rosiers contre le mur, malgré les exclamations des gens: mais que font ces roses trémières au milieu des rosiers? Les roses trémières, elles, se sentaient très bien et poussèrent magnifiquement jusqu'au jour où on décida de planter d'autres rosiers. L'ouvrier qui les déterra, changea la terre, et du coup enleva mes roses trémières et les jeta pendant mon absence. Heureusement que j'arrivai à temps pour les sauver et les replanter ailleurs. - Comment elles vont les roses trémières? me répétait-il à chaque visite. Elles sont belles, n'est-ce pas? La prochaine fois, je vous en apporterai d'autres. Des blanches. «Adieu, dit-il à la fleur. Mais elle ne lui répondit pas. Adieu, répéta-t-il. Elle montrait naïvement ses quatre épines. Puis elle ajouta: - Ne traîne pas comme ça, c'est agaçant. Tu as décidé de partir, va-t-en! Car elle ne voulait pas qu'il la vît pleurer. C'était une fleur tellement orgueilleuse! Mais il n'y aura pas d'autres fois. Il est mort et pour moi, il reste les roses trémières, et le geste. - Oui, dit la rose trémière, c'est le geste dans la vie qui compte. Apprenons à avoir des gestes les uns envers les autres, mêmes petits, ridicules parfois. Ce sont eux qui font le sel de la vie, et qui mettent du charme dans ce monde, où peu de gens osent, ou simplement n'ont pas le temps, ou l'idée, peur d'être sentimentaux, …pudeur de montrer ses sentiments. -Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit heureux, quand il la regarde. Il se dit : Ma fleur est là, quelque part. Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si, brusquement toutes les étoiles s'éteignaient! Je le pris dans mes bras. Je le berçai. Je lui disais: La fleur que tu aimes n'est pas en danger, je lui dessinerai une muselière à ton mouton, je te dessinerai une armure pour ta fleur. Je ne savais pas trop quoi dire. Je ne savais comment l'atteindre, où le rejoindre. ..C'est tellement mystérieux le pays des larmes.» * Le Petit Prince, A. de Saint-Exupéry |
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