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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLivres d'enfants Les grandes personnes ont décidé que la lecture doit instruire les enfants, et les moraliser… Mais les enfants, eux, ont décidé qu'ils lisent pour s'amuser, pour peupler et meubler le monde imaginaire dans lequel ils vivent; quand ils grandissent, ils acceptent bien de lire pour s'instruire, mais, le plus souvent pour s'instruire dans la, ou les spécialités qui les intéressent particulièrement, et non pas du tout pour s'instruire d'une manière générale et indéterminée. Les enfants qui lisent pour faire des réflexions morales, pour chercher à s'améliorer sont rares. Regardez les lire; la plupart du temps ils sautent les passages sentencieux, ou les parcourent des yeux sans y attacher leur attention. Il ne semble pas que les enfants aient besoin d'avoir beaucoup de livres ; ils s'attachent à quelques-uns pour les amis qu'ils s'y font, que ces amis soient des êtres, des animaux ou des choses: ils les lisent et relisent jusqu'à ce que des passages ou mêmes des pages entières soient si familiers qu'ils savent le mot qui viendra, l'image qu'on retrouvera quand on tournera la page; et c'est justement cela qui est délicieux! c'est cela qui berce le rêve ou qui élargit la réalité, cette réalité si difficile à saisir quand on y arrive avec un corps, un cerveau et un coeur tout neufs. C'est par là que les parents peuvent, et doivent, intervenir dans les lectures. Les amis ont une si grande influence sur les enfants et la jeunesse qu'ils doivent être choisis avec grand soin, aussi bien ceux en papier imprimé que ceux en chair et en os ! Ce n'est pas parce qu'un livre est réputé, qu'un éditeur à force de réclame en a fait une bonne affaire de librairie, que nous devons le choisir pour nos enfants.. Ou pour les enfants des autres. Et nous pensons particulièrement aux histoires destinées à faire rire aux dépens d'êtres simples, ou malheureux, à exciter, par des aventures de guerre, de chasse, de souffrances - et à passionner aux trop modernes aventures d'un cambrioleur célèbre, d'un assassin rendu sympathique. Nous ne souhaiterions aucun de ces gens comme amis de nos enfants, nous ne désirerions les voir entrer dans aucune de ces aventures; laissons-les donc au loin et ne soyons pas de ceux qui font de périlleuses présentations. Choisissons des livres simples et sains - et puisque la lecture est pour les enfants un moyen d'apprendre la vie, de connaître le monde et la nature, qu'ils puissent découvrir, comme première initiation, ce qu'il y a de bon dans la vie, le monde et la nature. Ce n'est pas de la phraséologie morale, c'est la vie active, cordiale, amusante et vaillante, qui portera. Mais si les livres doivent enseigner la vie que dire des contes ? ces récits merveilleux qui font parler les bêtes et les choses, et dans lesquels tout marche à la baguette… des fées ! Faut-il prolonger les illusions des enfants qui s'imaginent que le soleil va se coucher dans sa chambre, que les bêtes rient et pleurent et qui ne font aucune difficulté à croire que « les petits bateaux qui vont sur l'eau ont des jambes ». Il y a évidemment des logiciens qui souhaitent, au nom de la vérité, proscrire les contes, mais les logiciens sont des grands personnages, et même des grandes personnes un peu sévères - et les enfants sont des enfants, c'est-à-dire des êtres pour lesquels la logique n'existe pas, qui n'ont pas encore pris pied sur la terre ferme et qui ont besoin de temps pour perdre le bleu et l'or qui flottent dans leur tête. Non, certes, ne privons pas les enfants des contes ; qu'ils en lisent à tous âges, et même quand ils seront devenus des hommes! Les livres de chansons sont bienvenus par les enfants, de ces chansons, rondes, marches ou berceuses, aux rythmes accentués, aux ai rs et aux phrases souvent répétés, aux longs refrains mêlés de tralala et de boum, boum, qui ne disent pas grand'chose, mais se chantent - ou même se hurlent - avec bonheur, et qui, toute la vie, rappelleront les heureux jours d'inconscience et de joie. Nous souhaiterions que le premier recueil offert contienne ces vieilles chansons françaises qui relient les unes aux autres toutes les générations et permettent aux inconnus de tous âges, de se reconnaître auprès des mêmes amis. Cadet Roussel, Malborough qui s'en va-t-en guerre, ou la bergère qui tua son chaton ron ron ! A nous de faire que les livres deviennent les favoris de nos petits amis, en choisissant avec soin ce qui convient à chacun, et intensifiera pour eux la joie de vivre, de travailler, de chanter et d'aimer. |
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