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L'Obéissance
Obéir est une des premières leçons que l'enfant doit apprendre. C'est l'obéissance aux principes divins, aux ordres de sa conscience, qui plus tard, sera sa force contre le mal; mais il faut qu'il s'y prépare en étant docile à l'égard de ses parents.
L'obéissance n'est pas un instinct naturel à l'enfant; elle dépend de la façon dont il a été élevé. Les parents ne s'attendent pas à ce que leurs enfants sachent parler ou lire sans qu'on le leur ait enseigné et quand le moment est venu pour cela ils ont soin de s'en occuper. Pourquoi ne pas mettre autant d'importance à les former à l'obéissance qui leur est si nécessaire ?
L'enfant a été confié par Dieu aux parents; c'est à eux qu'incombe le devoir de l'élever. Mais il n'y réussiront qu'en faisant de cette éducation un sujet d'étude et de prière. Ils ne doivent pas se contenter de faire de leur mieux, mais bien se proposer comme but constant d'acquérir de l'expérience, et de la sagesse pour l'accomplissement de cette tâche. Car c'est d'eux que dépend en une grande mesure le salut de l'âme de leur enfant et Dieu leur en demandera compte.
Les moyens employés pour former les enfants à l'obéissance sont trop souvent d'une nature vague et ne sont pis appropriés au but qu'on veut atteindre. La méthode ordinaire est d'accabler l'enfant de reproches et de punitions lorsqu'il a désobéi: C'est n'agir que sur le côté négatif de son caractère. C'est comme un jardinier qui passerait son temps à arracher les mauvaises herbes et ne se donnerait pas la peine de tailler ou d'arroser les plantes. Bien que n'étant pas étouffées par les orties ces plantes périraient faute de soins. Mieux vaut prévenir le mal que de le combattre, et pour celà, il faut s'efforcer systématiquement d'inculquer à l'enfant l'habitude d'obéir.
Ce qui compromet souvent le succès d'une méthode c'est le manque de suite dans son application. Un jour on placera bien haut son idéal et chaque effort tendra vers ce but. Le lendemain, la mère énervée ou trop occupée permet ce qu' elle défendait hier, simplement parce qu'elle éprouve moins de fatigue à permettre qu'à défendre. Cette manière d'agir produit un effet désastreux sur l'enfant. Il saura désormais que ses chances d'obtenir ce qu'il désire dépendent non de ce qui est bien ou mal en soi mais de l'humeur de sa mère, les efforts intermittents pour obtenir l'obéissance peuvent être continués indéfiniment sans aucun résultat satisfaisant.
Comme toute oeuvre qui entraîne quelque responsabilité, l'éducation des enfants exige l'esprit de renoncement, beaucoup d'énergie, une attention constante et la plus sérieuse persévérance.
Nous entendons des mères se lamenter de ne pouvoir "faire façon" de leurs enfants et elles ne se rendent pas compte combien souvent c'est leur faute s'il en est ainsi. Si nos enfants nous refusent obéissance examinons bien de quelle manière nous l'avons exigée et quels étaient nos motifs. Rappelons-nous que ce qu'il faut obtenir, ce n'est pas une soumission aveugle à nos ordres, un semblant d'obéissance; non, la vraie obéissance est une docilité volontaire et joyeuse à l'égard d'une autorité reconnue légitime. Si les parents prennent la peine d'examiner soigneusement leurs motifs, ils découvriront souvent qu'ils n'exigent de leurs enfants que l'obéissance à leur volonté propre, la soumission du plus faible au plus fort et cela parce que leur égoïsme y trouve son compte. Le fait que l'enfant leur a été confié ne donne pas aux parents le droit de le tyranniser ni d'exiger qu'il se soumette à des lois faites surtout pour leur plaisir ou leurs aises. On ne doit demander de l'enfant que ce qui contribue réellement à son bien. Comme ses aînés l'enfant a des droits qui doivent être respectés et ce sont souvent les parents qui l'excitent à l'insubordination en lui défendant constamment certains amusements innocents et cela uniquement parce que ces amusements les dérangent. Ainsi entravé à tout propos l'enfant ne tarde pas à sentir l'injustice de ces défenses. Il cherche alors à les éluder et s'accoutume à considérer l'autorité de ses parents comme une pure tyrannie.
