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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Lettre ouverte aux lectrices de ce journal

Genève, Avril 1934.
Ne forçons point notre talent. Nous ne ferions rien avec grâce
, a dit le bon La Fontaine.

En langage du XXe siècle, nous dirons, nous autres femmes :
Ne cherchons pas à copier les hommes, nous n'arriverons qu'à les caricaturer.
Mais cherchons plutôt à connaître notre talent à nous, et alors nous ferons toutes choses « avec grâce ». Notre talent à nous, notre originalité, notre royauté qui défie toute concurrence masculine c'est notre sens maternel.
En respectant ce sens maternel, non-seulement nous garderons « la grâce » mais nous remplirons le plus urgent des devoirs féminins, le devoir maternel.
Sans doute, vous n'êtes pas toutes mariées. Peut-être, plusieurs d'entre vous sont-elles obligées de se préparer à une carrière lucrative.
Il n'en est pas moins vrai que le devoir maternel est le même pour toutes.
Je veux dire ceci : que vous soyez ouvrière, employée, médecin, artiste, garde-malade, etc., c'est la préoccupation de l'enfant et de son éducation, c'est-à-dire de la génération qui demain aura à porter les responsabilités humaines, qui doit être au premier plan de vos pensées, de votre coeur et de votre conscience
Dieu a accordé à la femme des dons spéciaux pour remplir sa mission maternelle.
Elle est observatrice du détail, alors que l'homme voit les grandes lignes. Or, tout détail est révélateur dans la conduite de l'enfant. Il faut donc voir ce détail, et il est nécessaire de le connaître pour diriger l'enfant.
La femme est intuitive, alors que l'homme raisonne. Elle sent, elle devine un état d'âme, et elle y répond spontanément.
Elle s'intéresse aux personnes - donc à l'enfant - plus qu'aux abstractions. Cela lui est naturel.
Elle est attirée par les faibles, les petits, les malheureux, et elle est capable pour eux d'un dévouement infini.
A ces dons, un devoir précis correspond pour la femme mariée:
L'éducation de ses enfants - devoir parallèle au devoir conjugal avec lequel il doit être équilibré cela va sans dire - mais devoir si pressant, si urgent à mon sens que tout plaisir mondain : sport, bridge, théâtre, cinéma, etc., devra lui être subordonné.
Quand je dis éducation des enfants, je pense :
1. A la formation de leur conscience, c'est-à-dire à leur respect strict de la Vérité sous toutes ses formes : véracité, droiture de conduite, mépris du bluff, de la vanité, etc.
Donnez-leur l'exemple constant de la Vérité.
2. A la formation de leur cÅ“ur. L'enfant est naturellement égoïste, puisqu'il est de la race d'Adam. Dirigez sa pensée sur les autres, sur d'autres enfants tout d'abord. Faites-le agir pour eux; aidez-lui à leur sacrifier quelque chose.
Donnez-lui l'exemple constant de la Bonté.
3. A la formation de son esprit d'obéissance. L'obéissance est facile à obtenir par des punitions ou des récompenses, par des «claques» ou du chocolat ; ces moyens-là sont à la portée de tous et de toutes, et on croit que l'on a fort bien réussi en éducation quand, par ces moyens, on a obtenu l'obéissance. En réalité, on a fait de son enfant un esclave ou un révolté. Pour faire de lui un être libre, c'est l'esprit d'obéissance qu'il s'agit de former en lui. ll faut qu'il arrive à vouloir obéir. Insufflez-lui cette magnifique ambition.
Pour y réussir, ici encore et surtout, il faut donner à l'enfant l'exemple constant d'obéissance à une Loi qui vous dépasse, à Dieu lui-même.

4. Il faut donc faire connaître Dieu à l'enfant.
Comment s'y prendre? Comment commencer?
Faites-lui voir l'immensité de la voûte étoilée pour lui faire sentir la grandeur divine ; et faites-lui écouter la petite voix de sa conscience, cette voix mystérieuse qui lui dit ce qui est bien, et ce qui est mal.
Dites-lui que mentir, être égoïste, désobéir; c'est pécher contre Dieu. - Et le soir, lorsque tout est tranquille dans la maison, approchez-vous de son lit, joignez ses petites mains, et apprenez-lui à prier.

Vous toutes, Mesdames et Mesdemoiselles, vous rencontrerez des enfants sur votre chemin. Si ce n'est pas chez vous, ce sera chez des parents, des amis, ce sera dans l'exercice de votre profession. Partout vous serez, en quelque mesure, responsables. Partout vous aurez l'occasion, non seulement d'aimer ces enfants, mais, par votre attitude, par votre regard, votre geste, votre parole ou votre silence, vous aurez l'occasion d'aider à la formation de leur conscience et de leur coeur.
Que cette attitude soit telle que la génération qui monte dépasse la génération actuelle, pour le vrai bonheur de notre patrie et pour l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre.
C'est là le voeu que je forme pour chacune des lectrices de ce journal.









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