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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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A propos d'apprentissage

Lorsqu'un enfant n'a pas de goût bien déterminé pour une vocation, ses parents sont souvent très embarrassés ; il leur est difficile de le diriger. Par le temps de chômage et de transition que nous traversons, cette question est doublement angoissante.
Les deux articles qui suivent ont paru tout récemment. Nous espérons qu'ils rendront quelques services et jetteront un peu de lumière sur un sujet si complexe.
M. Jucker, secrétaire de l'Association Suisse pour l'Orientation Professionnelle, écrit dans le «Journal des Parents»:
«L'orientation professionnelle part du point de vue qu'elle ne peut ni ne doit faire dépendre ses consultations des circonstances résultant de l'état de crise, car les jeunes gens et les jeunes filles qui entrent aujourd'hui en apprentissage n'engageront la lutte avec la concurrence que dans trois ou quatre ans, c'est-à-dire dans un avenir relativement éloigné pour lequel il est impossible d'établir de pronostics.
La seule conclusion générale que l'orientation professionnelle puisse tirer de la situation actuelle est celle-ci: chaque branche de profession n'envisageant que les résultats de la crise, se défend contre l'affluence de nouveaux apprentis et apprenties, qu'elle considère comme des concurrents possibles dans la lutte. Aussitôt donc qu'une d'elles est recommandée officiellement, des voix s'élèvent pour critiquer cette recommandation et pour défendre le terrain, et le public ne sait plus à qui croire. L'orientation professionnelle doit donc poursuivre son oeuvre en silence et s'en tenir avec ténacité aux consultations individuelles. Il faut nous garder de proclamer : « Choisissez de préférence telle ou telle profession », mais engager les intéressés à fréquenter les consultations des conseillers et conseillères de vocation ».
A Genève: Office privé des apprentissages, Taconnerie, 3. Téléphone 50.085.
A Lausanne: Secrétariat vaudois de protection de l'enfance (Pro Juventute), rue de l'Ecole supérieure.
A Neuchâtel: Orientation professionnelle. Cabinet privé subventionné par l'Etat. Collège de la Promenade.

L'article suivant, tiré du « Bien Public » concerne spécialement les parents dont les filles viennent de quitter l'école :
«Lorsque les adolescentes qui ont terminé leurs classes sont encore trop peu développées physiquement et intellectuellement pour qu'on puisse, sans crainte, les envoyer gagner leur vie loin de la maison, que deviennent-elles pendant l'année d'attente qui s'impose? Si leurs mères sont de bonnes ménagères et ont des dons pédagogiques, elles pourront les instruire et les préparer à la maison en vue de leur placement. Mais les grandes filles disposées à se laisser instruire par leur mère, et les femmes capables de donner un enseignement ménager rationnel et complet, ne sont actuellement pas plus nombreuses les unes que les autres ! A Frauenfeld, cette constatation provoqua, il y a quelques années, la création d'un cours ménager d'un an, comme préparation au placement dans la Suisse romande.
Désireuses de combler les lacunes de l'éducation familiale, dont chacun se plaint, les organisatrices cherchèrent avant tout à obtenir le concours des
jeunes filles elles-mêmes. Pour susciter un réel intérêt pour les leçons qu'on leur offrait (cuisine, économie domestique, repassage, couture, raccommodage, calcul, allemand, hygiène et « Lebenskunde ») et leur inculquer l'amour du travail et le sens des responsabilités, si rares aujourd'hui, il fallait les amener à rompre avec l'habitude, acquise à l'école, de travailler par nécessité. On expliqua aux jeunes filles qu'elles allaient se trouver prochainement dans un milieu dont la langue et les coutumes diffèrent des leurs et on leur présenta un but très précis : se préparer à cette nouvelle vie et au travail qu'on attendrait d'elles. Elles seraient ainsi mieux à même de profiter de l'occasion offerte d'apprendre une langue et un métier. Afin de convaincre les jeunes filles, on conduisit toute la classe au bureau d'orientation professionnelle, dont la directrice exposa ce qui est le plus nécessaire pour réussir à l'étranger. Tout ce que les jeunes filles entendirent des joies et des progrès, comme des déceptions et des difficultés de leurs aînées, les intéressa à tel point qu'elles réclamèrent le privilège de se rendre une deuxième fois chez la conseillère de vocation.
Ces entretiens furent riches en conséquences, tant pour les jeunes filles que pour leurs institutrices. Les choses que les premières n'avaient pas voulu croire de la bouche de leur mère ou de leur maîtresse d'école étaient devenues évidentes à l'ouïe des récits si vivants de Mlle W. Les expériences de cette Hedwige qui ne savait rien faire et voyait les enfants de la maison se moquer d'elle - de cette Marie qui trouvait que, pour 15 fr. elle n'avait pas besoin de travailler beaucoup et qui oubliait de calculer son entretien complet et l'occasion d'apprendre le français et les travaux de ménage - d'Elise, dont la tenue à table laissait tant à désirer - de Martha, obligée de manger ce qu'on lui donnait, alors qu'à la maison sa mère l'autorisait à laisser ce qui lui déplaisait - et de bien d'autres qui souffraient ou faisaient souffrir leur entourage par leur ignorance ou leurs défauts - avaient convaincu leurs jeunes soeurs qu'à leur place, elles n'auraient peut-être pas réussi beaucoup mieux! Elles virent soudain la situation sous un nouveau jour et comprirent qu'elles n'avaient pas trop d'un an pour se préparer à leur tâche, si elles voulaient éviter d'avoir à apprendre tout à la fois, aux prix d'efforts surhumains. Aux institutrices, ces récits, pris sur le vif, montrèrent que ce qui manquait le plus aux jeunes filles c'était de comprendre le sens et la valeur du travail dans la vie. Aussi tout l'enseignement fut-il orienté de manière à combler cette lacune.
Un nouveau contact avec la réalité eut lieu peu après. On conduisit cette fois la classe à l'Office du Travail, où le directeur fuit prié de donner aux élèves un aperçu de la situation actuelle des professions féminines dans leur pays. A leur grand étonnement, les jeunes filles apprirent que le travail domestique est parmi les plus importants puisqu'il y a en Suisse 91603 places d'employées de maison, dont le 28% est occupé par des étrangères (statistique de 1920). Le directeur expliqua également que le travail de maison est aussi une base nécessaire à d'autres professions : garde-malades, nurses, maîtresses d'enseignement ménager, directrices d'institutions, etc., et, qu'en outre, il a bien des avantages sur d'autres occupations, parce qu'il est sain, varié et offre la possibilité de faire des économies.
Dans la documentation pratique sur la vie, donnée aux jeunes filles sous le titre intraduisible de « Lebenskunde », se trouve la manière d'agir vis-à-vis des enfants. La perspective d'avoir à s'en occuper dans une famille étrangère prépare les jeunes filles à accepter des conseils concernant leur propre éducation, si importante pour avoir de l'autorité, et à comprendre les instructions sur la manière de gagner la confiance des petits. Les histoires entendues au bureau d'orientation professionnelle, et gravées dans toutes les mémoires, formaient un précieux matériel pour traiter ce sujet. D'autres questions de savoir-vivre sont au programme : par exemple les relations avec les jeunes gens, les défauts de caractère, en particulier la susceptibilité - qui trouble si souvent les rapports entre maîtresses et personnel domestique - et, pour terminer, la nécessité d'avoir dans le coeur (et cela non seulement pendant un séjour à l'étranger!) un haut idéal du rôle de la femme dans la société.»

