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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLaissez-les tranquilles ? - Pierrot ! Pierrot ! Ecoute donc ! L'appel réitéré de la voix maternelle finit par pénétrer jusqu'à la mansarde où Pierre - collégien de 12 ans - relisait, pour la troisième fois seulement, les aventures palpitantes d'une poignée de marins perdus sur un radeau en plein Océan Pacifique. Un samedi pluvieux touchait à sa fin. Pierre s'était si bien plongé dans sa lecture qu'il en avait oublié tout le reste du monde. - Une voile à l'horizon…. nous sommes sauvés…. Ohé ! du navire ! marmottait Pierre d'une voix que l'émotion étranglait. - Pierrot ! Ecoute-moi donc, sois gentil et va vite à la boulangerie chercher un kilo de pain pour demain. Mais dépêche-toi donc, tu as juste le temps avant le souper. Le collégien s'arracha avec effort au monde des rêves, fronça le sourcil en regardant la pluie qui fouettait les vitres et rejaillissait sur le pavé de la rue. - Oh ! maman ! je suis si occupé ! Pourquoi n'envoies-tu pas Annette, cette fois-ci ? -Non, Annette est très enrhumée et doit étudier son piano, expliqua la mère. Sois donc gentil, mon Pierrot. Tu sais que je compte toujours sur mon grand garçon pour les commissions du samedi. Le collégien ferma son livre avec colère et posa sur la couverture la pomme entammée. -J'y vais ! cria-t-il avec mauvaise humeur, mais ce n'est pas juste ! aujourd'hui, je suis déjà allé deux fois faire des commissions pour toi. Avait-elle raison, avait-elle tort, cette maman ? Pierrot lui fait remarquer qu'il est déjà sorti deux fois pour elle et cette réponse - qui n'aurait certes pas excusé une désobéissance - nous paraît renfermer une précieuse indication pour la mère et pour tous les parents : soyons raisonnables dans ce que nous exigeons de nos petits, cherchons à grouper pour une seule course toutes les emplettes à faire, tâchons d'obtenir de l'enfant le maximum de services avec le minimum d'efforts. Et si nous choisissons le moment favorable, il est très probable que le garçon, comme la fillette, obéira avec joie. L'enfant n'est pas absolument au service de tout le monde. Les heures de congé sont choses très précieuses dont un écolier a le droit de disposer, en partie du moins. Si seulement les adultes se donnaient la peine de revenir par la pensée à leur propre enfance. Ils respecteraient peut-être un peu mieux celle de leurs fils et de leurs filles. Voyez cet enfant qui construit une hutte de feuillage ou un four de briques. Il se donne tout entier à ce qui est pour lui tout à la fois un labeur pénible et le plus enthousiasmant des jeux. Si, plus tard, il peut apporter aux grandes tâches de la vie cette joie aux travail et cette intensité dans l'effort, n'en sera-t-il pas plus heureux et plus utile ? La différence entre le jeu et le travail est surtout affaire d'attitude. L'artiste, l'écrivain, le technicien sont privilégiés qui peuvent vaquer aux devoirs de leur profession avec l'intense jouissance qu'ils mettaient jadis à leurs jeux. L'habitude de l'attention, de la concentration se contracte pendant l'enfance et les parents devraient veiller à ce que l'enfant jouisse d'une grande liberté et puisse se livrer à toutes les expériences utiles que lui fournissent son jeu ou sa lecture. Les petits, tout comme les adultes, ont à vivre une vie intérieure qui leur est personnelle. En respectant la liberté de l'enfant et en se gardant d'interrompre inutilement ses jeux, les parents poseront entre eux et lui les fondements d'une relation normale et jouiront toujours plus intensément du trésor qu'ils possèdent, la confiance et l'amitié de leurs chers petits. |
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