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Demi-confiance

La foi des enfants de Dieu s'exerce sur divers points mais elle doit toujours revêtir les caractères d'une confiance pleine et entière basée sur les promesses de l'Ecriture.

Après être montée jusque dans les lieux célestes pour y recevoir le pardon, la paix et l'assurance de la vie éternelle et le don du St-Esprit, elle est appelée à redescendre sur la terre. Là est le corps avec sa faiblesse, ses langueurs, ses maladies qu'il s'agit de confier à Celui qui veut en être le Médecin tout-puissant. Là aussi sont les difficultés journalières, la lutte pour la vie, les angoisses au sujet de ceux qui nous sont chers et une multitude de soucis que nous sommes appelés à remettre entre les mains de notre Père céleste.

C'est dans ce domaine surtout que nous cédons le plus volontiers à la crainte et aux inquiétudes, et qu'au lieu d'être une foi parfaite et triomphante, notre faible foi mériterait plutôt le titre humiliant de demi-confiance.

L'oeuvre maternelle est peut-être celle qui réclamerait plus que toutes les autres une parfaite confiance dans la direction divine; ses difficultés multiples, ses épreuves de sentiment réelles ou imagininaires mais toujours douloureuses, ne troublent que trop souvent la paix et la sérénité de l'enfant de Dieu.

Deux amies se rencontrent: une jeune mère et une femme plus mûre d' années et d'expérience chrétienne. Après les épanchements d'une affection réciproque, vient le chapitre des enfants. Ecoutons cette conversation exacte en tous points.

- Et vos chers enfants, comment vont-ils ? demande la visiteuse.

- Bien, merci, du moins pour le moment, répond la mère.

- Comment pour le moment ? Avez-vous des craintes pour l'avenir ?

- Oui, la petite a beaucoup grandi; elle est maigre et si nerveuse!

- Cela n'a rien d'inquiétant.

- Vous croyez ? Et en même temps si intelligente, voulant tout savoir, tout comprendre. Elle m'étonne par ses questions; je pense souvent que cette précocité n'est pas naturelle et que la méningite la guette.

- Quelle idée! A-t-elle des maux de tête?

- Non, pas encore, mais cela peut venir, et avec un cerveau si développé, ce serait la fin.

- Ne vous tourmentez pas ainsi, chère amie, pour du mal qui n'arrivera sans doute pas. - Mais parlez-moi un peu de votre gros Léon. - Celui-là ne vous inquiète pas, j'espère, jamais je n'ai vu un enfant plus robuste.

- C'est vrai qu'il se porte bien, et cependant, je ne suis jamais tranquille à son sujet. C'est un enfant turbulent qui ne craint pas le danger et à qui il arrivera un jour quelque malheur. Quand il est loin de mes yeux, je tremble toujours qu'on me le rapporte avec bras ou jambe cassée.

- Où sont-ils en ce moment ?

- Chez ma mère qui les gâte à plaisir. Elle les bourrera tellement de gâteaux et de confitures qu'il est probable que nous aurons cette nuit quelque indigestion à soigner.

- Pauvre amie! que de soucis vous avez! Ne pouvez-vous pas remettre vos enfants au Seigneur, lui confiant le soin de les garder et de les protéger?

- Je prie pour eux, je vous assure: quand vous êtes entrée, le demandais à Dieu de me les conserver. Mais cela il ne m' empêche pas d'être inquiète.

Une foi qui ne bannit pas l'inquiétude, est-ce autre chose qu'une demi-confiance ?

