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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURSouvenirs d'enfance J'ai eu le grand bonheur d'avoir des parents qui surveillaient mon enfance sans que je m'en aperçoive trop!… On ne m'a pas appliqué le système d'une instruction précoce où, dès que l'esprit s'éveille, il est occupé à se remplir de savoir livresque. On s'est contenté de me tenir l'esprit en éveil en répondant à mes questions, en me mettant en présence de choses intéressantes. Naturellement curieux et observateur, j'ai eu le temps de regarder autour de moi… J'ai été un enfant de plein air; j'ai eu, dans le gracieux cadre d'un village, au milieu de cultivateurs bienveillants et de braves bûcherons, la saine et heureuse liberté de courir et d'observer… Mon enfance a laissé une telle trace dans mon souvenir que, non seulement je m'y reporte avec bonheur, mais que j'y trouve une mine inépuisable d'impressions saines, fraiches, et comme une source d'éternelle jeunesse. Quand je veux vivre de la vie profonde, je retourne à mon âme d'enfant et je regarde les hommes et les choses, les fleuves, les oiseaux, le ciel et la terre, avec mes yeux d'enfants. Je ne donnerais pas ces purs souvenir, cette sérénité, cette familiarité où l'on se sent frère des fourmis qui courent sous l'herbe et des rayons de soleil qui dorment sur les prairies,§pour toutes les richesses de l'univers. Car elles sont la richesse première, la vraie fondation sur laquelle se bâtit la fortune d'une vie… Aussi vais-je répétant à mes contemporains : Si vous aimez les enfants, laissez-les vivre. Laissez les jeunes être de vrais enfants ; laissez-leur le temps de penser et d'observer par eux-mêmes afin qu'ils trouvent le suc nourricier et puissant que Dieu a mis dans les choses vraies, simples, authentiques. Et, s'il se peut, mettez-les aussi longtemps que possible en contact avec la nature, les montagnes, les fleurs, les prairies, les bois. Les petites rivières et les feuilles qui babillent aux branches dans les bois mystérieux ont à raconter aux enfants des hommes des choses qui sont bonnes et douces à entendre, qui éveillent au fond de nous cette divine endormie qu'on appelle l'âme, des choses qu'aucune voix de pédagogue, aucun livre, aucun artiste, aucun éducateur religieux ou profane ne leur dira jamais. J'ai germé et poussé tout le long de l'enfance et de la jeunesse dans l'humanité indivise. Personne ne m'a enseigné à me garer ou à me méfier d'un autre, enfant ou homme, parce qu'il faisait partie d'un autre groupe religieux ou d'un milieu social ou politique différent… Dans mon petit village d'Alsace, il n'y avait qu'une église dont se partageaient la jouissance catholiques et protestants. Alternativement, les fidèles de l'une ou de l'autre confession en avaient la disposition, et de cette communauté des temples où ils allaient prier étaient nées des relations étroites qu'une estime mutuelle avait fortifiées. Mon père, pasteur, était lié par une vive amitié au curé, qui s'appelait Rothan. Bien souvent mon père allait rendre visite à son vieil ami le curé à qui il offrait les plus belles fleurs de son jardin et qui me faisait sauter sur ses genoux, et, bien souvent aussi, le curé venait voir son ami le pasteur et lui apportait du miel de ses abeilles. Voilà comment j'ai appris, dès mon enfance, à estimer et à aimer des hommes qui pensaient autrement que moi. |
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