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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La mère, professeur de théologie

Le souper était prêt et Robert n'avait pas encore paru !

La mère abandonna sa machine à coudre et, le front soucieux, rejoignit son mari qui, assis devant la maison, lisait son journal. La petite soeur grimpa sur le mur pour voir aussi loin que possible sur le sentier par lequel son frère était parti.

- Je pensais qu'il ne risquait rien avec Charles, dit la mère, c'est un garçon si sage, si tranquille, et qui sait nager !

- Oh! Robert s'en sera très bien tiré ? Ne crains rien, dit le père en riant. Où est ma petite Nini pour accompagner son papa à table ?

D'un bond la fillette fut à terre et vint se mettre à sa place.

Tous trois avaient à peine commencé à manger que la porte s'ouvrit et que Robert parut. Mais dans quel état ! De son costume de toile, mouillé jusque sous les bras, de grosses gouttes d'eau sale tombaient sur le plancher; ses pieds nus étaient couverts de vase noire ; son visage était rouge d'excitation et ses yeux brillants d'enthousiasme. Sous ses mains, élevées à la hauteur de son cou, tout près de son menton, était accroché un petit chat blanc, tout mouillé lui aussi et tremblant de froid.

- Prends-le, mère, et soigne-le pendant que je vais changer d'habits. Mais il est à moi, bien à moi, car je lui ai sauvé la vie! s'écria le jeune garçon. Et tout d'une haleine il continua: Un homme l'avait sorti d'un sac et jeté dans l'eau par-dessus le pont; mais il ne se noya pas. Tu vas voir comme il est intelligent! Au bord de l'eau il y avait un morceau de bois sur lequel il sauta. Alors de méchants garçons lui jetèrent des pierres pour le faire tomber et poussèrent le morceau de bois dans la rivière. Une de ces pierres le renversa, mais il réussit bientôt, avec ses mignonnes pattes blanches, à se raccrocher à la bûche et se mit à miauler. C'était affreux de l'entendre! J'aurais voulu l'attraper, mais impossible! Il était trop loin. Heureusement je trouvai un bout de planche que je poussai jusqu'à lui en marchant dans l'eau aussi loin que je pouvais. Il comprit bien que je voulais le sauver, car vite il sauta sur ma planche et je le pris dans mes bras. Il était si content qu'il me léchait les mains et en revenant il faisait ron-ron comme s'il voulait dire merci. Maman donne-lui un peu de lait chaud, veux-tu ?

Comme il était beau l'enfant avec son regard plein de joie et de pitié ! C'est ce que pensaient le père et la mère et c'était aussi l'avis de la petite soeur. Pour celle-ci Robert était un héros dont le récit émouvant avait fait couler de grosses larmes sur ses joues.

Le chat devint le favori de toute la maisonnée et la joie des enfants. Mais Minet aimait surtout Robert qui ne se lassait pas de le soigner, de le caresser, de l'admirer.

Un jour que les enfants devaient apprendre par coeur leurs versets pour l'Ecole du dimanche, leur mère avant de leur expliquer la leçon, éleva son coeur à Dieu dans une ardente prière, demandant au Seigneur de l'aider à enseigner à ces jeunes coeurs, ce qu'était le salut par la foi en Jésus-Christ.

Le premier texte était celui-ci: "En ceci consiste l'amour; non que nous avons aimé Dieu, mais Dieu nous a aimé et s'est donné Lui-même pour nous."

- Comprends-tu cela, mon garçon ? demanda la mère !

- Non, bien sûr! Comment veux-tu ? Il n'y a que les grandes personnes, les pasteurs, les moniteurs qui puissent le comprendre, mais pas les enfants.

- Pas les enfants, répéta la petite soeur.

- Cependant, mes chéris, Jésus lui-même a dit que l'amour de Dieu et son ciel sont pour les enfants, même pour les bébés, comme le nôtre qui est parti pour aller vers Lui.

Et les lèvres de la mère tremblaient en prononçant ses paroles.

Pourquoi ne comprendriez-vous pas cet amour ? Voyez! le petit chat sait ce que c'est que d'aimer.

Sur l'épaule de Robert, Minet jouait avec les boucles de l'enfant, faisant mine de lui mordre l'oreille avec ses toutes petites dents inoffensives.

- Oh ! oui, il m'aime et moi aussi je l'aime parce que je lui ai sauvé la vie. Sans moi il serait mort, noyé ou affamé.

- Alors comprends-tu maintenant, mon enfant, pourquoi Jésus t'aime. Ce n'est pas parce que tu as été bon pour lui, non! C'est parce qu'il t'a sauvé! Et sais-tu pourquoi tu lui appartiens ? Parce que sans lui, tu périssais. Il a souffert pour t'arracher au péché pour faire de toi son enfant et te recevoir un jour dans son ciel.

- Oui, je commence à comprendre, dit Robert, et son regard s'anima.

Moi aussi j'ai voulu sauver cette chère petite bête. J'ai marché dans l'eau profonde au risque de me noyer; mon couteau neuf s'est rouillé dans ma poche et je me suis fait mal aux mains avec la planche. Mais je voulais sauver Minet et maintenant je l'aime terriblement.

- Et supposons que ton chat t'ait beaucoup aimé sans que toi que tu aies eu aucune amitié pour lui, crois-tu que son amour pour toi l'aurait sauvé ?

- Oh! non; bien sûr!

- C'est précisément ce que dit ton texte: "C'est en ceci que consiste l'amour; non que nous ayions aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et s'est donné Lui-même pour nous." Vous le voyez, chers enfants, l'amour qui sauve ce n'est pas celui que nous avons pour Dieu, c'est celui que Dieu a pour nous. Grâce à cet amour nous sommes délivrés du mal et en sûreté dans les bras de Dieu. Comprenez-vous ?