Mais les enfants grandissent; le moment arrive où il faut s'en séparer; peut-être pour leur instruction; tout le monde n'habite pas la ville, et c'est seulement dans les villes que sont les collèges, les gymnases, les universités. Peut-être pour apprendre un métier et s'y perfectionner. Le garçon part et dès lors commence pour la mère ce qui devrait être un exercice de foi et de confiance et n'est que trop souvent un motif de craintes fondées ou exagérées. L'enfant est-il vif, impétueux ? Il ne s'habituera jamais à la discipline, il ne pourra pas supporter la moindre injustice. Est-il doux, paisible ? C'est un innocent qui se laissera conduire par qui voudra le tromper, il n'aura pas la force de résister aux mauvais exemples... Et c'est avec angoisse que l'on ouvre ces lettres qui ne renferment le plus souvent que des nouvelles satisfaisantes, et des témoignages d'affection.

Et nos filles ! Ne faut-il pas quelquefois aussi s'en séparer ? Il y a trop de bouches à nourrir à la maison, l'aînée partira comme domestique et l'on cherche une place, loin dans le pays ou à l'étranger, car elle doit gagner un bon gage. Sa place est trouvée, la jeune fille est partie, et la mère pleure.

C'est l'hiver; elles sont là, plusieurs de ces pauvres mères dont les enfants sont au loin ; avec d'autres voisines, elles passent la veillée; les unes tricotent, les autres raccommodent des vêtements d'enfants, les plus âgées se chauffent autour du poêle.

Avez-vous de bonnes nouvelles ? demande une grand-mère.

- Elles sont toujours bonnes, répond une femme, mais qui sait si elles disent vrai ? Ma Louise est intelligente et je crois qu'elle fait bien son travail; mais elle est un peu hardie et j'ai toujours peur qu'elle ne réponde à Madame qui aurait bientôt fait de la mettre à la porte ! et ce serait beau ?

- J'ai eu aussi une lettre ce matin, dit une autre. Il paraît que mon Anna se plaît dans sa place. Au commencement les autres domestiques se moquaient d'elle, elle est si timide que cela la rend gauche. Pourvu qu'on ne la laisse pas avoir faim ! après tout c'est le principal.

- Il y a encore pire que ça, du moins pour la mienne, interrompt une troisième. C'est quand elles n'ont pas d'affection autour d'elles. La maîtresse de Rosalie ne lui parle jamais. Pas seulement de ces petits mots d'approbation qui vous donnent du courage. Alors elle s'ennuie davantage de la maison et m'écrit des lettres qui me font pleurer. Et puis, vous savez, ces petits coeurs tendres, ça se laisserait vite enjoler par la flatterie et le semblant d'amitié, et qui sait ensuite ce qui arriverait ?

Et toutes les trois que traversait la même pensée soupirèrent profondément.

- Il faudrait peut-être les confier au bon Dieu, dit d'une voix timide une petite ouvrière qui, à la lueur de la lampe fumeuse, achevait un travail qu'elle devait rendre le lendemain.

- Sans doute, répondit une des femmes.

Et ce fut tout. Chacune garda ses soucis, tout comme si cet état d'esprit était le lot indispensable de toutes les mères.

Cependant notre Dieu est fidèle et ne laisse jamais sans exaucement la foi qui se confie réellement en Lui.

Une veuve chrétienne fut obligée par les circonstances d'envoyer sa fille à l'étranger.

Marie avait 17 ans, elle venait de se convertir, et l'Institution où elle était engagée pour deux ans était dirigée par une dame pieuse et de toute confiance. Comme on ne trouva personne pour l'accompagner, elle dut partir seule, munie d'un itinéraire aussi exact que possible. C'était un voyage de près de 200 lieues.

Après avoir prié avec son enfant, la mère la conduisit à la gare et elles se séparèrent.

Qu'il fut triste, le retour de la pauvre mère! ou plutôt qu'il aurait été triste si de tout son coeur elle n'avait confié son enfant aux tendres soins du Père céleste ! Elle était à quelques pas de sa maison lorsque ce texte lui fut donné par le St-Esprit et raffermit son coeur. "Il donnera charge de toi à ses anges afin qu'ils te gardent dans toutes tes voies."

