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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La mère idéale

Connaissez-vous ce tableau du peintre Hermann Kaulbach où l'on voit un bel enfant tout potelé plongé dans le plus doux, dans le plus profond des sommeils ? Une de ses petites mains repose sur sa poitrine, confiante et abandonnée. Penchée sur lui, sa mère, dont le visage est baigné de larmes, et qui baise passionnément l'autre petite main. Cette mère est la Vierge, elle défaille d'angoisse bien que son petit repose si tranquillement, car elle sait qu'un jour, par lui, à travers lui, une épée lui transpercera le coeur.
Pendant longtemps j'ai voulu avoir ce tableau sous les yeux pour le contempler chaque jour. Je sentais dans mon âme un tel écho à cette poignante douleur ! Moi aussi j'étais mère, et Dieu m'avait redemandé mon premier-né quelques mois après sa naissance ! Et toutes les mères d'ailleurs n'ont-elles pas devant elles un infini de tourments et d'angoisses !
Et puis, une vision nouvelle s'est levée dans mon coeur. Savez-vous quelle est l'image qui se dresse maintenant devant moi ?
Je vois une mère debout, à ses côtés son compagnon fidèle dont la main laborieuse a quitté pour un instant l'instrument de travail et repose sur son épaule. De son bras droit elle entoure les enfants qui se pressent contre elle. Son visage, tourné vers une clarté lointaine, est empreint d'une vaillance ardente et sereine, son regard profond est comme illuminé, car elle voit - elle voit - ce que son bras libre montre à ses petits, elle voit, dans cette clarté lointaine, apparaître le visage du Père ; c'est vers Lui qu'elle tourne son regard et celui des siens, car c'est à Lui qu'elle les confie. N'a-t-elle pas compris qu'Il les aime encore mieux qu'elle-même, qu'Il en fait « son affaire » puisqu'ils sont ses enfants, et qu'elle doit laisser la confiance totale, absolue, recouvrir et submerger toutes ses craintes et tous ses doutes. Cette mère ne pose plus sur ses enfants un regard anxieux, à quoi bon ! Car elle sait qu'un amour autrement tendre et sage que le sien veille sur eux, nuit et jour; elle ne se tourmente plus sur leur avenir, elle ne pèse plus leurs possibilités, leurs capacités - elle leur montre simplement le Père, et celui qui les y conduit, Jésus-Christ.
Et cela suffit à tout.
Je ne sais si ce tableau existe ; en tous cas il vit en moi, en ébauche et en espérance.

