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Correspondance
Une mère de famille nous écrit: "pourrait-on parler des jeux des enfants dans votre Journal?" et elle spécifie la question de savoir s'il faut exiger de l'enfant que tous ses jeux, ses jouets en fabrication, son train à combinaisons etc. soient chaque jour remis en place.
En principe je répondrai: non, mille fois non - comme on n'attend pas d'un menuisier qu'il remette chaque soir son atelier dans un ordre parfait - ni d'un chimiste que son laboratoire ait repris chaque soir l'aspect d'un lieu net, ordonné, comme sans vie et sans âme, où toute expérience devrait être reprise à son début le lendemain.
Le cours de la vie ne s'arrête pas, le travail de développement de nos enfants non plus; il est donc tout naturel qu'ils redoutent, comme un arrêt factice, ces terribles remises en ordre qui brisent leur élan, mais que nous sommes cependant obligés d'exiger dans certains cas.
Le mieux qu'on puisse faire est de leur ménager dans chaque logis un endroit bien à eux, si petit soit-il (une table ou un coin de chambre) - qui soit comme une anse retirée en dehors du flot plus ou moins rapide de la vie familiale qui les bouscule ou les entrave s'ils se trouvent sur son chemin.
Dans cet endroit déterminé ils pourront poursuivre à leur aise la fabrication ou l'installation de tel ou tel jouet, et nous ne souffrirons plus de voir ce coin en désordre, car ce désordre n'en sera plus un dès l'instant où il sera compris, admis et localisé dans un endroit déterminé.
S'il s'agit d'un enfant véritablement chercheur et persévérant dans son effort (j'en connais un qui peut passer une semaine et même davantage à combiner un pont suspendu construit avec des matériaux variés qu'il adapte à son plan), son installation de travail pourra durer longtemps, aussi faudra-t-il convenir avec lui, dans une conversation paisible d'égal à égal, d'un ou deux jours par semaine où il y aura grande revue de son champ d'activité pour le nettoyer, en éliminer les déchets et enlever la poussière.
S'il s'agit d'un enfant aux occupations très spontanées et souvent de courte durée, on pourra aussi lui concéder l'installation durable de tel ou tel jeu s'il le demande (construction, collage, modelage etc.) et cela dans le but de l'encourager à être persévérant dans son effort, mais au moindre signe de lassitude et d'abandon du jeu en question, nous devrons nous montrer très ferme pour la remise en place du jeu délaissé avant qu'il n'en prenne un autre.
Enfin, s'il s'agit de l'installation d'un jeu qui décidément empiète sur le domaine public (grande combinaison de rails qui aura nécessité toute la salle à manger pour s'étendre à son aise, par exemple), nous ferons l'héroïque effort d'accepter - avec le sourire - d'être un peu gêné pendant 24 heures ou plus, après avoir cependant obtenu que tous les accessoires non employés soient remis en place et qu'il ne reste que l'essentiel du jeu - puis nous ferons comprendre à l'enfant que c'est un petit sacrifice que nous faisons pour lui parce que nous comprenons très bien son désir de jouir encore du fruit de son travail; en échange nous lui demandons d'accepter joyeusement la perspective de tout remettre en ordre dès que nous en verrons décidément la nécessité. Ainsi chacun y aura mis du sien: l'enfant aura été certainement reconnaissant de l'effort que nous aurons fait pour partager son intérêt; il en résultera une cordiale entente et une bonne humeur générale qui compensera amplement le petit ennui d'un encombrement momentané.
Quant aux jeux qu'on ne peut pas répéter longtemps de suite et qui se jouent à plusieurs (jeux de puce, loto, jeux d'oie, etc.), il est bien évident qu'il faut apprendre aux enfants à les remettre en place dès qu'ils ont fini la partie.
En résumé soyons pour nos enfants de grands amis, plus grands encore par la compréhension que par l'âge et les connaissances, et dans cet esprit-là chaque mère trouvera elle-même facilement la solution de tous les petits problèmes qui se posent devant elle dans sa vie maternelle de tous les jours.
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