Entretiens sur l'éducation : historique du journal

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L'éducation de la paix dans la famille

Extraits

De quelle nature sera l'oeuvre de désarmement moral que des parents désireux d'élever dignement leurs enfants essaieront d'accomplir au sein du cercle familial ? Cette éducation de la paix ne sera pas un chapitre qu'on abordera à un certain âge, ou bien à une certaine heure de la journée, spécialement réservée.
Pour être efficace, elle devra inspirer toute la vie familiale, en ses moindres détails; elle sera un esprit qui pénètre, qui entraîne. Elle deviendra une atmosphère que l'enfant respirera et qui le nourrira.
Le désarmement moral, l'éducation de la paix ne sont pas des facteurs extérieurs, ils sont d'essence spirituelle et morale. Si nous avons la certitude que le monde est au bord de l'abîme, parce qu'il s'est trop attaché aux soins matériels et aux satisfactions égoïstes et que seules les réalités spirituelles peuvent le sauver nous voudrons que l'âme précieuse de nos enfants soit imprégnée de ces vérités spirituelles, fondement indispensable du désarmement moral et qui se résument si bien dans le suprême commandement du Maître :Â« Tu aimeras ton prochain comme toi-même Â».
Le petit enfant a d'instinct une confiance absolue en son père. Il croit en l'amour paternel. Pour lui enseigner la fraternité des hommes, il ne sera que de lui révéler l'amour du Père céleste. C'est le privilège des chrétiens d'avoir la voie tracée par le Fils de l'homme.
Dieu notre Père, les hommes nos frères. Comme cela éclaire et simplifie tout, si nous savons vivre la fraternité, si, malgré nos faiblesses, nos enfants nous voient nous efforcer d'être conséquents avec notre enseignement.
C'est dans une telle atmosphère de solidarité, de fraternité, que le petit enfant doit vivre et se développer. Notre conviction est que c'est dans la famille que l'enfant se formera le mieux si nous savons y faire régner cette atmosphère. Il apprendra ces choses élémentaires, si élémentaires que les parents les oublient parfois, qui sont les pierres angulaires de toute éducation digne de ce nom, mais qui, de nos jours, semblent vouées à disparaître :
1. La politesse - dire bonjour chaque matin, dire bonsoir chaque soir - accueillir poliment tout étranger, être doublement poli avec les domestiques; la politesse, pour être vraie, doit être l'expression de la sincérité, de la bonté, de la modestie, et non pas une sorte de vêtement d'apparat que l'on dépose dès qu'on ne se sent pas observé.
2. La gentillesse envers les camarades - savoir prêter son jouet, savoir offrir un gâteau avant de se servir soi-même.
3. La bonté ! - Si notre vie était toute imprégnée de bonté, comme le monde serait différent de ce qu'il est ! Â«… ÃŠtre bon, c'est ouvrir son coeur. Il y faut de la bienveillance, de la sympathie, de l'amitié, un attendrissement ému, une grande douceur d'âme. Il y faut encore un certain oubli de soi, un effort averti, vigilant pour s'intéresser au sort des autres. Et ce sont précisément toutes ces qualités qui font le prix de la bonté vraie, agissante, active et infatigable.
Donner de son temps, de sa peine ; prendre sa part des ennuis, des soucis, des chagrins d'autrui ; s'efforcer de les apaiser, chercher et trouver les mille petits riens qui font plaisir; faire tout cela sans bruit, discrètement : c'est être bon.
Dans la rue, ramasser une pelure d'orange, de pomme sur laquelle on pourrait glisser et se faire mal ; - pousser derrière une voiture trop chargée, dans la côte qui grimpe dur ; - rapporter les provisions d'un voisin que son travail presse, d'une voisine malade ; - aller prendre des nouvelles d'un camarade, lui consacrer un moment de votre jeudi ; - ne pas dévisager avec insistance un infirme ; - enlever une pierre posée sur le rail d'un tramway ; mettre quelqu'un sur le bon chemin.
A la maison, mettre le couvert sans qu'on vous le dise; - en cachette remplir d'eau le seau, afin de faire à votre maman une bonne surprise ;- prendre des précautions pour ne pas salir la pièce qu'on vient de nettoyer; apporter ses chaussons au père qui rentre de son travail ; - supporter patiemment les taquineries du petit frère ou de la petite soeur,..Â» (Max Hébert.)
La politesse, la gentillesse, l'oubli de soi, la bonté sont des manifestations de l'amour, de la fraternité, elles répondent à l'instinct naturel de solidarité. Le petit enfant bien orienté, se pliera facilement à cet enseignement, à condition que nous lui donnions l'exemple avec bonne grâce, avec entrain et avec persévérance.

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