- Mère idéale, quel doit être mon rôle auprès d'un berceau, dis-le moi :
- Auprès d'un berceau, sois avant tout douce et paisible. Enveloppe ton petit d'amour et de tranquillité.
Il me souvient d'une mère qui parlait toujours à voix basse à son petit bébé : « Il entendra assez de bruit dans sa vie pour que je ne le fatigue pas déjà par l'éclat de ma voix », m'expliqua-t-elle.
Laisse la nature lui parler seul à seul par la fenêtre ouverte, si c'est le printemps qui fleurit, laisse la lumière l'inonder de toute part et l'air pur le caresser: et toi, efface-toi, tiens-toi à l'écart, sauf aux moments heureux où tu devras le soigner et le nourrir.
Quand il aura grandi, alors tu entreras en scène, car il aura besoin de toi pour ouvrir ses ailes, et toute ta sollicitude et toute ta fierté de mère ne seront pas de trop pour lui donner confiance.
Et puis, bien vite il commencera ses petites expériences, ses entreprises pleines d'imprévu. Dès ce moment, arme-toi, et pour longtemps, d'une immense d'une inépuisable indulgence…
- C'est vrai : Si je retourne en arrière à mes souvenirs d'enfance, je réalise que la poussée du bon grain semé par mes parents s'est toujours faite en moi quand leur patience et leur tendresse expliquaient, excusaient et pardonnaient une faute. C'était ce grand souffle tiède de l'indulgence qui faisait éclater le germe resté sec jusqu'alors, car mon coeur se fondait et s'épanouissait au soleil de leur amour.
- La grande affaire sera d'être indulgente sans faiblesse. Tu diras à ton enfant :« Je comprendrai tout, j'accepterai tout, à condition que tu restes droit et loyal devant Dieu et devant mot. Si tu n'as jamais peur de me regarder en face, alors tout va bien », et tant pis pour les habits salis ou déchirés, les objets cassés, et même les mauvaises notes à l'école, par-ci par-là. N'est-ce pas moins grave que nos fautes de grandes personnes, qui si souvent blessent le coeur des gens et sèment la rancune ou l'envie ?
Tu apprendras donc à ton enfant, par dessus tout autre chose, à être toujours lui-même, bien droit et sincère, face au soleil, prêt à se charger de la responsabilité de ses actes, bons et Mauvais. Tu développeras donc son courage avec sa loyauté,
le courage de dire toujours la vérité,
le courage de se plier à tout effort qui lui sera demandé,
le courage d'être maître de lui,
le courage de supporter la souffrance quand elle viendra,
le courage d'être bon et secourable, même s'il lui en coûte un sacrifice,
et tu lui diras d'être comme le chevalier Bayard, qui ne craignait qu'une chose, c'était de faire le mal.
Tu lui montreras aussi quelles sont les merveilleuses possibilités que renferme la personnalité que Dieu lui a donné à cultiver, comme un beau jardin. Il a reçu le terrain, les graines, et Dieu se charge encore du soleil et de la pluie, à lui de labourer, de semer, d'enlever les mauvaises herbes, de veiller sur les jeunes pousses - afin que, plus tard, quand Dieu l'appellera auprès de Lui, il puisse Lui offrir une belle gerbe fleurie.
A chacun de nous il sera demandé un produit de son jardin, rien de plus, rien de moins.
Ton enfant comprendra bien vite cela et son regard se fera grave et profond pour contempler son trésor intérieur.
Naturellement tu comprendras aussi que la joie et l'exubérance de vie doivent être non seulement tolérées mais encouragées par toi, car elles sont la manifestation normale de l'élan magnifique qui fera de ton enfant une femme, un homme accomplis.
Pour t'aider dans ton entreprise si difficile de mère, tu auras pour toi ce ressort puissant qu'on appelle… les illusions ! toutes les illusions des mères !
Oh ! vous qui n'en êtes pas, ne riez pas à ce mot, et que vos moqueries ne fassent pas oeuvre impie en ébranlant notre assurance.
Ne comprenez-vous pas que ces illusions, que vous tournez en risée, sont, bien plus que des erreurs et des faiblesses, ce don de seconde vue que Dieu nous a donné pour que nous contemplions en avance, dans nos enfants, tout ce qu'ils possèdent virtuellement en eux. Ce sont ces illusions qui nous permettent de croire et d'espérer toujours, envers et contre tout ; ce sont elles qui nous aident à relever le front et à nous remettre en marche après tel orage ou telle déception.
Ah ! le Père de l'enfant prodigue devait paraître « plein d'illusions » à ceux qui le voyaient s'avancer chaque soir sur le chemin par où devait revenir son fils. Et, en fin de compte, ce fut lui, le Visionnaire, qui eut raison, car ses illusions étaient de la Foi, et son optimisme, de l'Amour !
Mais, au fur et à mesure que grandira ton enfant, il faudra que tu apprennes une leçon nouvelle, et qui te coûtera peut-être. Après avoir d'abord beaucoup agi pour lui et auprès de lui, après lui avoir parlé souvent de la beauté de la vie et de son but suprême, tu devras t'effacer, comme auprès de son berceau, en apparence tout au moins. Car il s'agit maintenant que, selon l'humble et profonde parole du Précurseur, Il croisse et que je diminue. Il, c'est-à-dire l'Ineffable, Celui vers lequel tu as dirigé ton petit dès son enfance, comme tu as pu, à travers beaucoup de faiblesse et d'erreurs sans doute, mais avec une ferveur réparatrice. C'est avec Lui que tu désires que ton enfant entre en contact maintenant, sans intermédiaire, car tu sais que Lui seul peut donner à sa jeune vie sa signification complète, dans la possession de toutes ses facultés, que Lui seul peut faire épanouir superbement toutes les richesses déposées dans son sein et sur lesquelles Il compte d'ailleurs, comme le Maître des serviteurs de la parabole compte sur les talents qu'Il leur a confiés avant son départ.
Ton oeuvre à toi maintenant sera de créer autour de ton enfant l'atmosphère spirituelle qui favorisera sa rencontre avec Dieu. Celle-ci doit se faire dans le mystère de son âme, et tu n'en sauras peut-être jamais ni l'heure ni les circonstances. Peut-être apercevras-tu seulement une clarté nouvelle dans son regard, une joie plus grande répandue sur ses traits - et tu adoreras en silence.
Et puis tu devras l'aider, encore sans qu'il s'en doute, à incorporer dans la vie pratique de chaque jour les réalités spirituelles qui ont illuminé son âme. Il faut qu'elles deviennent le suc nourricier de son labeur quotidien et qu'elles élèvent et purifient ses rapports avec tout être humain, frères, parents, amis, camarades.
Et tu devras poursuivre la toute première dans ton âme ce travail constant de perfectionnement auquel tu invites ton enfant dans le secret de ton coeur; car tu devras être maintenant pour lui celle qui inspire silencieusement, parce qu'elle est elle-même inspirée.
Alors ton enfant ressentira auprès de toi un bien-être spirituel, une sécurité, une harmonie qui favoriseront l'épanouissement de son âme.
Et ce sera le chant magnifique de la confiance réciproque.
Tu la chantas à mi-voix, dès ton premier berceau, cette confiance, et elle te soutint et te guida comme un phare à travers tous les méandres du chemin. Mais maintenant elle éclate en accents tout nouveaux, parce qu'elle est comprise et partagée. Désormais ni les paroles, ni même la présence physique ne seront plus nécessaires pour que demeure ce contact intérieur, tout palpitant de vie, où continueront à s'élaborer ces échanges si féconds, dont tu reçus toi-même
des biens inestimables.









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