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Confiance
Le beau temps des vacances n'est plus qu'un souvenir. Nos enfants ont repris leurs études, la vie de travail bat son plein. Les petits, sac au dos, vont à l'école, aux jardins d'enfants. Heureuses jeunes mères qui les tenez encore par la main
Moi, votre aînée, dont les grands ont déjà quitté la maison et poursuivent ailleurs leur tâche quotidienne, je jette un regard en arrière ; mon esprit me conduit sur la route déjà parcourue et m'interroge : « As-tu su donner à tes enfants « l'essentiel », emportent-ils avec eux dans leurs âmes la vision d'un foyer où l'on s'aime, où la joie de l'un est la joie de l'autre, où l'on s'oublie pour les autres, où le « moi n n'a pas la première place ? En un mot as-tu réussi à « élever » tes enfants?
Si réussir veut dire qu'ils soient devenus ce que je voulais qu'ils fussent, ce que ma tendresse - parfois aveugle - attendait d'eux, je crains alors de n'avoir pas réussi
Mais ma volonté était-elle toujours juste, toujours clairvoyante, toujours équitable ? N'ai-je pas voulu, et sans m'en douter peut-être, les former à mon image ?
Pourtant, si dès leur enfance, et malgré les influences contraires qui les guettaient à chaque détour du chemin, ils ont respiré à la maison une atmosphère de « confiance », je puis espérer que mes efforts n'auront pas été vains.
Il y a tant de diversité dans une famille. Le droit, la religion, la politique, tout y est sujet à discussion. L'un des enfants est très « à gauche », l'autre très « à droite », le père un concentré, la mère une enthousiaste, les uns ouvrent les fenêtres, les autres les ferment. Avec des tendances aussi diverses comment n'y aurait-il pas des heurts, des moments où le « la » sonne un peu trop haut ?
Mais cette diversité n'entame pas la confiance si cette confiance est faite de respect non seulement de nos enfants pour nous, mais de nous pour eux, ce que pères et mères, nous oublions peut-être trop souvent.
Confiance d'eux à nous, et de nous à eux. Faisons-leur crédit, ayons foi en eux. Pourquoi non seulement espérer le meilleur, mais y croire ? Si malgré tous nos déficits, nous avons pu les orienter vers un idéal de lumière et de pureté, croyons que le jour dissipera la nuit, que le bien sera vainqueur du mal. Et cela, malgré tel défaut de l'un d'eux qui nous choque particulièrement, telle tendance qui nous inquiète.
Si nous leur faisons confiance, nos enfants viendront à nous. Nous mettrons en commun nos craintes et nos espoirs, nous nous confierons les uns aux autres comme un ami à son ami. Et quand la confiance est réciproque, pourquoi nous inquiéter du reste ? Ne nous contentons pas de trop peu et ne nous résignons pas trop vite, notre idéal doit s'élever toujours pour nos aimés. Mais prions et sachons attendre.
Mère qui souffre de voir ton enfant si loin du but désiré pour lui et dont la foi vacille, pense à ta jeunesse, à la lenteur de tes progrès, à tes reculs. Ton âge mûr en est-il même exempt ? Gravis toujours le chemin qui monte et puis
espère et crois.
Comme il fait bon ce soir au coin du feu, dans la maison bien close, la flamme égaye tout ce qu'elle caresse.
La lampe doucement voilée jette sa lumière dans le foyer où l'on s'aime. Ce soir, on cause à bâtons rompus et par moments tous parlent à la fois. La jeune fille, un peu à la façon des fils de Zébédée, attribue les places dans le Paradis avec toute l'ardeur de son âge, puis s'adressant à sa mère : « D'abord, toi, tu auras la première ».
J'imagine les sentiments divers qui, à cette exclamation, ont agité le coeur de la mère se résumant dans celui ci : confusion. Mais au-dessus de cela et dans l'humilité, elle dut ressentir cette joie profonde de sentir complète vis-à-vis d'elle la confiance de son enfant.
Tout dans la nature progresse lentement. C'est d'abord la graine, puis une herbe, c'est ensuite un épi, puis enfin le blé tout formé dans l'épi.
Je voudrais que nous eussions pour nos enfants cette patience inlassable que Dieu a pour nous.
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