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Elle tire la ficelle
Lili a reçu au Nouvel-An une poupée merveilleuse.
Pensez donc! Elle a trois figures ! Trois figures dans une seule tête!
Grâce à un ingénieux mécanisme on voit, à volonté, apparaître un minois souriant, un visage en larmes, ou une dormeuse, les yeux clos dans une douce béatitude.
De plus, si on tire une ficelle, dissimulée sous les jupons, la poupée dit: "Maman" d'un ton quelque peu nasillard; et, si on tire rapidement plusieurs fois de suite, cet appel se transforme en pleurs ou cris.
Lili est enchantée de ce nouvel enfant plus animé que ses prédécesseurs. Elle le promène dans toute la maison et assiste parfois à de petites scènes de famille.
Lili tient sa poupée assise sur ses genoux et tire coup sur coup la ficelle.
La poupée - Ma-man, ma-man ! (Cris et pleurs)
Lili - Tais-toi, je te défends de pleurer. (Elle tire la ficelle)
La poupée - Ma-man, ma-man! (Cris et pleurs)
Lili - Je t'ai dit de ne pas pleurer, tais-toi, tout de suite ! (Elle tire la ficelle)
La poupée - Ma-man, ma-man! (Cris et pleurs)
Lili - Voyons donc! Quand finiras-tu ? C'est insupportable, vraiment !
Je sors et vais voir une vraie maman avec de vrais enfants: Deux jumeaux de deux ans qui sont en ce moment à la maison avec leur mère. Celle-ci prépare le souper, le père va bientôt rentrer.
Les bébés sont fatigués et fatigants. Ils touchent à tout ce qu'on pose sur la table.
La mère - André, Jean! Voulez-vous bien rester tranquilles ! (Elle éloigne brusquement leurs chaises de la table.)
(André pleure, Jean mécontent s'accroche au tablier de sa maman.)
La mère - Tais-toi, André! Laisse mon tablier Jean! (Elle se débarasse de ce dernier par une tape.)
(Jean pleure.)
La mère - Allons, bon! En voilà encore un ! Quand je vous dis de vous taire !
(Elle les secoue tous deux par le bras puis retourne à son fourneau.)
(Les pleurs continuent)
La mère - Je vous dis que je ne veux pas de ces pleurs. J'en ai assez à la fin !
(Se tournant vers moi)
Si vous croyez que c'est pas une misère d'avoir des enfants comme ça!
(Aux bébés) :
Eh ! bien, je vais vous faire finir, moi !
(Les pleurs recommencent de plus belle).
- Vous irez au lit, et bien vite ! Vous verrez ça ! Oui, vous irez "dodo" !
A ce mot bien connu, mais prononcé d'un ton et d'un air menaçants, les pleurs redoublent.
Heureusement que la soupe est bientôt prête et donnée aux pauvres petits.
Un moment plus tard, endormis dans leurs "dodos" ils oublient les procédés peu judicieux de leur mère qui, de même que Lili avec la poupée, crie bien fort: "Taisez-vous," mais, du même coup tire la ficelle.
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