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La musique au foyer

L'ouïe est un des sens les plus délicats et les plus riches. Une mère désireuse de ne rien négliger pour le développement physique, intellectuel et moral de son enfant, veillera de bonne heure à l'éducation de ce sens qu'on a nommé le sens social par excellence.

"Par l'ouïe nous entendons la voix qui nous enseigne, par elle nous devenons capables de parler, par elle la foi même est formée dans les âmes: La foi vient de ce qu'on entend, dit Saint Paul.

Comme tous les autres sens l'ouïe se développe par un exercice modéré et se détériore par les fatigues ou les excès.

Il faut donc prendre garde à ce que les enfants ne soient pas exposés à entendre tout-à-coup des bruits assourdissants ou des cris perçants, douloureux pour les oreilles. Il est nécessaire sans doute qu'ils se familiarisent avec les impressions fortes, mais par des degrés bien ménagés. Il importe de bannir de la famille, de l'école et des cercles enfantins, les habitudes criardes et les bruits trop discordants. Combien de mères et de nourrices semblent croire que si la nature les a douées d'une voix claire et vibrante, c'est pour qu'elles fassent auprès de l'enfant l'office d'étourdissants perroquets! Cet abus de notes aiguës et glapissantes, bien que l'habitude en affaiblisse l'impression, cause un grand préjudice au bien-être physique et au développement intellectuel de l'enfant.

Que l'éducateur, au contraire, ait lui-même soin de parler d'une manière douce, mesurée, nette, harmonieuse, exempte de toute inflexion brusque ou affectée, et l'oreille des enfants se formera sous l'influence de ces sons agréables. De plus l'impression physique réagira avantageusement sur le moral.

Nous ne veillons pas assez sur nos intonations. Un ton d'aigreur engendre l'aigreur; un ton brusque amène la brusquerie; les enfants imitent l'exemple donné par leurs aînés.

Apprenons-leur aussi à étudier la voix harmonieuse de la nature ou plutôt ces mille voix dont les accents si divers s'accordent de façon si merveilleuse.

Enfin, autant que cela est en notre pouvoir, cultivons à la fois leur oreille et leur coeur par l'étude de la musique.

Dans tous les temps l'homme a été sensible aux charmes de la musique et l'on doit envisager cet art comme un des modificateurs les plus énergiques de notre nature. Aussi présente-t-il de grands avantages et de grands dangers.

Son influence pour exalter les passions et l'imagination est énorme, mais a aussi un grand pouvoir pour calmer nos agitations et nos douleurs. C'est là un levier trop puissant pour que l'éducation ne cherche pas à s'en emparer. Il s'agit donc de le mettre au service du beau, du bon et du vrai. Aussi l'action exercée sur les sens restera en harmonie avec le perfectionnement moral auquel il faut s'efforcer de tout rattacher.

On sait que les anciens enseignaient la musique dans les écoles et qu'ils la jugeaient très propre à adoucir le caractère bouillant de la jeunesse. Partout aussi où elle a été cultivée de nos jours, avec quelque discernement, elle a produit d'heureux effets.(1)"

"Un des exemples les plus frappants dont j'aie été témoin, dit une dame chrétienne, s'est passé dans une salle d'évangélisation où l'on réunissait tous les soirs des garçons des rues. Ils paraissaient endurcis et intraitables; soir après soir, lorsque tous les moyens de persuasion avaient été employés, dix à vingt garçons devaient être expulsés de la salle. Pendant plusieurs semaines, il fut même impossible de faire la prière à cause des querelles bruyantes, des cris d'animaux, des coups de sifflet, etc.

Mais un jour, nous fîmes entrer des musiciens qui chantèrent des chansons du collège et des morceaux religieux. A peine avaient-ils chanté quelques mesures que dans toute
la salle régnait un silence parfait, silence étrange après le bruit du début de la réunion.

Il est vrai que, les musiciens partis, les garçons recommencèrent leur tapage. Mais un fait était certain : Nous avions vu ces mauvais sujets, pour un moment, doux comme des agneaux. Une corde avait vibré dans ces coeurs déjà bien souillés par le péché; et dans leurs âmes encore si obscurcies, nous avions pu découvrir un faible reste de l'image de Dieu.

Ne pouvons-nous pas dire que, tandis qu'ils écoutaient ce petit concert inaccoutumé, quelque bien s'accomplissait dans ces caractères grossiers et que dans ces vies dégradées apparaissait un espoir de relèvement.

Les directeurs des asiles d'aliénés ont compris depuis des années que la musique a un effet calmant et moralisant sur leurs malades, et dans lin grand nombre de ces maisons on l'emploie constamment dans ce but."

"Une artiste chrétienne, connue en Amérique sous le nom de "Rossignol suédois" chantait un jour ce cantique: "Je sais que mon Rédempteur est vivant!" Emue par les pensées tendres et triomphantes exprimées par ce chant, elle pleura et tout l'auditoire pleura avec elle.