Enfin, M. Pettavel, dans la « Feuille du Dimanche » de La Chaux-de-Fonds, s'exprime ainsi: «Les jeunes filles et les jeunes gens qui vont quitter l'école au printemps, qui justifient donc de huit années d'école vont, pour une bonne partie, se trouver sans apprentissage, et sans place d'aucune sorte qui leur ouvre un avenir. Ne vaut-il pas mieux, plutôt que de leur permettre de rôder et de prendre des habitudes de paresse, les laisser à l'école une année de plus? Pendant ce temps notre économie industrielle peut renaître et au cours de l'année déjà, ces jeunes filles et ces jeunes garçons pourraient trouver de l'occupation; donc quitter l'école puisqu'ils sont libérés…..
Le pire serait, pour les parents et surtout pour les enfants, de ne rien prévoir pour ceux-ci et de les laisser à de vagues occupations intermittentes qui leur enlèvent le goût du travail régulier, le seul capable de former des hommes et des femmes aptes à vivre normalement. »

Ces articles nous suggèrent quelques réflexions: tout d'abord le désir que l'enseignement ménager devienne obligatoire pour toutes les jeunes filles sans distinction de classe ou de carrière future.
Les aides de maison, domestiques de toutes catégories dont on se plaint si souvent, ne sont pas toujours plus fautives que les personnes chez lesquelles elles travaillent; celles-ci seraient parfois bien incapables de faire le travail qu'elles réclament de leurs employées. Rien d'étonnant si elles ne l'ont pas appris ! Des cours ménagers leur auraient évité cet état d'infériorité. Quant aux jeunes filles qui ne seront jamais ni maîtresses ni servantes, cet apprentissage de la vie pratique leur épargnerait bien des déboires, pertes de temps et d'argent, fatigues inutiles. A ces cours d'économie domestique il faudrait ajouter l'étude des devoirs et des droits réciproques des employés et des maîtres. Une compréhension plus éclairée apporterait une grande amélioration dans les rapports entre les intéressés. Seuls ceux qui en ont fait l'expérience peuvent dire la paix harmonieuse d'un intérieur où règne entre maîtres et serviteurs la conscience dans le travail, la bienveillance et la confiance réciproque.
Nous pensons aussi à quelques professions moins lucratives que le service domestique et ne demandant pas moins d'abnégation et de souplesse. L'oubli de soi-même, le désir de servir son prochain sont plus indispensables encore dans le diaconat, le secrétariat d'Å“uvres diverses, la direction et l'aide dans les maisons d'éducation et les asiles, les ministères féminins.» Dans toutes ces vocations la femme peut satisfaire son besoin inné de dévouement.
La crise actuelle devrait avoir pour résultat de faire envisager le travail professionnel non pas comme un moyen de gagner de l'argent avec le minimum d'efforts, mais comme l'utilisation des dons de chaque individu au service de tous.









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