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Genève, janvier 1932.
Lorsque ces lignes paraîtront l'ouverture de la Conférence du désarmement sera toute proche. Personne ne peut rester indifférent en face d'une manifestation de cette importance, aussi pensons-nous qu'il n'est pas inutile d'en parler ici, bien qu'au premier abord ce sujet semble assez étranger à nos préoccupations habituelles.
Il est nécessaire que notre jeunesse se rende compte qu'elle assiste à une phase importante de l'histoire du monde. Ceux qui ont grandi depuis la guerre, qui ont toujours entendu parler de la Société des Nations, du Bureau International du Travail, des Conférences internationales de tous genres trouvent cela tout naturel, il est nécessaire de leur faire comprendre que pour leurs aînés la convocation d'une telle conférence est presque un miracle. Qui aurait prédit il y a quinze ans que des chefs d'Etats pourraient discuter devant les représentants de plus de cinquante pays, de la guerre, de la paix et des armements?
Que vont faire ces hommes qui partis de tous les points du globe se dirigent vers notre ville? Chercher les moyens de diminuer progressivement
les armements et de réduire les budgets militaires. Aux pessimistes cette entreprise apparaît comme inutile, elle est vouée d'avance à l'insuccès; ce qui a été sera. A leurs veux la S. d. N. n'a encore rien fait, les conflits surgissent toujours, la course aux armements continue, cette conférence vient trop tard ou trop tôt.
Les optimistes superficiels en attendent au contraire des résultats qu'elle ne peut pas avoir, ils en méconnaissent le but et se préparent des déceptions.
Pour éviter ces deux extrêmes voyons, très brièvement, les résultats obtenus jusqu'à maintenant par la S. d. N.
9 fois elle a empêché des conflits d'éclater.
106 traités d'arbitrage ont été conclus.
42 pays sont liés par l'obligation de soumettre à la Cour de La Haye leurs différends d'ordre juridique.
Dès 1925 une commission de préparation au désarmement a été constituée, 27 Etats y ont pris part. Après cinq années de travail elle a élaboré les bases qui serviront aux discussions de 1932.
Trois conférences sur les armements navals ont amené quelques points d'entente entre les pays intéressés.
Par les pactes de Locarno, des groupes d'Etats se garantissent mutuellement leur intégrité territoriale et se promettent assistance (1925).
Par le pacte de Paris signé par tous les Etats membres de la S. d. N. les États-Unis et la République Soviétique, la guerre est mise hors la loi (1928).
L'acte général d'arbitrage est signé par dix-huit Etats (1928).
Le pacte d'assistance financière est signé par trente Etats (1930).
La trève des armements par laquelle les Etats s'engagent à ne pas augmenter leurs armements avant la fin de la Conférence est signée par trente-sept Etats (dont la Suisse, 1931).
Il faudrait mentionner encore le travail accompli par le B. I. T. Oeuvre de longue durée qui au travers d'inextricables difficultés opère peu à peu le rapprochement entre les nations, et entre les classes au sein des nations.
Il est impossible de faire des prévisions quelconques sur le résultat final de la Conférence du désarmement: le mot même de désarmement peut prêter à des interprétations diverses. Il faut lui donner le sens de diminution progressive des armements.
La S. d. N. a préconisé des mesures pour le désarmement moral qui est d'une importance plus grande encore que la limitation des armements, mais son pouvoir est limité et dans ce domaine la responsabilité repose sur les hommes et les femmes de tous les pays. Ce sont eux qui forment l'opinion publique, qui peuvent éteindre les rancunes ou les exciter.
Comme parents, nous pouvons préparer une génération dans laquelle l'amour de la patrie s'alliera avec l'amour de l'humanité.
En faisant régner la paix dans nos familles nous prouverons qu'elle est possible, mais ne se conquiert qu'au prix de sacrifices mutuels.
Un conférencier parlant de la préparation à la Paix disait l'autre jour que l'un des premiers devoirs c'est l'éducation de la véracité. Les enfants devraient grandir dans une atmosphère de franchise telle que la fausseté leur soit insupportable.
Quel tact, quelle patience, quel amour il faut pour dire une «vérité» qui sera pénible à entendre, quelle persévérance pour défendre avec calme son opinion, quelle humilité pour reconnaître ses torts et pour admettre qu'on peut vivre côte à côte et en bonne harmonie sans penser de même sur tous les sujets.
Ce qu'il faut au monde ce sont des familles, beaucoup de familles où la véracité et l'amour sont pratiqués; où l'esprit de domination, les soupçons, les rancunes, toutes les manifestations de l'égoïsme sont combattues et remplacées par une juste notion de ce que chacun doit à la communauté; où l'on vit en paix entre parents, entre frères et soeurs, où l'on croit que la bonne entente est possible entre belle-mère et belle-fille, entre belles-soeurs, entre les serviteurs et les maîtres; des familles dans lesquelles on pratique les conseils de Jésus lorsqu'il disait: «Accorde-toi promptement avec ton adversaire» ou «si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi va d'abord te réconcilier avec ton frère» , où l'on s'efforce de suivre l'exemple de Celui qui est venu non pour être servi mais pour servir.
M. A. J.
Quand comprendra-t-on que chaque être qui pense et parle contribue à former l'opinion publique; et que celui qui, lâchement s'abstient d'opposer un démenti énergique aux semeurs de la peur et de la haine contribue par son silence à la crise mondiale. L'ouvrier de la Paix doit avoir le courage d'être empressé et chaleureux, car un avocat indécis est souvent pire qu'un ennemi.
Dans cette époque pessimiste et pleine de menace, l'influence d'une personne qui a le courage d'affirmer sans hésitation et énergiquement sa foi optimiste et sa confiance en la paix, est incalculable.
Clara GUTHRIE D'ARCIS
Rares sont aujourd'hui ceux qui veulent la guerre, mais très nombreux sont ceux qui pensent à la guerre dès que surgit un conflit. Ces trembleurs sont en réalité aussi dangereux que les pourfendeurs.
Ernest BOVET
Parents, si vous désirez seconder les efforts de ceux qui travaillent pour la cause du désarmement ne perdez aucune occasion de faire connaître à vos enfants les autres pays, et de fortifier les liens qui les unissent aux autres nations. Apprenez-leur qu'un adversaire n'est pas un ennemi et que la personne qui n'a pas la même opinion qu'eux n'est pas une personne à détester.
Surtout qu'ils comprennent qu'une juste appréciation d'autrui est la première condition de la paix.
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