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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLa leçon qui fait comprendre la vie Extrait d'un cahier de méditations pédagogiques, 1926 C'est un lundi, nous sommes tous installés dans notre petite salle de jeux dans l'attente d'une histoire. Georgette est en retard, elle entre bruyamment, tape la porte; ses camarades lui reprochent ce bruit désagréable. Simone lui dit: « Ça coûte très cher pour faire une porte tu sais ! » Guillaume: « Surtout celle-ci encore, elle a du verre. » Janine : « Et il a fallu longtemps pour trouver le verre et pour faire la forme au bois. » Et l'éducatrice ajoute: « Ah! une porte, c'est quelque chose de si précieux, il a fallu tant de temps aux hommes sur la terre pour construire une porte qui s'ouvre et se ferme, une porte qui a une poignée, une serrure, une clé ! L'entretien se poursuit. Que de détails intéressants! On ne les soupçonne pas, on ne sait plus voir. Les enfants sont riches en trouvailles de ce genre. Simone : « Alors, une fois les hommes n'avaient rien sur la terre, mais comment ont-ils fait pour avoir tout ce qu'on a aujourd'hui? » Louis : « Ça c'est l'histoire de toutes les choses du monde, elle est longue, longue, longue celle-là ! » Et l'histoire fut racontée, elle débuta par… l'homme qui n'avait pas de porte à sa maison. Elle fut longue, très longue, comme l'avaient prévu les jeunes auditeurs. Suivre pas à pas l'âpre lutte de la vie des hommes, apprendre à sentir au contact des choses d'aujourd'hui la dette que nous devons à ceux du passé, quel sujet passionnant! Au jour le jour, les impressions de joie et d'admiration, les expressions de reconnaissance même furent recueillies, et ces tous jeunes et candides artistes s'essayèrent avec une aide très mesurée à chanter et a mimer la merveilleuse histoire. Voici ces couplets naïfs : Sur la terre par milliers des hommes ont travaillé Pour avoir la flamme si bonne ils ont lutté, Pour trouver le pain qu'on nous donne ils ont peiné. Pour se faire des habits les hommes ont dû chasser. La peau des bêtes était bien bonne pour s'envelopper. Pas de costume que l'on façonne, pas de souliers. Seulement des pierres avaient les hommes pour leurs outils, L'os et l'ivoire un jour leur donne un grand profit, L'aiguille fine se perfectionne pour les habits. Pour transporter sur terre les hommes ah, n'avaient rien. Des sacs sur le dos conditionnent le seul moyen. Les véhicules que l'on actionne c'est notre bien. Pour se faire des paniers les hommes ont su tresser. Des ustensiles de bois, de corne ils ont créés, L'argile grise, ils la transforment en vrais potiers. Un trou profond avaient les hommes pour leur maison, Huttes de feuilles, de peaux ils forment, l'abri est bon ; Plus tard le bois, les pierres leur donnent l'habitation. Pense à tous les hommes sur la terre, Pense aujourd'hui Aux progrès qu'ils ont eu à faire, à leurs soucis, Continue l'ouvrage de tes frères Toi, peine aussi. Spontanément au cours du travail, de petites voix entonnaient ce dernier couplet avec un sentiment ému. Dans la vie quotidienne que de faits simples (trop simples sans doute et nous les avons oubliés), susceptibles de déclancher toute une série d'idées fécondes pour développer l'âme enfantine. C'est là l'Å“uvre de la maison et de l'école, ces deux foyers qui devraient dans une intime collaboration édifier et réaliser le programme de l'éducation selon les besoins et les aspirations de l'enfant. Oui, certes, les aspirations, les émotions du petit enfant sont bien fragiles et fugitives, mais dans leur courte durée elles n'en sont pas moins le point essentiel, et nous devons chercher à les comprendre, à les provoquer, à les éduquer. Aujourd'hui, la mère qui se penche sur le douillet berceau de son enfant, sent-elle tous les liens qui l'unissent à la mère qui, autrefois, contemplait son trésor sur une couche de feuilles ou de peau ? Quand elle manie la fine aiguille et façonne les vêtements de ses chéris, voit-elle en pensée celle qui, il y a des mille ans, cherchait à faire un trou dans un débris d'os afin d'assembler plus facilement au moyen de cet outil rudimentaire, les peaux de bêtes pour en couvrir ses petits. L'enfant qui se régale de son lait, en portant à ses lèvres sa tasse, cet objet si commun, ne sait pas ce qu'elle a coûté d'efforts et de pensées à travers les âges. Dans l'entourage immédiat de l'enfant les objets usuels qui ont le pouvoir de fournir un enseignement précieux sont nombreux. Et voici la leçon qui fait comprendre la vie, et la vie qui fait comprendre la leçon. L'enfant est le nÅ“ud, le point d'intersection entre le passé et l'avenir, il est le dépositaire de toutes les énergies, de toute la pensée de ce passé. En lui réside toute notre foi en un meilleur devenir. La responsabilité de l'éducatrice est immense. Elle ne doit jamais s'écarter de ce but : « Les forces morales, physiques, intellectuelles lentement acquises doivent non seulement être gardées intactes, mais doivent être accrues ». |
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