Certes Robert et Nini comprenaient et sur leurs visages innocents ou pouvait apercevoir comme un reflet de la vérité libératrice qu'ils venaient de découvrir. La fillette était toute émue, le garçon pensif. Soudain il dit: C'est vrai que c'est bien moi qui ai sauvé mon chat, mais je n'aurais pas pu s'il ne s'était pas laissé faire et s'il n'avait pas d'abord quitté sa pauvre bûche pour venir sur ma planche. On aurait dit qu'il avait confiance en moi quand il a sauté dessus. Et comme il était content après!

- Oui, dit la mère, il avait foi en toi ; c'est ce que dit l'autre texte: "Ayez foi en Dieu." C'est facile. Avoir foi en lui, c'est croire qu'il t'aime et te sauve, te confier en lui pour ton salut et pour tout ce dont tu as besoin, en comptant sur son amour. Peux-tu te confier ainsi en Dieu, Robert ? Et toi aussi ma chérie ?

Oh ! oui, Maman, je le peux, je le fais, dirent ensemble les deux enfants. Un moment de silence suivit pendant lequel le coeur de la mère s'éleva vers Dieu avec reconnaissauce. Puis Robert dit, tout ému: je ne pensais pas que croire fut si facile. Alors, nous sommes sauvés dès maintenant?

Oui, sauvés maintenant parce que Jésus vous aime et que vous croyez en Lui. Mais vous avez encore quelque chose à faire.

Supposez qu'après avoir été sauvé par Robert, Minet ne l'aimât plus du tout?

- Oh! mais il m'aime, maman. Ecoute son petit ron ron de plaisir. Il est si heureux que je le laisse m'aimer.

- Vous aussi mes enfants, vous devez aimer Jésus de tout votre coeur, vous réjouir en son amour et le remercier de ce qu'il vous permet de lui montrer votre affection.

"Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier" dit le texte suivant.

La puissance du Saint-Esprit, toujours prête à s'exercer sur des coeurs purs et confiants, accompagnait chaque parole de la mère et quand celle-ci s'agenouilla entre Robert et Nini, elle était convaincue que tous deux avaient reçu le salut par la foi au Rédempteur du monde.

Sa prière monta au ciel, joyeuse et reconnaissante; elle aurait pu les quitter en ce moment même si telle eût été la volonté de Dieu.

Dès ce jour mémorable, les enfants crûrent vraiment en sagesse et en grâce, tandis que leur mère redoublait de vigilance et de prières, comprenant bien qu'un moment viendrait où ils passeraient de longues heures loin d'elle.

En effet, bientôt les jours d'école arrivèrent et Robert absent les trois quarts de la journée ne passait à la maison que le temps nécessaire à la préparation des devoirs du lendemain.

Minet n'était pas aimé de la cuisinière. Il se trouvait à tout moment sur son chemin et souvent elle l'avait mis à la porte malgré la pluie ou le gel. Plus d'une fois Robert le trouva grelottant dans la neige et il lui fallut une certaine dose de patience pour ne pas faire de scène en rentrant à la maison.

Un jour, d'un air résolu quoique des larmes brillassent dans ses yeux, le jeune garçon frappa doucement à la porte de sa mère et entra dans cette grande chambre ensoleillée où dormait un petit frère récemment arrivé dans la maison.

- Mère dit-il, en contemplant bébé dans son berceau, puis-je renvoyer Minet ? Puis-je le donner à Charles?

- Oui, si tu veux, dit la mère passablement étonnée. Mais je croyais que tu l'aimais tant.

- C'est vrai, maman, le l'aime beaucoup. Mais c'est justement pour cela que je veux m'en séparer. Tu ne sais pas comme la cuisinière le maltraite. Puis, Charles l'aime beaucoup aussi et cela le distraira jusqu'à ce que sa jambe cassée soit guérie.

- Minet s'ennuiera de toi ?

- Oh! pas du tout. Il aime bien Charles et a souvent été avec lui, même plusieurs jours de suite quand il était au lit. Du reste, ce ne sera pas pour toujours. Lorsque Charles pourra de nouveau aller à l'école, Minet reviendra ici et alors tu seras aussi comme avant et, avec toi et Nini, Minet sera de nouveau bien soigné.

Ainsi par pure affection, Robert se sépara de son petit favori pour un temps, et la bonne mère se servit de cet exemple pour parler à ses enfants du grand amour de celui qui disait à ses disciples et à nous avec eux: "Il vous est avantageux que je m'en aille. Mais je viendrai et vous prendrai de nouveau avec moi, afin que là où Je suis vous y soyez aussi."

A Pâques, quand les deux enfants durent être reçus membres de l'Eglise, quelques personnes pensaient qu'ils étaient peut-être un peu trop jeunes pour bien comprendre l'acte qu'ils accomplissaient. Mais le pasteur après avoir eu avec eux, comme avec leurs camarades, un entretien intime revint étonné et joyeux. Où donc se disait-il, Robert et Nini ont-ils appris tout ce qu'ils savent sur le chemin du salut ? Comme ils sont confiants et obéissants ! Ils sont plus instruits des choses qui concernent le royaume de Dieu que beaucoup de jeunes gens disciples des professeurs de théologie!

Le brave pasteur oubliait peut-être en ce moment que Dieu a caché ces choses aux sages et aux intelligents et les a révélées aux enfants. Et surtout il ne se doutait pas qu'au foyer domestique, une mère, en apparence toujours occupée à quelque travail matériel, avait été pour ces jeunes coeurs le meilleur des professeurs de théologie.









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