Cette émotion communicative peut être produite par un organe très imparfait. Ce ne sont pas toujours les voix les plus belles qui font vibrer les coeurs et les unissent dans un même sentiment d'adoration, d'enthousiasme ou de joie. La puissance de la voix dépend essentiellement du degré de conviction, de la profondeur du sentiment du chanteur.

La musique sera donc pour l'enfant, non seulement un délassement au milieu d'occupations plus difficiles ou plus graves, mais encore un moyen d'élever l'âme, d'y entretenir des sentiments nobles et généreux, de la calmer et de l'attendrir tour à tour, et surtout de faciliter ses aspirations aux biens de la vie éternelle!

Aussi dès que l'enfant commence à chanter ou à jouer d'un instrument, il faut lui enseigner que ce qu'il chante et joue doit être donné aux autres et à Dieu. Que chacun mette au service des autres le don qu'il a reçu. On peut devenir aussi avare de ses talents que de son or. L'un et l'autre deviennent des bénédictions s'ils sont convenablement employés, une malédiction si l'usage en est souillé par l'égoïsme ou la sensualité.

Mais si l'égoïsme de la musique est à redouter, que dire de cette vanité cultivée chez l'enfant par l'exibition de ses petits talents ?

Nos enfants peuvent n'être pas de petits prodiges mais le plus grand malheur serait qu'ils s'imaginent l'être. Là encore l'oubli de soi-même est l'idéal à poursuivre. Conduite vers le beau, leur intelligence doit marcher de pair avec les doigts et la voix. (2)"

La musique, dit encore M. Gauthey, est une véritable langue dont le domaine commence là où finit celui de la parole, mais qui, en s'associant avec la parole, en augmente le charme et la puissance.

L'oreille est le chemin du coeur, a dit un poète, mais par elle le coeur n'est touché que si, dans les paroles et les sous entendus, un coeur a parlé.

Si nous voulons que nos enfants, par un instrument ou par leur voix, apportent une bénédiction à d'autres âmes, enseignons-leur donc à exprimer, aussi bien que possible, les sentiments qui ont inspiré la mélodie ou les paroles qu'ils répètent.

Pour cela veillons à ce qu'ils comprennent bien ce qu'ils chantent. On a souvent constaté combien le sens des cantiques d'Ecole du dimanche, en apparence les plus enfantins, était tordu par ces jeunes esprits encore étrangers à notre langage religieux et à ses allégories.

Ecrire ou composer pour les petits enfants n'est pas chose aussi facile que cela en a l'air, car il faut avant tout, être simple, simple, simple. Je sais bien que les enfants apprennent assez volontiers bon nombre de chants dont ils ne comprennent pas chaque mot: l'air ou le refrain les font passer sur le reste! Mais c'est là un pis aller que nous devons nous efforcer d'éviter.

Tous les arts, toutes les sciences, toutes les nobles pensées ont leur source en Dieu et c'est ainsi que Wagner a pu dire de la musique qu'elle était le mémorial du Dieu vivant.

Venue de Dieu elle peut comme la prière, monter jusqu'à Lui; elle peut aussi être son messager pour porter à l'âme les consolations et les espérances célestes.

Un cantique allemand raconte qu'un ange amena un bébé, du ciel sur la terre, et le pressant tendrement sur son sein, lui chanta le long du chemin un doux chant du ciel, un chant que l'enfant n'oublia jamais et qui l'aida à la fin de son pélerinage terrestre, à reprendre son vol pour sa véritable patrie.

Peut-être aussi, en se rappelant une douce figure penchée sur son berceau et une voix émue fredonnant un cantique, votre fils sera-t-il gardé au collège, ou, plus tard dans la vie, des influences malsaines. Peut-être encore, en se rappelant la mélodie sainte entendue sur vos genoux, votre fille sera-t-elle un jour préservée du découragement funeste, consolée et fortifiée.

0 mères, chantez à vos enfants, puisque votre voix peut les faire naître à la vie divine et les préparer à chanter eux-mêmes non seulement ici-bas les louanges du Rédempteur, mais dans l'éternité le cantique nouveau.

Dans un monde où, souvent la poussière, la fange
Risqueraient d'envahir même le pur foyer,
Pour purifier l'air, l'assainir tout entier,
Il faut l'aile d'un ange!

Dans un monde obscurci des brouillards de la terre,
Qui voudraient assombrir nos plus tendres bonheurs,
Pour nous envelopper, pour éclairer nos coeurs
Il faut une lumière!

Dans un monde où la voix sans cesse menaçante
De tous les opprimés fait un lugubre accord,
Pour que dans nos maisons l'on soit joyeux encor
Il faut l'enfant qui chante.


(1) L. TH. GAUTHEY
(2) Trad. Libre









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