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Les vacances

Devoirs des vacances
Les mamans qui font la liste des choses à emporter pour les vacances, négligeront d'y inscrire, nous le souhaitons vivement, le livre des devoirs de vacances, l'arithmétique, le cahier des dictées, tous ces livres qui emportent partout, avec eux, un peu de l'atmosphère factice des classes ; mais que, par contre, elles réfléchissent aux moyens qui permettront d'utiliser au mieux ces deux mois, et heureusement volés chaque année à l'école, pour donner aux enfants et à la jeunesse, un bain de vie réelle et personnelle, de vie profonde.
Nous qui, pourtant, croyons aux habitudes et à la régularité comme aux éléments essentiels de formation d'une vie disciplinée et productive et d'une santé résistante, nous pensons que les vacances briseront avec avantage les habitudes de la vie ordinaire : quelle joie éprouvent les enfants petits et grands, à ne pas attendre que l'aiguille soit toujours à la même place du cadran pour sortir du lit: « Un jour, on s'est levé très, très tôt pour aller en excursion - pour profiter d'une basse marée et pêcher du homard.
- « Nous avons été loin dans les montagnes, aussi le lendemain on était si fatigué qu'on a dormi jusqu'à neuf heures ». La pensée de ces levers à heures variables ne fera qu'intensifier le souvenir heureux des promenades, ce sera d'autre part une manière de maîtriser le corps, ou au contraire de le reposer, et de lui céder occasionnellement.
Si les enfants oublient, pendant août et septembre, l'état de la Gaule sous les Mérovingiens, qu'ils apprennent par contre l'état de la France sous la IIIème République! qu'ils vivent autant qu'on le pourra, de la vie du pays dans lequel on villégiature ; que sont bien inspirés les parents qui permettent à leurs enfants de travailler avec les paysans à la récolte et d'aller glaner avec, et pour, les enfants du village.
Il n'est pas besoin de parler du bonheur enthousiaste des grands garçons qui vont en mer avec les pêcheurs! de ceux et celles, qui tout simplement pêchent dans les rochers et le sable, à condition que ce soit une vraie pêche, avec de vrais engins, et non pas des engins d'amateur.
Et combien la leçon de vie sera plus réelle encore, si les enfants sont pris dans un coup de chaleur ou de mauvais temps, qui leur fasse sentir, jusqu'à une souffrance, la dureté de la vie de ceux qui travaillent pour eux.
Que les enfants profitent des vacances pour faire de la botanique réelle ; qu'ils apprennent à distinguer en causant avec les paysans, un champ de blé d'un champ d'avoine, à reconnaître les légumes en terre dans le potager; nous nous souvenons de l'étonnement et de l'admiration d'une Parisienne de 18 ans, qui découvrit des artichauts sur pied : elle ne les avait jamais vus que chez le fruitier!
Serait-il impossible, quand on projette une excursion, de la faire préparer par les enfants? Qu'ils étudient les horaires des trains et calculent les prix, qu'ils se préoccupent des autocars, et se rendent compte des avantages de l'un ou l'autre moyen. Donnez leur une carte de la région et habituez-les à retrouver leur chemin, à faire des promenades… sans s'égarer !
Pourquoi ne pas encourager les enfants à se consoler des jours de pluie en faisant de la cuisine? s'ils savent fabriquer un gâteau ou une crème pour le goûter, (faire frire des « nÅ“uds d'amour) » , ils auront appris à manoeuvrer des casseroles, à cuire à point, à suivre une recette. Le thé qui sent la fumée, la crême qui n'a pas pris étant tout aussi bien que la galette succulente, utiles expériences pour le présent et joyeux souvenirs pour l'avenir.
Et surtout, surtout, pendant les vacances, laissons les enfants être eux-mêmes, vivre selon leur désir et leur pensée personnels, puisqu'aussi bien, pendant dix mois, ils sont contraints à faire ce que veulent les «grandes personnes ».
Si la jeunesse oublie ses théorèmes de géométrie et ses déclinaisons latines, mais, si par contre, elle épanouit son coeur et sa joie dans une chanson populaire entendue sur la grève ou dans les prés, si elle apprend à faire passer par ses muscles et son expérience le travail de ceux qui ensemencent la terre ou qui vivent de la mer et des montagnes, si elle perçoit jusque dans son âme les bruits et les murmures de la nature, visible et invisible, les vacances seront pour elle un gain inestimable en même temps qu'une leçon profonde.









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