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Comment intéresser nos enfants à la Mission ?
Il serait intéressant de pouvoir se rendre compte d'une part combien de missionnaires ou d'amis des missions doivent à leur éducation familiale leur vocation ou leur amour pour les missions, et d'autre part combien d'adultes en ont été éloignés par une éducation mal comprise.
Nous sentons l'importance du sujet, nous savons combien il est facile que «mission» et «ennui» deviennent deux termes tristement synonymes; mais nous savons aussi combien, la mission peut être inspiratrice de dévouement et génératrice d'enthousiasme fécond. Comment nous y prendre pour éviter les écueils, quelle est la meilleure méthode pour atteindre le but que nous poursuivons : faire de chaque chrétien un ami des missions éclairé, intelligent et dévoué ?
Les Anglo-Saxons nous ont devancés dans ce domaine et leur littérature missionnaire pour les enfants et les adolescents est remarquable. Les suivrons-nous pas à pas et commencerons-nous l'éducation missionnaire méthodique de nos enfants dès l'âge de 2 ans?
A quelque âge que nous commençions il est une question qu'il faudra préalablement résoudre : intéresserons-nous nos enfants à la mission ou à une société de mission.
Tout en reconnaissant que les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients, il me semble qu'il vaut mieux intéresser l'enfant tout d'abord à l'idée missionnaire, l'habituer dès le début à voir dans la mission une entreprise universelle et une, plutôt que l'entreprise spéciale d'une société locale.
Mais alors nous nous heurtons à un réel obstacle: donner à l'enfant cette vision-là de la mission, c'est l'astreindre (et s'astreindre !) à une véritable étude. Eh ! oui, et c'est pourquoi nous avons parlé d'éducation méthodique. Ne procédons pas par récits fragmentaires et isolés, donnons à l'enfant la joie de découvrir par lui-même pourquoi il vaut la peine de sacrifier sa vie pour porter l'Evangile à un peuple, ce qui dans cet Evangile répond à la mentalité de tel peuple ou de tel autre ; en quoi un Africain apportera au patrimoine spirituel de l'humanité chrétienne quelque chose de différent d'un Japonais etc. Dirons-nous que les documents nous manquent? Si nous ne pouvons pas bénéficier des manuels de langue anglaise pourquoi ne pas profiter des remarquables publications éditées soit par le Comité des cercles d'étude missionnaire soit par la Société des missions évangéliques de Paris.
Une telle étude poursuivie avec nos enfants et quelques-uns de leurs amis, non pas pendant des mois mais pendant 5 ou 6 semaines tout au plus, intéresserait passionnément notre petit groupe, surtout si nous savons n'en pas faire une leçon ajoutée aux autres, mais un entretien, la recherche en commun de la réponse à faire à une question nettement posée. Et si l'expérience réussit pourquoi ne pas demander aux comités sus-mentionnés de nous donner de nouveaux albums ? L'emploi de cette méthode a un autre avantage: il dissocie complètement l'idée de mission de l'idée de collecte. N'est-il pas navrant que si souvent la mission ne soit représentée que comme une éternelle quémandeuse, toujours à court de fonds et trouvant chaque année un nouveau moyen de vous soutirer les quelques sous que vous possédez. Hélas ! que nos sociétés de missions ploient sous le poids de lourds déficits, nous ne le savons que trop ! mais la libéralité envers elles doit être un résultat de vif intérêt et non un moyen commode de se débarrasser d'un ennui. Lorsque nos enfants auront découvert eux-mêmes l'utilité, la raison d'être de la mission, ils sauront mettre la main à leur poche ou chercher leur tirelire, n'en doutons pas.
S'il nous est impossible de travailler ainsi avec eux, utilisons au moins les biographies des missionnaires, mais utilisons-les sans arrière-pensée moralisante. A une époque où la soif d'aventures est si forte, où vous entendez si souvent cette phrase « tel livre est bien parce qu'il y a des crimes dedans », pourquoi ne pas se servir de ce besoin et ne pas montrer à l'enfant que s'il y a des cas sensationnels dans lesquels la vie est prise, il y en a d'autres splendides dans lesquels elle est donnée ? Livingstone, Coillard, Eben Avo, Pennell, Jackson, Mary Slessor et combien d'autres biographies pourraient être utilisées ! Montrer une belle vie… et la laisser agir par elle-même sans signaler nous-mêmes tous les nobles exemples et les beaux sacrifices. Ayons confiance dans nos enfants, ils sont bien assez perspicaces pour distinguer le vrai du plaqué, le réel du toc.
