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Le but
Il est un grand nombre de parents qui montrent beaucoup de sagesse, d'habileté, de prévoyance dans les affaires de la vie, et qui vont à l'aventure dans l'éducation, se bornant à suivre la coutume, la tradition, sans s'être demandé une seule fois: Que dois-je faire de cet enfant ? Le statuaire qui veut tailler dans le marbre une statue ne prend son ciseau que quand il a mûri son dessein par une méditation profonde; et quand il s'agit de tailler, non pas le marbre muet et insensible, mais l'âme elle-même, quand il s'agit de toucher à ses fibres les plus sensibles et les plus délicates, l'éducateur, ce statuaire moral, appelé à faire revivre dans l'enfant l'image de Dieu, commencerait l'entreprise au hasard, sans y bien réfléchir ! Comment s'étonner qu'une oeuvre ainsi entreprise à la légère soit informe et incohérente ? N'espérez donc pas arriver à aucun résultat sans une vue nette du but à poursuivre.
Mais ce n'est pas tout d'avoir un but, il faut n'en avoir qu'un: Dieu n'en a eu qu'un pour l'humanité. Imitez-le encore à cet égard. Rien n'est plus fatal que de poursuivre deux buts différents et contradictoires. Vous ne pouvez pas à la fois chercher pour vos enfants les avantages de la piété et ceux de la mondanité.
Vous ne concilierez pas mieux pour eux le service de Dieu et celui des intérêts temporels. Rappelez-vous qu'en poursuivant ces deux buts vous leur apprendrez, par votre exemple, cette triste inconséquence, l'un des plus grands fléaux de la vie morale. Les coeurs partagés sont en réalité des coeurs refusés à Dieu.
Mais, gardez-vous de penser que cette unité de but dans l'éducation vous condamne à une sorte de puritanisme étroit qui aboutisse à la mutilation des facultés de l'homme.
Quand nous disons qu'il faut viser au salut de l'enfant, nous ne voulons pas seulement dire qu'il faut l'amener à recevoir le pardon de Dieu.
Le salut n'est pas seulement la délivrance de la condamnation, c'est encore le renouvellement de notre être. Dieu, en sauvant l'humanité, n'a pas voulu la détruire, mais, au contraire, la reconstituer; et Jésus-Christ est venu réparer tout ce que la chute avait souillé et altéré.
Il y aurait donc une grave erreur à renoncer, sous prétexte de piété, au développement total des facultés de l'enfant. On irait ainsi directement contre les vues de Dieu, qui apparemment ne s'est pas trompé en lui faisant ces dons si divers et si précieux. Le Dieu de la grâce est le même que le Dieu de la création, et les dons naturels doivent s'épanouir dans leur fleur brillante au soleil de justice qui porte la santé dans ses rayons et guérit tout ce qu'ils auraient contracté de maladif par le péché. L'éducateur qui prétendrait retrancher quelqu'une des facultés primordiales de l'être humain ressemblerait au cultivateur qui couperait les branches vivaces des arbres qui lui sont confiés. La nature humaine ne se laisse pas ainsi mutiler; elle se venge de ceux qui compriment son essor légitime; elle se jette dans des réactions terribles. Le puritanisme étroit en éducation provoque la révolte chez les âmes énergiques, et de tristes exemples sont là pour nous apprendre jusqu'où un caractère ardent peut être porté par la tyrannie religieuse qui lui a refusé l'air et la lumière. Ayez donc pour but de reconstituer, avec le secours de Dieu, la vraie nature humaine, en la respectant dans tous ses éléments. Il vaut mieux amener toute pensée captive à Jésus-Christ que d'interdire à l'intelligence et à l'imagination de prendre librement leur vol. Donnez donc à vos enfants une instruction large et solide, toujours fondée sur la vérité. Rappelez-vous qu'ils auront des devoirs à remplir vis-à-vis de la société et de leur pays, et que vous devez les en rendre capables. Gardez-vous bien de croire que le christianisme ne tolère que la médiocrité; montrez, au contraire, qu'à son école se trempent les caractères énergiques et se forment les plus nobles intelligences. Il faut qu'on sache que le meilleur moyen d'avoir des hommes complets c'est d'avoir des chrétiens sérieux, et qu'en définitive le chrétien est l'homme normal, du moins en tant qu'il est conséquent. L'éducation vraiment chrétienne doit être à égale distance d'une étroitesse puérile et téméraire et d'une mondanité dangereuse. Elle doit nécessairement poursuivre le but de Dieu à notre égard, qui est la reconstitution par Jésus-Christ de l'homme véritable, en subordonnant toujours les choses secondaires à la seule chose nécessaire, mais en trouvant dans celle-ci un principe fécond qui porte partout la vie et la lumière.
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