Il est de toute importance de cultiver l'obéissance déjà chez le tout jeune enfant. C'est le moment le plus favorable de toute la vie; l'esprit encore malléable subit aisément la bonne influence. A partir du moment où l'enfant est en âge de comprendre la parole, son obéissance dépendra beaucoup de la forme sous laquelle l'ordre sera donné. On évitera autant que possible le ton du commandement. Quand les parents disent: "je désire que tu fasses ceci ou cela; fais-moi ce plaisir," un voeu ainsi formulé doit suffire pour obtenir l'obéissance. Cependant si le ton impératif est nécessaire, montrez par votre accent que vous avez confiance en votre enfant et que vous comptez qu'il vous obéira. Un ton hésitant, timide, est pour l'enfant comme une tentation de désobéir; car il en conclut sans peine que vous ne comptez pas sur sa docilité ou que vous n'y tenez pas. Un ton de voix tranquille, égal, agréable obtiendra toujours un meilleur résultat que des ordres donnés rapidement et d'un air irrité.
Ne donnez pas beaucoup d'ordres à la fois. Les enfants sont vites embrouillés par les recommandations très nombreuses. Ne donnez en fait d'ordres que ceux dont vous êtes en mesure d'exiger l'exécution. Mieux vaut ne rien demander que de vous exposer à voir un ordre bravé ouvertement. Mais rappelez-vous que votre enfant est encore peu développé tant moralement que physiquement; proportionnez donc vos exigences à son pouvoir d'exécution.
Il est important aussi de montrer aux enfants que nous sommes soumis à notre tour aux lois de Dieu et à celles de notre pays, car ils risquent de croire qu'il suffit d'avoir atteint un certain âge ou un certain degré de force pour être son propre maître. Un père disait à son petit garçon qui hésitait à obéir: "Voyons, que dois-tu faire, ta volonté ou la mienne ?" "La tienne," répondit l'enfant à regret; puis il ajouta: "Mais alors, toi papa, à qui dois-tu obéir ?" " A Dieu," répondit le père et il essaya de lui faire comprendre que cette obéissance envers un être plus sage et meilleur que lui, était un grand privilège.
Si certaines choses défendues provoquent particulièrement la désobéissance chez votre enfant, au lieu de le laisser désobéir puis de le punir, efforcez-vous de le distraire en occupant son attention de quelqu'autre sujet qui ne l'expose pas à la tentation. Vous l'aiderez ainsi à éviter les causes de chute et à se fortifier contre les tentations à venir. Quand vous verrez que l'obéissance lui aura coûté un effort, encouragez-le en lui en témoignant votre satisfaction; cela aussi lui aidera pour une autre fois. Et quand vous êtes forcés de lui refuser quelque chose, faites-le avec affection et sympathie. Cela lui fera accepter le refus et il comprendra que c'est pour son bien que vous avez dit "non" et que vous partagez son désappointement.
Il faut rendre l'obéissance le moins pénible possible. Par exemple si vous êtes obligés d'interrompre le jeu favori de votre enfant, dites-lui qu'il pourra le reprendre un peu plus tard.
Les défauts se fortifient par la pratique tout comme les qualités. Evitez donc toutes les occasions où ils peuvent se montrer. Si vous avez à faire à un caractère volontaire, plus vous éveillerez son entêtement, plus ce défaut augmentera.
Quand l'enfant n'a pas appris l'obéissance dès ses premières années, les difficultés à surmonter pour la lui enseigner à 8 ou 10 ans exigeront beaucoup de patience, de tact, de persévérance de la part des parents. En général quand l'enfant est volontaire, on obtient un meilleur résultat en cultivant plutôt le côté positif que le côté négatif de son caractère. Commencez par exiger des choses auxquelles il se soumette facilement et que vos défenses ne portent que sur des points où l'obéissance lui coûte peu.
Pendant la première période de sa vie l'enfant doit obéir non parce qu'il comprend et approuve la raison de l'ordre donné mais parce que c'est la volonté de ses parents. Leur jugement supérieur et leur expérience doivent décider pour lui jusqu'à ce qu'il soit en âge de résister au mal et de choisir le bien.
Si l'on accoutume le petit enfant à obéir ainsi, sa volonté soumise à une autorité plus forte, lui aidera plus tard à se maîtriser lui-même. A mesure que son intelligence se développera, après qu'il aura appris à obéir et non avant, on pourra lui expliquer le "pourquoi" des ordres donnés.
A un certain âge les préférences de l'enfant doivent être prises en considération et ses goûts consultés, si possible, afin qu'il apprenne à se déterminer par lui-même.
Le but de toute éducation bien comprise doit toujours être de mettre l'enfant en état de se gouverner lui-même, d'écouter la voie intérieure et de lui obéir.
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