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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOUR"Cet âge est sans pitié" Le champ que l'éducation est appelée à parcourir et à cultiver est vaste et varié, il réserve à ses ouvriers plus d'une pénible surprise. Dès les premiers pas, ils se heurtent à cet aphorisme chanté par les poètes et accrédité par l'ignorance, savoir: l'innocence du petit enfant. Or, cette innocence est très relative et la mère intelligente a bientôt fait de s'en convaincre. Dans les cris de son nourrisson, elle ne tarde pas à découvrir des signes de caprice ou d'impatience; plus tard, la petite main qui se lève pour frapper lui révélera une disposition à la violence, et les petits pieds toujours disposés à trotter dans les endroits défendus, l'esprit d'insubordination, qui bientôt sera pour elle une source de luttes. De même, elle discernera une pointe de jalousie dans ce geste écartant le grand frère qui demande aussi des caresses, et l'égoïsme du coeur naturel dans la répugnance du petit enfant à prêter ou à donner tel jouet qui lui appartient: Il y a un homme, un homme pécheur dans ce petit enfant; mère, ne l'oubliez pas ! Un des instincts mauvais qu'on rencontre le plus souvent chez les enfants, surtout chez les garçons, c'est la cruauté envers les animaux, et c'est ici que l'éducation est nécessaire et bienfaisante. Laissez en effet à lui-même ce petit garçon qui a l'air de regarder à travers la vitre la pluie qui tombe ou le feuillage qu'agite le vent c'est bien de cela qu'il s'occupe! Il a vu quelques mouches sur cette vitre et le voilà qui cherche à les attraper; quand il les tiendra dans sa petite main; il leur arrachera les ailes et jouira de les voir ainsi marcher "toutes nues" comme disait un bambin. Mais la pluie a cessé et l'enfant vous demande la permission d'aller jouer dans la cour. Malheur aux poules s'il a un bâton ou une pierre à la main! Il les pourchassera et s'amusera de leur frayeur, de leurs gloussements, s'il ne parvient à les frapper. Mettez un tout jeune chat sur les genoux de ce bébé de 2 ou 3 ans. Dans un moment, vous entendrez les miaulements plaintifs du petit animal; bébé lui tire la queue et s'amuse à l'entendre crier. Je pourrais multiplier les exemples. Oui, les enfants sont cruels, "cet âge est sans pitié." Cependant il y a des circonstances atténuantes dont il est bon de se souvenir. D'abord, l'enfant ne comprend pas quand il est très jeune que son jeu cruel fait souffrir : et lorsqu'il l'a compris, les exemples qu'il a sous les yeux fortifient le plus souvent cet instinct au lieu de l'en guérir. Dans la maison ne voit-il pas écraser sans pitié l'araignée qu'atteint le balai de la ménagère ? Au jardin, ce sont les arbres qu'on échenille ou les limaces qu'on détruit; et comme il ne sait pas encore distinguer entre ce qui est utile et inoffensif et ce qui est nuisible, il écrasera lui aussi la petite fourmi travailleuse ou le joli lézard qui se chauffe au soleil. Le jour où l'enfant a vu le charretier fouetter cruellement ses chevaux, il a frappé le cheval de bois qu'il avait caressé jusque là et c'est peut-être en voyant plumer un pigeon à la cuisine qu'il a conçu l'idée d'arracher les ailes à la mouche ou au papillon. Le devoir de la mère et plus tard celui de l'éducateur est donc tout tracé. L'enfant doit d'abord apprendre que l'animal souffre si on lui fait du mal, lors même qu'il ne le manifesterait pas par des cris et si la pente naturelle de son caractère est décidément l'insensibilité, la mère ne devra pas craindre de le faire souffrir pour lui inculquer la leçon, lui arrachant quelques cheveux par exemple, s'il récidive à arracher les ailes ou les pattes aux insectes; lui serrant un peu le poignet s'il continue à pincer la queue du petit chat, le privant de cet oeuf mollet qu'il aime tant, s'il tourmente encore les poules. A mesure qu'il grandira, la mère devra l'exciter souvent à la bonté envers ces créatures que Dieu a mises comme nous sur la terre et qu'il veut que nous rendions heureuses. Plus tard encore elle lui parlera du péché de l'homme qui a gâté toutes choses, et de ces temps promis où le Seigneur venant lui-même régner sur la terre, y établira l'harmonie et l'amour, tellement que le loup gîtera avec l'agneau, que le lion et le boeuf paîtront ensemble et un petit enfant les conduira. C'est le triomphe de la mère chrétienne de vaincre avec les armes divines que lui fournissent les Saintes Ecritures. Mais pour cette victoire comme pour toutes les autres, il faut beaucoup de vigilance, de patience et de prières; il faut avoir reçu pour soi-même cette pitié pour les êtres faibles dont nous désirons remplir le coeur de nos chers enfants; car de même qu'ils ont suivi instinctivement les exemples qui ont développé en eux le penchant funeste dont nous voulons les guérir, ils seront gagnés, soyez en sûres, par les sentiments de bonté et de compassion qu'ils rencontreront au foyer domestique, chez les parents qui sont à leurs veux la manifestation de l'amour et de l'autorité de Dieu même. 0 céleste Pitié, viens, descends dans les coeurs De nos petits enfants pour les rendre meilleurs! Ton baume est bienfaisant, il calme la souffrance; Dans nos foyers chrétiens, qu'il coule en abondance Que tous, petits et grands, s'efforcent d'adoucir Les maux que le Seigneur viendra bientôt guérir. |
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