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Instruction - Education
L'incertitude au milieu de laquelle nous vivons est cause que beaucoup de parents croient que ce qu'il y a de mieux à faire pour leurs enfants est d'arriver le plus tôt possible à une situation sûre et lucrative. Que de mères se gonflent d'une sotte vanité quand elles peuvent confier à leurs bonnes amies :« que leur rejeton est dans une classe au-dessus de son âge, et qu'il est le plus jeune de ses camarades » !
Aucune erreur ne peut être plus meurtrière que celle-là. Depuis Rabelais et Montaigne, nos éducateurs ont enseigné que l'esprit de l'enfant est, non pas un réceptacle inerte dans lequel on peut déverser au hasard des connaissances toutes faites, mais une force vive qu'il s'agit de développer, d'enrichir, pour qu'elle reste toujours une fontaine jaillissante d'énergie et d'activité, apte à toutes les tâches et capable de résoudre tous les problèmes. Or, comme tout ce qui est vivant, cette force ne peut se développer qu'en agissant.
Une notion nouvelle n'est pas nécessairement un enrichissement ; elle est parfois tout le contraire.
Il faut en effet bien distinguer les connaissances mortes des connaissances vivantes.
Est morte toute notion qui ne conduit à rien, qui reste passive et inerte à la surface de la conscience où elle ne peut qu'opprimer et même écraser la personnalité. Est vivante, au contraire, toute notion qui peut conduire à une autre et solliciter l'effort vers quelque chose de nouveau et de plus élevé.
Ces principes permettent de concevoir des méthodes d'enseignement plus actives et plus fécondes que celles d'autrefois. « Ne pas enseigner, mais faire trouver, de façon à maintenir en activité constante tous les ressorts. » Tel semble être le principe dont doive s'inspirer la pédagogie active de l'avenir.
L'enfant goûtera dans sa plénitude la joie la plus intense que nous puissions éprouver, celle de découvrir. Entraîné par la force des choses, réconforté par les succès quotidiens, il apprendra la joie du labeur ordonné et gardera de cet apprentissage, qu'il ne faut à aucun prix écourter, une empreinte ineffaçable. On aura ainsi créé le « climat » normal qui lui convient en propre et qui rendra possible tous les progrès intellectuels et moraux.
Les principes exposés ici ne sont pas de simples vues de l'esprit. Je les ai appliqués moi-même à l'enseignement des langues vivantes : anglais et français. Je suis convaincu qu'ils peuvent être appliqués à d'autres disciplines.
Les résultats obtenus prouvent, en tout cas, que la voie indiquée est féconde et qu'on peut s'y engager hardiment.
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