Puis une fois cette première connaissance, ou ce premier enthousiasme éveillé, nous pourrons alors leur faire connaître une société spéciale. Lorsqu'ils se sentiront solidaires de tous ceux qui à travers le monde cherchent à réaliser la prière de Jésus «Ton règne vienne», il sera bon de leur montrer comment tout près d'eux, des hommes qu'ils connaissent s'y sont pris pour réaliser cette même prière. Et là, très vite, interviendra la question d'argent. Habituerons-nous nos enfants à donner pour telle société, ou tel objet spécial? Les budgets de nos différentes sociétés se chiffrent toujours par plusieurs centaines de mille francs, sommes absolument incompréhensibles pour nos petits. En face de fortunes pareilles que représentent les quelques sous ou les quelques francs qu'ils peuvent épargner ? Il me semble qu'il vaudrait mieux avoir à leur proposer un but plus précis. Toutes nos sociétés pourraient nous indiquer soit une station, soit une école auxquelles nos enfants pourraient s'intéresser, soit un objet spécial qu'ils pourraient essayer d'acquérir. Prenons garde de ne pas concentrer leur libéralité sur un homme; car l'homme passera et leur libéralité doit durer, ou ils donneront à l'homme personnellement et non pas à la cause qu'il sert.
Peut-être toutes les mamans ont-elles un peu assez des ventes et des petits ouvrages (parfois si laids et inutiles, osons le dire) confectionnés avec peine par nos enfants, et qu'on achète par dévouement ! Voici, à titre d'exemple, deux tentatives faites par deux groupes de garçons de 8 à 10 ans et de 12 à 14 ans. Premier groupe : pendant sept semaines, à raison d'une heure par semaine on avait étudié le manuel de M. Junod sur l'Afrique; à chaque séance, une période de 20 minutes avait été consacrée à l'érection du village indigène (découpages accompagnant l’album) ; lors de la vente annuelle pour la mission, les garçonnets obtiennent une table pour eux, l'entourent de paravents, en ne ménageant qu'une seule entrée et disposent avec goût, huttes et personnages de carton. Par escouades de deux, se relayant toutes les demi-heures, les enfants sont prêts à donner aux visiteurs toutes les explications nécessaires ; l'entrée est fixée à 25 cts ! C'est un plaisir de voir l'entrain que mettent ces petits à montrer, expliquer et commenter leur modeste exposition ! et il faut entendre avec quelle fierté ils remettent leur recette au trésorier de la vente : « M'sieur, on a gagné 25 frs ! »
Second groupe : l'étude s'est poursuivie pendant quelques hivers ; le groupe forme maintenant une équipe ayant l'habitude de la collaboration ; quelques membres, plein d'initiative, mènent la troupe. A la dernière séance l'un d'eux soulève la question: « Oui, mais pour tout ça, il leur faut de l'argent aux missionnaires ; comment est-ce qu'on pourrait leur en donner, on n'en a point ? » Silence général. «On pourrait faire une soirée». Aussitôt dit qu'organisé. L'Afrique ayant été le sujet des études de l'hiver, on décida de préparer une séance de projections lumineuses sur l'Afrique, séance agrémentée de musique. Et voilà le groupe en ébullition. Un des garçons s'occupe de louer une salle (150 places), un autre emprunte une lanterne, le troisième va voir l'agent de la mission pour lui emprunter ses clichés, pendant que les musiciens choisissent leurs morceaux et les répètent avec entrain. Le chef de groupe n'a plus qu'à coordonner, à s'assurer que tout soit fait à temps, et à empêcher quelques froissements entre les organisateurs ! Résultat : presque pas de dépenses préalables, salle comble, projections admirablement expliquées par les garçons eux-mêmes et 300 frs de bénéfice. L'effort fourni par ces garçons fut très réel et prolongé ; il avait pris sa source dans une compréhension très juste et de leurs propres privilèges et de la grandeur de la tâche à accomplir.
D'autres expériences ont sans doute été faites ailleurs. Cette question ne pourrait-elle pas être abordée dans les réunions de mères ? Nous souhaitons que de nombreux essais soient faits l'hiver prochain. Nous ne voudrions pas priver, volontairement, nos enfants de tout l'élan spirituel que peut leur apporter une compréhension réelle de l'Å“uvre de la mission.
Liste de publications : Editions du Comité des Cercles d'étude missionnaire: Causeries sur l'Afrique (accompagnées de découpages) ; Causeries sur le Japon (accompagnées de découpages). En vente à La Concorde à Lausanne au prix de 1 fr. 50. Editions de la Société des missions évangéliques de Paris: Histoires d'Afrique et Pionniers missionnaires en Afrique ; en vente au bureau de la mission Taconnerie, 3, Genève, au prix de 1 fr. et 1 fr. 50.
Nous pouvons procurer ces volumes ou les prêter aux personnes qui voudraient en prendre connaissance avant de les acheter. (Réd.)
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