C'est ce que tu feras pour ma chère fille, Seigneur je le crois, répondit-elle, et une paix profonde, même une grande joie, entra dans son âme pour ne plus la quitter de longtemps.

De bonnes nouvelles vinrent au bout de quelques jours. Marie était bien arrivée et avait été accueillie avec cordialité par la Directrice; son voyage avait été très facile. A peine installée dans son compartiment, un monsieur et une dame y montèrent, ils faisaient le même trajet. Tout de suite, ils s'intéressèrent à elle lui épargnant bien des soucis, aplanissant les difficultés qu'elle avait le plus appréhendées. "Chère maman, ajoutait-elle, je pensais tout le temps que Dieu les avait envoyés comme des anges pour me conduire et me protéger tout le long du chemin".

Les jours et les mois s'écoulèrent. Marie était contente et sa maîtresse se montrait satisfaite de son travail. Mais peu à peu, sans qu'elle en eût conscience, la confiance de la mère déviait quant à son objet, se reposant tantôt sur les bons conseils qu'elle ne cessait de donner à sa fille, tantôt sur le milieu chrétien où vivait celle-ci, motif de sécurité qui lui semblait suffisant.

Un jour, quelque temps après les fêtes de Noël, elle reçut une lettre qui la troubla profondément. La jeune fille, invitée par une élève riche à passer ce temps de vacances dans sa famille, racontait les amusements, les réceptions, les toilettes qui l'avaient charmée, et terminait sa lettre par ces mots: "Que les riches sont heureux! que j'aimerais moi-même être riche et n'avoir pas à gagner ma vie" !

Ces paroles écrites avec sincérité dévoilaient un état d'âme qui affligea beaucoup la tendre mère. Dans son angoisse, elle se décida à consulter une amie chrétienne qui habitait dans le voisinage. (Béni soit Dieu pour les amies chrétiennes!) Que dois-je faire lui demanda-t-elle en lui montrant la lettre de Marie. Faut-il écrire à la Directrice du pensionnat ? Ne ferais-je pas mieux de rappeler l'enfant à la maison.

- Gardez-vous-en bien, ce serait risquer de perdre sa confiance, mais, chère Madame, avez vous cru, en vous séparant d'elle, pouvoir la garder et la diriger comme si elle était encore avec vous ?

- Non sans doute, mais...

- C'est au Seigneur maintenant à prendre soin d'elle et votre unique ressource, comme votre seule espérance de sécurité, c'est de la lui confier parfaitement sans réserve.

Alors elles prièrent ensemble, et la mère émue et tremblante dit à Dieu: Jusqu'à maintenant mon Dieu, j'ai tenu ma chère fille dans mes bras, la croyant bien en sûreté, mais en ce moment, je la remets entre les tiens, car mieux que moi tu sauras la garder! L'abandon fut si réel que la pauvre mère eut conscience qu'elle avait lâché son cher trésor... Le Seigneur l'avait reçu et elle allait bientôt en avoir la preuve.

La semaine suivante apporta d'autres nouvelles. Une dame pieuse veuve d'un missionnaire, venait de s'établir dans le voisinage. Apprenant que dans le pensionnat il y avait une jeune fille française, elle demanda et obtint la permission de la faire venir une après midi par semaine pour se perfectionner dans la langue. Ces leçons furent le prétexte plus tard de bien des conversations sérieuses où Marie apprit à aimer sa Bible, à se confier en Dieu pour ses petites difficultés et à accepter avec joie la position qui lui était faite par son Père céleste.

Ce récit véritable est, avec d'autres détails, l'histoire des mères chrétiennes qui ont appris à remettre leurs enfants éloignés entre les mains du Seigneur.

Le sujet est important et plein d'actualité. Il me semble que si quelque lectrice de notre cher petit journal se sentait pressée d'y ajouter son témoignage, du bien pourrait être fait à beaucoup de pauvres mères agitées et inquiètes qui, sur ce point, n'ont pas encore trouvé le chemin de la paix.









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