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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Encore une histoire vraie

Je vous ai déjà dit qu'ils étaient cinq terribles enfants. Mais il y en avait surtout deux qui ne se quittaient guère, c'étaient Caroline et Jean, dit Jeannot. Caroline, qui était une longue petite fille, souffrait beaucoup d'avoir de mauvaises jambes, un peu paralysées; elle ne pouvait ni courir, ni sauter avec les autres, et, vous savez, c'est très dur lorsqu'on a seulement huit ans, de ne pas pouvoir s'envoler avec la joyeuse bande, mais de devoir la suivre de loin, tirant la jambe et butant sur les cailloux, pour la rejoindre enfin, toute rouge et fatiguée…
Jean était un solide garçon d'un an plus jeune que Caroline. Il était confiant, gentil, et l'on aimait à voir sa bonne figure ronde encadrée de boucles blondes. C'était un vrai bon petit frère.
Ecoutez !
Un jour, Caroline fut jugée coupable de mensonge par son institutrice. C'était grave, mais le plus était… qu'elle n'avait pas menti!
Il y avait eu dans la dictée du matin quelques mots très difficiles, trop difficiles pour une petite tête de huit ans. Mais Caroline qui avait toujours le nez dans un livre, les connaissait, ces terribles mots, et les écrivit sans fautes.
L'institutrice ne pouvant croire à ce miracle d'orthographe, pensa que Caroline avait regardé sur le livre pendant son absence, et Caroline eut beau affirmer, protester, rien n'y fit. Elle fut appelée menteuse, obstinée (ce qui est un très vilain nom) et entendit proclamer son châtiment: on lui collerait sur le front un papier portant cette tragique inscription «Caroline est une menteuse».
Finie la joie ! adieu, le soleil ! Caroline est dans un trou noir et sur elle pèse le poids douloureux d'une grosse injustice.
… Et c'est avec des semelles de plomb et des joues en feu qu'elle doit aller à la cuisine demander un peu d'eau et de farine pour faire de la colle.
- Tiens, pourquoi ? demande la cuisinière. Pas de réponse…
Maintenant, madame, d'une main savante, prépare la colle, puis coupe un joli rectangle de papier blanc et y écrit avec soin : «Caroline - est - une - menteuse !» Il ne reste plus qu'à coller ce chef-d'Å“uvre sur un front blanc de petite fille, un front qui cache le plus sombre des désespoirs, celui d'avoir été accusée à tort.
Caroline s'en fut se cacher dans le coin le plus sombre, pleurant des larmes amères…
Et qui entra en coup de vent dans la salle d'étude ? Jean-les-boucles-blondes, tel un joyeux lutin en quête de son inséparable.
- Là ! voyez-vous ça ! Jean hésite devant tant de chagrin; il écoute ce que Caroline lui explique entre deux sanglots, puis il réfléchit. Car il croit sa soeur, lui, il sait qu'elle n'a pas menti !
- Ote ça ! dit-il, énergique puis, calculant: non, laisse-le elle te punirait encore plus. Attends !
Oui, Caroline attendra, le coeur déjà moins lourd ; elle s'aventure hors de son coin et voit revenir quelques instants après un impayable frérot, portant
haut son front innocent qui disparaît sous un papier dégoûtant d'un excès de colle et portant ces mots tracés par un artiste inhabile mais convaincu : «Jean ai tun manieur !»
Voilà comment nous faisons les choses, nous ! Et nous prenons notre petite sÅ“ur par le bras, et nous parcourons toute la maison, invitant chacun à nous admirer et semant partout un joyeux fou-rire.
Caroline consolée - adieu la honte. - Jeannot triomphant de son idée géniale, tous deux chantant, claquant les portes, tapant des pieds, faisant un fier tapage, finirent par arriver dans le vestibule, en même temps que papa qui rentrait pour midi… quel tableau !
Grands yeux de papa - qui pourtant ne devrait plus s'étonner de grand'chose - explications embrouillées des deux fripons, puis un ordre bref:
- Allez vous laver la figure !
Nous allâmes, tout joyeux, car nous avions vu un sourire glisser sur la figure de papa et se perdre dans sa moustache.
Et nous savions dès lors qu'il avait lu la vérité dans les yeux de la petite fille.
Voilà, petits amis, vous dis-je, en pensant à mon cher blondin, voilà comment il faut s'aimer.









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