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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Je veux d'un mélange singulier : grande sévérité dans les principes et beaucoup de liberté dans les actions.
Mme DE BROGLIE.

Ce n'est pas en quelques lignes qu'il est possible d'exposer les réactions de nos pauvres coeurs maternels devant le troublant problème de l'adolescence de nos enfants. Et si je parle de trouble je pense à eux plus encore qu'à nous. Ils sortent de l'âge ingrat et sont là, au seuil de la vie, étonnés et curieux. Etonnés par tout ce qu'ils portent en eux de sensations nouvelles; curieux, parce qu'ils arrivent à l'âge d'homme et qu'ils en attendent la révélation de tous les mystères confusément sentis ou mal expliqués. Et nous, impuissantes, nous les voyons, ces petits d'hier, s'approcher de l'arbre du jardin d'Eden, l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Les fruits qu'ils convoitent, nous savons qu'il en est d'empoisonnés et notre premier mouvement est de recul : qu'ils n'y touchent pas encore.
Mais dans le fond de notre coeur, nous sentons aussi que nous ne pouvons pas les empêcher d'y goûter tôt ou tard, qu'il faudra qu'ils y mordent, que la vie est là, tentante à leurs yeux, bien que menaçante aux nôtres, et qu'ils doivent la vivre. Ces livres qu'ils lisent, ces amitiés qui nous paraissent dangereuses, les idées fausses, les opinions subversives, comment les recevoir ? Il me semble que seule une attitude absolument compréhensive a des chances de succès, que c'est seulement si nous les accueillons sans élever d'emblée des critiques que nous pouvons espérer conserver la confiance de nos enfants.
Laissons-les déballer tout ce méli-mélo d'idées qu'ils croient nouvelles, de grandes théories, de résolutions impérieuses. Nous en pouvons tirer un parti très utile.
Les livres ! Que de discussions passionnantes n'ont ils pas suscitées entre nos enfants et nous. Grâce à ces précieux livres, nous pouvons aborder une quantité de sujets troublants, de situations équivoques, en parler avec eux, d'une façon tout à fait impersonnelle, donner notre opinion, redresser leur jugement. C'est l'occasion de leur montrer combien ces vies qu'ils admirent, dans tel roman ou telle biographie, les existences qu'ils croient affranchies, sont, au contraire, soumises à de réels esclavages : esclavage des sens, esclavage d'un milieu, esclavage d'un parti politique, etc. Mais tout cela doit naître peu à peu, tout en causant, sans pédanterie, sans marque d'autorité, en écoutant avec sympathie les jeunes gens qui discutent, en marquant éventuellement notre opposition, sans violence, en maintenant fermement les principes fondamentaux que nous devons défendre.
Je lisais dernièrement ce mot d'un éducateur : « Jeter l'ancre et laisser flotter ». Il faut que notre bateau suive à la surface les courants contraires qui l'entraînent du nord au sud, de l'est à l'ouest; qu'il se prête à ce mouvement d'idées constant des êtres jeunes et pleins de vie, mais qu'au moment où il risquerait d'être entraîné trop loin, la chaîne solide qui le rattache à l'ancre lui donne la secousse nécessaire pour lui rappeler le point ferme dont il ne faut pas trop s'éloigner.
Ce que nous devrions donner à nos enfants, c'est le sentiment que nous ne cherchons plus à les mener, que nous sommes mêmes prêts à les suivre, qu'ils ont devant eux des interlocuteurs qui prennent au sérieux leurs idées et en pèsent la valeur sans partipris. Peut-être arriverons-nous ainsi, non pas toujours à les convaincre, du moins à les faire réfléchir. Mais pour arriver à avoir avec nos enfants, ces échanges pleins de confiance réciproque, il faut des circonstances spéciales.Trop souvent n'avons-nous pas pris assez tôt l'habitude de parler à coeur ouvert les uns devant les autres, partager nos intérêts intellectuels, par exemple.
Si vous n'avez pas frémi avec votre enfant de six ans en lisant les aventures de Tommy l'Eléphant et de l'ours Bobby ; si, lors de ses dix ans, vous n'avez pas volé avec lui par dessus les lacs et les plaines de Suède sur les ailes du jars de Nils Holgerson, si vous n'avez pas suivi avec ferveur les traces de Kim et de son lama le long des routes poussiéreuses de l'Inde, ce n'est pas à dix-huit ans que votre enfant vous parlera de ses lectures et vous laissera deviner les réactions qu'elles provoquent en lui. Il s'enfermera au contraire, toujours plus dans la vie secrète. Et, désolée, vous resterez au dehors, impuissante.
En résumé donc, soyons nous-même, avec nos principes, notre manière de voir, mais qu'ils ne dessèchent pas en nous les facultés de compréhension, qu'ils soient assez souples pour s'adapter à des circonstances différentes. Et si nous échouons dans notre désir d'aider nos enfants, laissons la place à la grande éducatrice qui, inlassablement, de notre naissance à notre mort, augmente notre expérience: la vie. Elle leur donnera des leçons parfois amères, mais souvent préparera notre revanche, le retour à sa mère, de l'enfant, qui a voulu voler de ses propres ailes, et retrouve avec bonheur la chaude protection du foyer.









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