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L'ours et ses jeunes adorateurs
Comment expliquer que ce doux animal de tissu, qui est devenu un objet de collection convoité, se retrouve dans presque tous les lits d'enfants ? Pourquoi le teddy-bear est-il le compagnon fidèle des petits au travers des moments de joie et de tristesse ? Tout vient de la douceur et de la tendresse de son poil. En effet, il est là pour combler les besoins naturels de chaleur, d'amour, de bien-être, et aussi pour rassurer. Son rôle est de consoler et de savoir écouter. Il est certes câliné, mais parfois tiraillé par les oreilles, les jambes et les bras. On le traîne aussi parterre, son et ses yeux sont souvent maltraités. Mais avant tout, il est tellement embrassé qu'au fil des années, son pelage doux et soyeux commence à se raréfier. Et dans ces élans de passion, il peut en venir à perdre un Å“il, une patte ou une oreille.
Bien que fait de peluche, l'ours est un fin psychologue, indispensable au développement de l'enfant. Agé de quelques mois seulement, bébé joue déjà avec des poupées et des animaux en peluche, et ses parents admettent facilement qu'il entretienne avec son jouet une relation passionnelle. L'enfant comprend très vite que cet objet lui appartient, sans toutefois faire partie de lui-même ni vraiment du monde extérieur, et il fait de multiples usages. Plus tard, le bambin trouvera en son ours un bon interlocuteur sur lequel il projettera son imagination. Dans un jeu de rôle, il exprimera ses désirs inconscients et ses difficultés, puis les résoudra avec l'aide de son ami, retrouvant ainsi sa confiance en lui-même.
Grondé par ses parents, l'enfant déchargera son sentiment de culpabilité sur l'ours qui prend alors la place du père ou de la mère, encaissant des tonnerres d'invectives. Souvent, l'enfant se venge sur lui de ce qu'il a subi et, s'il traite durement son compagnon de jeu, c'est en réaction d'un désagréable sentiment passager.
Mais rien ne vaut les câlineries et les cajoleries. L'aspect de l'ours en peluche rappelle celui du petit bonhomme: grands yeux, petit nez, petite bouche et grosse tête par rapport au corps. Aussi cette ressemblance développe-t-elle chez les grands et les petits un instinct de protection accompagné d'exclamations admiratives du genre «adorable», «mignon».
Bien que le teddy-bear soit, dès son apparition au pied d'un arbre de Noël, tout dévoué à son ami humain, on ne fait pas grand cas de sa vie intérieure. Et il n'est pas rare qu'il soit finalement abandonné dans un coin du grenier, toutes tripes dehors après dissection. Alors, seul un enfant pourra lui redonner une nouvelle vie et entendre de nouveau battre son cÅ“ur.
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