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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Corvée ou Privilège?

Le petit enfant revient de l'école, avec joie il se débarrasse de son sac, il le jette sur le premier siège venu et il court s'amuser. C'est le réflexe naturel de son organisme qui a subi pendant des heures une contrainte parfois très dure pour son âge ou son tempérament.
Et nous, les mères, nous regardons, songeuses, ce sac abandonné en nous demandant quand et comment aborder les devoirs à la maison. Tout d'abord, faut-il nous y intéresser et y prendre une part active? Je réponds sans hésiter oui quand il s'agit d'un petit enfant, car c'est à nous certainement qu'appartiennent le devoir et le privilège de lui faire découvrir et aimer le travail personnel. Alors, quand l'heure sera venue, vous l'appellerez d'une voix ferme mais avec une bonne humeur aussi communicative que possible, et vous vous mettrez à l'oeuvre avec lui.
La coopération variera suivant la tache à faire, mais il vous sera toujours possible de prendre vous-même un travail de couture ou un tricotage afin de lui donner un sentiment de stabilité et de tranquillité. A ce contact il se calmera lui-même et prendra son propre travail au sérieux. Le fait seul de votre présence sera un encouragement, il se sentira plus ferme devant l'effort à accomplir en vous ayant à ses côtés. Cette collaboration créera entre vous des liens nouveaux qu'il serait vraiment dommage de ne pas nouer. Et puis vous pourrez ajouter votre grain de sel personnel à l'enseignement de ses maîtres ; vous l'aiderez à trouver de l'intérêt dans les notions nouvelles qu'il aura à acquérir peu à peu ; vous lui donnerez par-ci par-là quelques indications précieuses sur la manière d'apprendre plus vite une poésie, ou de retenir mieux une ortographe compliquée , ou d'exposer plus clairement la solution d'un problème.
Avec lui vous rafraîchirez votre mémoire et vous chevaucherez à travers le temps et l'espace en histoire et en géographie. Il vous trouvera savante, comme sa maîtresse, et sa grande affection pour vous s'enrichira d'estime.
Et pourquoi tout à coup un soir prendra-t-il peut-être votre main pour l'embrasser dans un élan tout spontané ? Tout simplement parce qu'il aura besoin de vous exprimer naïvement sa reconnaissance de ce que vous lui avez tendu cette main pour le soutenir dans la grimpée ardue de la connaissance.
Et ainsi vous cheminerez chaque soir un moment l'un auprès de l'autre pendant six mois, un an, deux ans peut-être, suivant le caractère et le degré de développement de votre enfant. Et puis un beau jour il vous dira, d'un ton très décidé et très joyeux : « Maintenant, maman, tu n'as plus besoin de m'aider, je peux très bien travailler seul, et même tu n'auras plus besoin de m'appeler, je saurai venir tout seul. » Alors, ô mère, tu baisseras tes paupières sur ton regard brillant de joie pour remercier Dieu dans ton coeur de ce que ton enfant est arrivé à un premier sommet, celui du sentiment de sa responsabilité qu'il veut maintenant charger sur ses propres épaules, se sentant de taille à le faire.
Vous direz peut-être que c'est appeler de grands noms de bien petites choses, mais je répondrai qu'en éducation il n'y a pas de petites choses; tout est essentiel puisque tout fait empreinte, chaque pas en avant est du terrain conquis.
Et maintenant l'enfant met sa fierté et sa joie à se tirer d'affaire seul, vous le laissez faire en lui offrant simplement de l'aider à vérifier son savoir par quelques récitations. Si l'ardeur fléchit quelquefois, vous en étudierez la cause : fatigue, paresse, crise de croissance. Avec lui vous chercherez le remède, vous lui direz aussi, comme dans la poésie, que le travail est la grande loi commune qui unit toutes les créatures vivantes, et qu'il n'est pas un châtiment.
Plus tard son savoir vous laissera probablement bien loin derrière lui, mais il faudra qu'il sente que vous vous intéressez toujours grandement à ses études, et si une fois ou l'autre il est mis en retard pour une raison quelconque (maladie, absence), alors il vous trouvera de nouveau à ses côtés, prête à l'aider dans la mesure du possible, en alliée sûre et dévouée.
Et plus tard encore, quand décidément il n'y aura plus de devoirs à corriger ni de leçons à faire réciter, mais simplement un homme, une femme à comprendre et à aimer, vous vous souviendrez avec douceur de ces heures d'intimité studieuse où se sont tissés entre vous ces liens invisibles qui résistent à l'assaut du temps et des séparations.









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