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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Souvenir

Dans une gentille maisonnette, enguirlandée de roses et de glycines, on venait de terminer le repas familial et, tandis qu'aidée de la domestique, la jeune mère s'occupait à tout remettre en ordre, le père se leva suivi de ses deux fillettes et se dirigea gaiement vers la fenêtre.
Il faisait un temps superbe. A midi, sous les rayons du soleil de juin, la terre devenait brûlante. Sur la route poussiéreuse traversant le village, on voyait peu de monde. Les paysans étaient aux champs. Seuls, les vieillards gardaient les maisons, soigneusement enfermés dans leurs salles aux volets clos. De loin en loin quelques femmes glissaient dans l'ombre des murailles, allant aux provisions ou se rendant chez une voisine.
Tout était calme, tout semblait dompté par l'ardeur du soleil ou charmé par son incomparable éclat. Dans la maisonnette, le père et les enfants contemplaient la splendeur de midi et souriaient au soleil, le corps engourdi par une heureuse lassitude.
Sur la route, cependant, un homme, un pauvre s'avançait. Déguenillé, hâve, voûté, il se traînait péniblement. Il s'arrêta. En face, sur le trottoir opposé à la petite maison, était une pompe à crémaillère. L'homme tourna la roue. Mais rien ne vint. La pompe était en mauvais état. Il tourna de nouveau… Rien encore. L'homme regarda la pompe avec désappointement. Apitoyé, le père alla vers le buffet:
- Cet homme doit être très altéré, dit-il, et franchissant le seuil de la porte, il héla amicalement le passant.
- Hé ! Monsieur ? Mon ami, venez donc. Cette pompe est détraquée. Il faudrait tourner plus de trente tours pour tirer de l'eau. C'est vraiment trop fatigant par une chaleur pareille ! Venez, entrez chez nous, je vais vous offrir un verre de vin….. » Il s'arrêta.
L'homme s'était redressé à moitié et le fixait avec des yeux mauvais.
- Allez-vous me laisser la paix: Hein ? Est-ce qu'on vous d'mande quequ'chose ? J'n'en veux pas d'vot vin ! Gardez-le. Pa'squ'on est mal nippé, ça s 'croit l'droit d'vous parler ! Tas d'sales bourgeois va !» Puis, lâchant la pompe, clopin-clopant, il s'éloigna, grommelant et se retournant à chaque instant pour lancer d'ignobles injures.
Debout sur le seuil, le père restait immobile. Il n'avait pas même senti qu'épeurées, ses enfants le tiraient par les pans de son veston. Fixement, son regard suivait le chemineau.
Alors une terreur instinctive s'empara de l'esprit de la jeune femme. Elle ne craignait plus l'homme, mais, confusément, elle sentait venir une épreuve. Que se passait-il en l'âme de son mari ? Etait-ce le ressentiment, la colère qui lui donnait cette raide attitude? Sa bienfaisante pensée allait-elle se résoudre en une parole haineuse ? Serait-il inférieur à ce qu'elle espérait de lui? Anxieuse, elle le contemplait mais elle fut bientôt rassurée.
Il rentra, toujours silencieux, le regard baissé, il se tenait auprès de la table, y appuyant le bout des doigts.
Ses paupières s'alourdirent, et quelque chose brilla entre les cils, puis, lentement, d'une voix sourde, un peu rauque, il dit : - « Mon Dieu, faut-il que ce malheureux ait souffert pour me répondre ainsi ! Pauvre homme ! Il n'a pas compris que j'aurais été si content de pouvoir le soulager ! »
Alors, faisant ce que, par respect, la mère n'osait accomplir, la fille aînée, une brunette de dix ans, l'entoura de ses petits bras et, doucement, le visage radieux, dit en l'embrassant : - « Oh ! que je t'aime, mon petit père chéri ! »









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